Festival Politikos à Rennes : la politique et le pouvoir, entre rejet et fascination

C’est le premier du genre. Politikos, le festival du film politique s'est ouvert jusqu'à dimanche au Couvent des Jacobins à Rennes, avec une pléiades de personnalités. Ambition affichée, rappeler que la politique est l’affaire de tous…

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Ancien maire, ancien ministre, président de régions, députés, mais aussi acteurs, réalisateurs et journalistes, le plateau réuni par Politikos, premier festival international du film politique est impressionnant. Pendant quatre jours au Couvent des Jacobins à Rennes, près de 70 personnalités, du monde des médias, de la culture et de la politique, vont défiler  pour échanger et débattre de l'exercice du pouvoir. Mais avec une quarantaine de films et documentaires. Politikos se veut être avant tout un festival de cinéma.
"Politikos s'adresse vraiment à tout le monde" explique ainsi Jean-Michel Djian son président, "ceux qui sont irrités par la politique comme ceux qui sont passionnés par la politique. Mais au-delà de ce mot, c'est le cinéma et l'image qui nous invite à rentrer dans ce monde-là. C'est parce que l'art peut porter quelque chose qu'on a envie de le convoquer." 

Interview de Jean-Michel Djian, président du Festival

Recueillie par Maylen Villaverde et Vincent Bars

 

"Un moment très grave pour les démocraties" selon François Hollande


L'ancien président François Hollande, invité du festival et qui participait à un débat ce jeudi, a ainsi mis en garde contre la vague populiste actuelle "Nous sommes dans un moment très grave pour les démocraties où nous devons nous méfier de ces personnalités qui à un moment embrassent les aspirations d'un peuple", en faisant référence à l'élection de Jair Bolsonaro au Brésil et de Donald Trump aux États-Unis. "Il faut qu'il y ait conscience que la France n'est pas à l'abri de ce phénomène, de cette vague, de ce mouvement où des personnages qui veulent être dans le dégagisme, qui veulent être dans un rapport direct au peuple, peuvent arriver aux responsabilités suprêmes du pays", a poursuivi l'ancien président socialiste. "Il ne faut jamais croire que la démocratie peut être irréversible", a-t-il ajouté. "Qui aurait pu penser qu'un milliardaire américain n'ayant jamais exercé la moindre fonction publique, le moindre mandat au Congrès puisse devenir le président des États-Unis?" "Il faut avoir conscience que nos institutions ne nous immunisent pas contre ce type de personnage", a-t-il dit.
 

Pour Jean-Louis Debré, les partis politiques "n'ont plus rien à dire"

    
L'ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a lui déploré le fait qu'"aujourd'hui, ni la gauche ni la droite républicaines n'incarnent une espérance pour les Français". "Pour empêcher l'arrivée d'un homme providentiel, il faut que les partis politiques aient quelque chose à dire". "Comme ils n'ont plus rien à dire (...) alors on se tourne vers un personnage qui vient de nulle part ou d'ailleurs et qui va se frayer un chemin sur les décombres des partis traditionnels", a conclu Jean-Louis Debré.
 
 

Polémique sur les subventions allouées à l'événement


Politikos affiche ainsi l'ambition de décrypter la politique par l'image et ceux qui la font, dans une époque où elle fascine autant qu'elle rebute les citoyens. Mais à l'extérieur du Couvent des Jacobins, des auteurs et réalisateurs bretons distribuent des tracts pour expliquer leur colère face à un événement, qui a reçu 320 000 euros des collectivités et auquel ils n'ont pas été associés regrette Marianne Bressy, porte-parole du collectif Politik'off : "nous on se la coltine la question du vivre ensemble et de la mixité sociale, quand on bosse dans les quartiers. C'est ça le travail politique et citoyen, que nous on fait et pour lequel on n'est pas reconnu, parce que c'est vrai nous on fait du vrai documentaire et du vrai travail de terrain c'est un peu moins bling bling que des stars de la politique."
 


La Région subventionne, la mairie, non


Interpellée par les associations et certains élus, la mairie de Rennes a choisi elle de ne pas subventionner Politikos. Un choix que justifie Valérie Faucheux, conseillère municipale qui explique qu'"en tant qu'élus, nous savons que l'argent est rare et qu'il s'agit d'en faire bénéficier les acteurs locaux, qui sont capables de construire ce genre de projet. Ce festival représente tout le côté hors-champs, de ce que nous, nous ne voulons pas." Pour Loïg Chesnais Girad, Président de la Région Bretagne, qui a alloué 190 000 € au festival, il n'y a pas d'opposition, ni de contradiction : "Je crois que nous avons tous intérêt à renforcer l'ensemble des acteurs de la culture, qui font la culture, le film, le documentaire en Bretagne et d'ailleurs nous avons intérêt à le faire avec tous les moyens que nous mettons à disposition. Mais nous avons aussi vocation à accueillir d'autres acteurs qui viennent poser leur valises ici en Bretagne." 
 

Politikos jusqu'à dimanche, un "festival Off"samedi


Les films, débats, conférences, lectures, et exposition du festival Politikos se déroulent jusqu'à dimanche soir au Couvent des Jacobins. Les associations bretonnes proposent quant à elles, en parallèle un Off du festival, "Politik'off", avec des projections de leurs films, dans différents lieux rennais et à la Parcheminerie samedi après-midi.
 

Le reportage à Rennes de Maylen Villaverde et Vincent Bars

Interviews : Jean-Michel Djian, président du festival Politikos - Marianne Bressy, réalisatrice, porte-parole du collectif Politk'off  - Valérie Faucheux, conseillère municipale de Rennes (groupe Ecologistes et citoyens) - Loïg Chesnais-Girard, Président de la Région Bretagne
 
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