Des satellites bretons traquent les pirates des mers et les navires fantômes

Leurs noms de code: BRO-10 et BRO-11, ces deux micro-satellites capables de repérer depuis l'espace les "dark ships", navires de pirates des mers ou bateaux "voyous" qui écument les océans du globe. Les deux satellites décolleront à bord du lanceur Falcon 9 de la société Space X depuis la base de Vanderberg en Californie.

Dans quelques jours, l'entreprise bretonne "Unseenlabs" basée à Cesson-Sévigné en Ille-et-Vilaine va envoyer dans l'espace les deux derniers nés de ses micro-satellites.

Ce sont des satellites capables de repérer l'invisible sur toutes les mers du globe. Grâce à leur technologie embarquée, il leur est possible de géolocaliser et d'identifier les "dark ships", des bateaux fantômes qui, pour agir dans le plus grand secret, désactivent leur AIS, c'est-à-dire leur système d'identification automatique.

Nos clients cherchent à localiser les bateaux de pirates des mers, des bateaux poubelles ou encore des navires qui ont une activité illégale sur les océans du globe.

Cannelle Gaucher

porte-parole "Unseenlabs"

"Sur les océans, dans certaines régions, Il y a ce qu'on appelle des bateaux non coopératifs. Il peut s'agir d'équipages de pirates qui tentent de voler les cargaisons des navires de marchandises. Il y a aussi les bateaux qui servent à des activités illégales comme des trafics de drogues, d'armes. Ou encore ceux qui dégazent en mer, qui pêchent illégalement ou qui tentent de contourner des sanctions internationales. Ce sont eux que nos clients nous demandent de repérer." précise Cannelle Gaucher, responsable de la communication de Unseenlabs".

Des satellites gros comme une boîte à chaussures

D'ici quelques jours, dans le cadre de la mission spatiale Transporter 9, les deux "nano" satellites bretons embarqués à bord du lanceur Falcon-9 de Space X quitteront la base spatiale de Vanderberg en Californie et rejoindront dans l'espace les neufs premiers satellites déjà en fonctionnement. Des satellites grands comme une boîte à chaussures pesant environ dix kilos.

À l’intérieur, un dispositif pour détecter les ondes électromagnétiques. "On les appelle des ondes passives. Ce sont des ondes électromagnétiques émises par tout système électronique. C'est une signature unique un peu comme une empreinte." indique Cannelle Gaucher.

Une traque des "bateaux non coopératifs"

Du coup, même si le capitaine du navire a désactivé sa balise d'identification automatique, les satellites peuvent reconnaître tel ou tel navire présent à tel moment sur une zone du globe par son profil électromagnétique.

"Par exemple, un assureur, qui veut garantir la sécurité de la cargaison d'un navire de commerce peut faire appel à nous pour savoir s'il ne va pas rencontrer des braqueurs sur sa route." poursuit-elle

Les clients de l'entreprise bretonne peuvent être civils ou militaires et sont implantés partout dans le monde. Ils peuvent être armateurs, banquiers, mais aussi issus de services de renseignements militaires. Mais impossible d'en savoir davantage. "Ils nous font la demande de surveiller une zone précise sur une période donnée et nous pouvons leur dire quel navire est présent même si le capitaine du bateau fait tout pour être invisible." affirme Cannelle Gaucher.

D'ici 2025, avec 25 satellites, nous pourrons cadrer une zone maritime donnée et surveiller un navire précis toutes les trente minutes au lieu de six heures actuellement.

Cannelle Gaucher

Porte-parole "Unseenlabs"

Avec le lancement de ses deux nouveaux satellites, Unseenlabs améliore son efficacité dans la détection de ces navires non coopératifs. La constellation actuelle, c’est-à-dire la nuée de satellites mis en orbite permet de repasser sur la même zone toutes les six heures. "D'ici 2025, et avec 25 satellites en l'air, nous serons capables de voir un même secteur toutes les trente minutes." prévient Cannelle Gaucher.

90% des marchandises voyagent par la mer

Un outil qui va permettre de répondre à l'envolée des activités des navires sur toutes les mers du globe. Aujourd'hui, 90 % des marchandises voyagent par la mer. S'ajoutent des restrictions de pêche et des obligations environnementales qu'il faut faire respecter ou l'accroissement du banditisme des mers contre lequel beaucoup de pays veulent lutter dans leurs eaux.

L'entreprise bretonne Unseenlabs a été créée en 2015 par Jonathan et Clément Galic, deux frères originaires de Rennes. Tous les deux sont aussi d'anciens ingénieurs dans le domaine du spatial. 

"Il y a huit ans, ils se sont rendu compte qu'il manquait énormément de visibilité sur la présence des navires en mer. Alors le savoir-faire notamment de Jonathan, expert en renseignement d'origine électromagnétique, a été déclencheur." précise Cannelle Gaucher, porte-parole d'Unseenlabs.

Jour après jour, l'entreprise bretonne se constitue une banque de données unique au monde. Des dizaines de milliers de signatures électromagnétiques. Parmi elles, celles de bandits des mers, de "bateaux poubelles", de pêcheurs illégaux ou de trafiquants en tous genres.

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