Harcèlement. "Mon client est un bouc-émissaire" selon l'avocat du professeur de théâtre révoqué du conservatoire de Rennes

La Ville de Rennes a décidé de révoquer l'enseignant du conservatoire en section théâtre qui faisait l’objet de plaintes d’élèves pour harcèlement. Radié des effectifs de la collectivité, et des cadres de la fonction publique en général, son avocat dénonce une "sanction politique" et compte saisir le tribunal administratif.

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"C'est une sanction disproportionnée qui est, pour nous, clairement politique !" L'avocat du professeur de théâtre révoqué pour harcèlement du conservatoire par la Ville de Rennes tient à placer cette décision dans un contexte plus général.

Les affaires de harcèlement défrayent de plus en plus la chronique, en lien direct avec la libération de la parole promue par le mouvement #MeToo : "La Ville a pris une position de probité, conforme à l'air du temps, je dirais..."

Pour Maître Emilien Batot, c'est clair, son client est un "bouc-émissaire". "On fait porter sur mon client, le fonctionnement des études pédagogiques qui sont validées par la profession. Après, la question de l'appréciation par les élèves de la situation c'est une chose, mais le fait est, que la plupart des faits dénoncés sont complètement faux !"

Révoqué pour comportement "inadapté"

La Ville de Rennes a décidé de révoquer l'enseignant en section théâtre du conservatoire, qui fait l'objet de plusieurs plaintes pour harcèlement depuis 2018/2019.

Cette année scolaire-làquatorze élèves du conservatoire de Rennes avaient fait état des méthodes abusives de leur professeur de théâtre. Dans une lettre adressée en octobre 2019 à la mairie de Rennes et au procureur et à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) ces adolescents de 16 et 17 ans inscrits en cycle d'orientation professionnelle (COP) employaient les termes de "harcèlement moral" et d’un climat de "terreur".

Ça a été très dur, certains ont eu des séquelles, ont perdu l'envie de jouer, la capacité de créer...

un ancien étudiant du conservatoire de Rennes

Cet ancien étudiant du conservatoire se souvient aussi de la première réaction de la direction : "On nous a dit que, parce que c'était en cours de théâtre, c'était ambigu. Mais on peut faire du théâtre dans le respect et la bienveillance !"

Des alertes et plusieurs enquêtes

Suite à différentes alertes, une première enquête avait été menée, classée sans suite, puis une seconde enquête administrative, diligentée fin 2020 par la Ville de Rennes. C'est sur ces dernières conclusions que s'est appuyé le conseil de discipline pour décider de la sanction.

Cette instance était présidée par une juge du tribunal administratif de Rennes et composée de représentants des organisations syndicales ainsi que d'élus du conseil municipal. "Après débat contradictoire, le conseil de discipline a donné un avis favorable à la sanction de révocation envisagée par la Ville" explique la municipalité de Rennes dans un communiqué. Le "comportement inadapté" du professeur a été pointé du doigt. Comportement, qui selon l'enquêteur indépendant était "basé sur des violences psychologiques et parfois physiques répétées dans un contexte pédagogique anxiogène".

La sanction prendra effet au 1er janvier 2022, et la mairie de préciser : "L'agent est ainsi radié des cadres de la fonction publique et des effectifs de la Ville de Rennes."

"On oublie la responsabilité de l'institution !"

Si les anciens étudiants concernés ne cachent pas leur satisfaction, l'avocat du professeur crie à la disproportion : 

On pense que la Ville s'achète un peu une vertu morale, via le sacrifice social de l'agent qui voit du coup sa carrière se terminer alors qu'il est quand même soutenu par bon nombre de professionnels de la culture

Maître Emilien Batot, avocat du professeur incriminé

"Ce qui nous gêne aussi particulièrement, poursuit l'avocat, c'est que la Ville a choisi d'ignorer les responsabilités propres de l'institution. Elles ont pourtant été clairement mises en lumière par l'enquête administrative sur laquelle elle s'appuie ! La Ville jette complètement l'opprobre sur l'agent et écarte le fait que l'institution était responsable, elle aussi."

Selon lui, le conservatoire de Rennes n'a pas "du tout accompagné, ni les élèves, ni l'enseignant !"

Le professeur de théâtre incriminé dispose de deux mois pour contester cette décision et saisir le tribunal administratif de Rennes. "Avec la justice administrative, on veut faire confiance à une analyse un peu indépendante et dépassionnée de l'affaire" confirme l'avocat.

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