Elyaas Ehsas, journaliste afghan, est menacé d’expulsion. Dans son pays, il risque la mort

Elyaas Ehsas, 27 ans, est un journaliste, reporter de guerre. Dans son pays d’origine, l’Afghanistan, il est menacé de mort par les talibans. En 2015, il s’est refugié en Suède puis cette année, il est arrivé à Rennes. Un asile politique... qu'il n'arrive pas à obtenir. 

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C’est l’un des visages de la télévision afghane…Elyaas Ehsas. Depuis tout petit, il rêve de devenir journaliste. Après une formation en télévision, il devient correspondant pour la télévision nationale Rah-e-Farda. "J’étais sur le terrain, je couvrais les attaques à la bombe, les attentats suicides", confie Elyaas Ehsas.

Accusé de trahison par les talibans, il reçoit des messages puis des appels de numéro inconnu. "J’ai reçu des appels et des menaces de la part des talibans. J’ai contacté directement le bureau de police près de chez moi. Le chef de la police m'a demandé de le rencontrer dans son bureau. Il m'a donné une adresse pour que j'aille m'acheter une arme afin d'assurer ma propre protection. Quand j'ai entendu ça, j'étais déçu de savoir que dans mon propre pays, je ne pouvais pas être en sécurité".

Fuir l’Afghanistan pour se reconstruire en Suède

Elyaas Ehsas décide de fuir son pays. Une des décisions les plus difficiles de sa vie. Car en Afghanistan, il a sa famille, il s’est battu pour devenir journaliste. Il a le sentiment d’abandonner sa terre natale. Mais la situation devient trop dangereuse. Son long calvaire débute en 2015 et dure plus de deux mois. Deux mois de souffrance insoutenable. Il traverse le Pakistan, l’Iran, la Turquie. "Plusieurs fois, je me suis dit ‘quel est l’intérêt de vivre cette vie aussi horrible", se souvient-il avec amertume. "Mais j’ai continué de me battre". Il atteint finalement la Suède où les débuts sont délicats.

"Je me souviens, il faisait froid, je devais tout apprendre, la langue, les lettres de l’alphabet pour pouvoir m’exprimer. Au début, j’étais comme un enfant qui devait tout apprendre, comment demander de la nourriture, comment dire ‘papa’ ‘maman’. Petit à petit, je me suis sentie intégré par les suédois". En Suède, le journaliste, y reste 5 ans. Mais finalement, sa demande d’asile est rejetée en 2020. Son dernier espoir : la France qui, pour le moment, lui tourne aussi le dos.

Début septembre 2020, Elyaas Ehsas se réfugie à Paris. Il passe plusieurs mois dans les campements situés à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Mi janvier, le tribunal administratif de Paris rejete son droit à une demande d’asile en France.

Selon les accords de Dublin, seule la Suède, son premier pays d’accueil, peut le régulariser. En effet, l’unique pays responsable d’une demande d’asile est celui par lequel le demandeur est entré ou dans lequel il a été contrôlé. Dans le cas d’Elyaas Ehsas, c’est la Suède, et seulement la Suède… qui elle, le menace de le renvoyer en Afghanistan.

Retourner en Afghanistan, c'est être condamné à mort

Maître Clément Perre, son avocat, a fait appel. "Je suis intimement persuadé que concernant Elyaas Ehsas, du fait de son statut de journaliste, du fait de son athéisme, compte tenu des éléments de son dossier et les preuves de menaces de la part des talibans, je suis certain qu’il obtiendrait une protection par les autorités françaises. Une protection qu’il n’a pas pu obtenir des autorités suédoises", affirme son avocat Maître Clément Perre.

Elyaas Ehsas peut compter sur ses confrères journalistes, Reporters sans frontières (RSF) et la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), qui tentent d’alerter la justice française."Nous devons absolument empêcher cette expulsion qui serait une condamnation à mort pour le journaliste afghan. M. Ehsas doit pour toutes ces raisons obtenir sans plus attendre un droit d'asile dans la patrie de la Déclaration des droits de l'Homme", affirme Anthony Bellanger, le secrétaire générale de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ).

Renvoyer notre confrère en Suède puis de façon automatique en Afghanistan, ce serait le condamner à mort. Pour nous, c'est intolérable que la France l'entraîne à l'assassinat. (…) Il y a à peu près deux journalistes qui meurent par semaine. L'Afghanistan fait partie des pays où on assassine les journalistes parce qu’ils font leur boulot.

Anthony Bellanger. 

Pour le moment, Elyaas Ehsas est assigné à résidence à Rennes. Il doit se présenter deux fois par semaine au centre de rétention de Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine). Une démarche qu’il entreprend, à chaque fois, avec la boule au ventre et la peur d'être renvoyé.

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