La Direction générale de la santé souhaite tripler, en France, le nombre de tests pour dépister le Covid-19. Nouveaux procédés, automates pour analyser en masse, centres de test "drive"... Voici le point de vue du Pr Vincent Thibault, chef de service du laboratoire de virologie du CHU de Rennes.

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"Je vous interpelle car je suis un peu las (à mettre possiblement sur notre charge de travail !) d'entendre en boucle le discours des "autorités" sur l'augmentation future, prochaine, imminente, des tests de dépistage du Covid-19."
 

Rupture de stock

 
"La réalité du terrain est la suivante. Nous passons beaucoup de temps et d'énergie à trouver des fournisseurs qui pourront nous approvisionner en réactifs utiles pour le diagnostic ; nous n'avons aucune visibilité sur notre capacité à faire ce diagnostic à moyen terme en raison de rupture de stocks. Nous privilégions aujourd'hui le diagnostic pour les personnes qui en ont le plus besoin, à savoir celles prises en charge à l'hôpital."

 

Comment ferons-nous face demain, si tout un chacun demande un dépistage ?

 

"La disponibilité de "kits de prélèvement", ces écouvillons spécifiques qu'on met dans le nez pour faire les prélèvements, devient critique. Le CHU de Rennes doit fournir tous les centres hospitaliers alentours qui n'en ont plus. Il n'y en a plus en France car ils "partent" tous vers les États-Unis, entre autres."

 

70% de fiabilité


"Enfin, qu'on rétablisse la vérité sur la performance du diagnostic.

De l'expérience chinoise et désormais de la nôtre, nous savons qu'un prélèvement naso-pharyngé, tel que celui effectué dans les "drive" médiatisés, ne possède une sensibilité clinique que de l'ordre de 70%. En d'autres termes, si vous testez 100 personnes qui sont "négatives" selon le test effectué, il est probable que 30 d'entre elles soient néanmoins infectées par le virus.
 

Ceci n'est pas lié au fait que le test n'est pas bon mais au fait que nous recherchons le virus à un endroit où il ne se situe pas dans toutes les phases de la maladie. De fait, on retrouve dans 70% des cas du virus dans le nez mais parfois, on ne le retrouve que plus profond dans l'arbre pulmonaire (au fond des poumons) mais on ne peut pas aller le chercher si profond avec un prélèvement simple ; ceci n'est fait qu'en unité de réanimation."
 

Des tests faussement négatifs


"Pour faire plus sensationnel, et si on reprend l'histoire rapportée dans les médias de la jeune fille malheureusement décédée hier, il semble qu'elle ait eu deux prélèvements initiaux négatifs, qu'elle a donc été renvoyée chez elle et que finalement son état se soit dégradé rapidement avec un résultat finalement positif. Ce triste cas illustre bien qu'un prélèvement négatif ne signe pas forcément l'absence d'infection... avec les conséquences qu'on peut imaginer si on proposait ces tests à "toute" la population.

En bref, 30% des gens à qui on rendra un test négatif seront potentiellement infectés avec un risque, soit de transmettre le virus, soit de développer eux-mêmes la maladie.
 
Voilà quelques informations qui vous permettront peut-être d'offrir une vision plus impartiale à la population française."
 
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