Des milliers d'étudiants dentistes et chirurgiens-dentistes libéraux dont plusieurs centaines en provenance de la Bretagne ont manifesté ce vendredi à Paris. Ils s'opposent à un plafonnement des tarifs de prothèses et réclament une réforme favorisant les soins conservateurs et de préventions.
Un mois après l'échec de leurs négociations avec l'Assurance Maladie, les dentistes se sont rassemblés dans une ambiance bon enfant place Vauban, non loin du ministère de la Santé dans le 7e arrondissement.
Au son des sifflets et d'une fanfare, les manifestants arboraient des pancartes proclamant "Marisolde vos dents" ou "Marisol Touraine nuit gravement à votre santé bucco-dentaire".
Parmi les milliers de professionnels en colère, des centaines de manifestants bretons ayant fermé leurs cabinets dentaires ainsi que des centaines d'étudiants en chirurgie dentaire en grève depuis huit semaines pour une revalorisation des soins de base.
"La santé des patients avant tout"
Dans cette délégation bretonne, Anne-Sophie, chirurgien-dentiste près de Rennes. "Engagée" dans ce bras de fer entamé par la profession contre la réforme envisagée par la ministre de la Santé Marisol Touraine, elle a répondu à l'appel à la grève et a fermé son cabinet, ne pouvant manquer cette occasion de rappeler "qu'elle est là, comme tous ses confrères, pour faire passer la santé de ses patients avant tout". Son credo : "Promouvoir les soins de prévention et les actes conservateurs pour éviter d'avoir recours aux prothèses".Pour Anne-Sophie, "le débat est tronqué avec la ministre de la Santé qui ne voit que l'intérêt politique de cette réforme des tarifs, alors qu'elle se trouve en fin de mandat."
Une revalorisation des soins de base
Le 26 janvier a marqué l'échec de quatre mois de négociations entre les syndicats dentaires et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnamts). Les deux parties ne sont pas arrivés à se mettre d'accord sur une revalorisation des soins de base et des soins conservateurs (caries, détartrages). Une revalorisation réclamée par les dentistes pour compenser en partie le manque à gagner provoqué par le plafonnement des actes de prothèses (couronnes,...). Un plafonnement voulu par la ministre pour diminuer le renoncement aux soins pour raisons financières.L'Assurance maladie a mis sur la table des revalorisations de 806 millions d'euros sur quatre ans, "un effort sans précédent", selon elle. Mais "insuffisant" pour les professionnels: au regard des plafonnements proposés pour les prothèses, le gain net s'élèverait au bout du compte à 341 millions d'euros.
Pour Anne-Sophie, dont la majorité des actes sur ses patients sont des soins de base, le discours du ministère est dévié. "La ministre devrait plutôt nous encourager à refaire des soins simples de prévention et des soins conservateurs et nous laisser travailler correctement afin d'éviter d'en arriver à poser des prothèses." "Pour cela, il faut revaloriser ces soins simples dont la base de remboursement n'a pas bougé depuis 30 ans pour certains" alors que les techniques de soins ont évolué.
Le président de chambre honoraire à la Cour des comptes Bertrand Fragonard, désigné comme arbitre, est désormais chargé de remettre à la ministre de la Santé ses propositions le 7 mars, mais les syndicats prévoient des recours juridiques.
Entre 3 000 et 5 000 dentistes avaient déjà manifesté à Paris fin janvier, selon des sources policières et syndicales.