Le galo (gallo en français) vous connaissez ? C'est " l'autre" langue régionale de Bretagne. On en parle moins que du breton, mais on la parle : 200.000 locuteurs. C'est parmi eux que l'Institut du Galo cherche les voix de ses films d'animation en projet. Un casting aura lieu mercredi 22 juin à Concoret.
Le Grufalot et Le Grufalotin ont été les premiers courts métrages d'animation doublés en gallo. C'était en 2019 dans les studios de l'association Dizale. De joyeux bestiaires qui vont en appeler d'autres.
Jerom Bouthier, directeur de l'Institut du Galo espère installer la production dans la durée avec le soutien du Conseil régional. "On va faire les troisième, quatrième et cinquième courts d’animation, indique-t-il, et l'idée, c'est d’aller sur un rythme de croisière pour 3 h par an, répartis en 2 longs ou 1 long et des courts."
Un formidable outil d'apprentissage du gallo
Le cinéma d'animation séduit immédiatement les enfants et c'est un formidable outil d'apprentissage. "On a fait une séance pour le Grufalot à Bain-de-Bretagne, se souvient Jerom Bouthier, et j’ai été étonné de voir des enfants venir me parler en gallo."
Ils s'initient à la langue en classe, et dans l'ambiance du cinéma, ils s'adressent sans retenue au directeur de l'Institut :
" - Coment qe c’ét-ti qe tu t’ahuches, eyou qe tu demeures ? " (Ndlr. comment t'appelles-tu, où habites-tu).
Dans la goule et dans l'ora
L'Institut veut donc étoffer son vivier de voix, environ une dizaine. Pour le niveau de maîtrise de la langue , il faut l'avoir "dans la goule et dans l'ora" , indique Jerom, c'est à dire en bouche et dans l'oreille.
En clair : ce n'est pas une barrière de ne pas maîtriser tout le vocabulaire, une formation est d'ailleurs prévue du 24 au 26 octobre 2022.
"On sait que beaucoup de locuteurs ont du mal à lire le gallo, constate Jerom, mais on a les clés rapidement."
On découvre le texte en arrivant, on le lit et il faut y aller
Julie Fouquet, voix du Souricet
Julie a prêté sa voix au personnage de Souricet. "Pour moi c'était une première, se souvient-elle. Ma voix a du leur plaire." Julie n'est pas comédienne, mais agricultrice à Guignen en Ille-et-Vilaine.
"Je pense que ça repose beaucoup sur les qualités naturelles de chacun, poursuit la jeune éleveuse bio de vaches et de cochons. Et puis le personnage est jovial, il a la banane, ça me correspondait."
L'aventure a eu un lendemain pour Julie : elle a fait le doublage de l'audioguide du musée de Bretagne. Une occasion d'apprendre de nouveau termes techniques.
Côté financier, les "voix" sont défrayées pour les déplacements, nourries et logées pendant les formations et elles reçoivent un cachet d'artiste lors des enregistrements, mais l'essentiel est ailleurs.
Ainsi Julie a eu le plaisir d'assister à quelques projections dans des salles de cinéma et "quand t'as ton nom sur le grand écran, ce n'est pas rien". Pas de quoi prendre la grosse tête quand-même. Prête à renouveler l'expérience, Julie en plaisante. "Je garde les pieds sur terre et dans mon boulot c'est même plutôt "dans" la terre."