C'est devenu un vrai fléau pour les artisans et tous les métiers qui nécessitent d'avoir ont des fourgons ou véhicules utilitaires avec du matériel dedans. Depuis quelques mois, il y a une recrudescence des vols d'outillage. La gendarmerie de Bretagne appelle les professionnels à la vigilance et rappelle les bonnes pratiques.
Hervé est artisan à Châteaugiron près de Rennes. Son entreprise tourne avec plusieurs employés et cinq fourgons. Quand on le joint pour savoir s'il est au courant de la recrudescence des vols d'outillages dans les fourgons, il nous répond aussitôt : "pas spécialement mais ça ne m'étonne pas du tout car il y a eu une nuit il y a quelques semaines où sur le secteur de Châteaugiron, une vingtaine de fourgons ou plus ont été visités". Et il ajoute immédiatement : "mais le phénomène n'est pas nouveau. Depuis des années, nos fourgons et notre matériel sont la cible des voleurs".
Les propos d'Hervé, ce n'est pas la gendarmerie de Bretagne qui va les contredire. Elle-même a recensé ces dernières semaines une augmentation de ces vols d'outillage dans les véhicules utilitaires. Même si elle n'a pas de chiffres à communiquer, la hausse des vols et tentatives de vols est bien réelle : "plusieurs par jour et tous les départements bretons sont touchés" précise le service communication de la gendarmerie de Bretagne. L'occasion pour elle de communiquer auprès des métiers utilisant ces fourgons et utilitaires, cibles des malfrats.
Un mode opératoire bien rodé
Comme le précise Hervé, "les voleurs peuvent vous vider un camion en moins de deux minutes". Et de préciser, "le plus souvent, dans nos fourgons, tout est bien rangé pour que ce soit à la portée des salariés. Et qui dit bien rangé, dit facilement repérable pour les voleurs qui n'ont plus qu'à se servir."
Et pour ouvrir un fourgon, les cambrioleurs ont une technique bien rodée et très rapide selon les gendarmes : "ils percent un trou au-dessous la serrure de la porte arrière du véhicule ou arrachent le barillet de celle-ci, pénètrent dans l’habitacle et dérobent l’intégralité des équipements."
On sait que ce que les voleurs recherchent avant tout, c'est le matériel électroportatif, type visseuse dévisseuse, perforateur ou tout autre outil de ce type. Ça coute cher et même de plus en plus cher ces derniers temps avec l'inflation. Ils peuvent les revendre facilement.
Hervéartisan à Châteaugiron
La gendarmerie précise que la majorité de ces vols sont l'œuvre de bandes organisées, qui sont "itinérantes" et qui sévissent de "région en région". Leur but est de "revendre rapidement les matériels dans des dépôts vente, sur des sites internet et autres marchés parallèles". Des méfaits commis en pleine journée lorsque les véhicules sont stationnés sur la voie publique ou sur les chantiers. Certains vols ont lieu lorsque les véhicules sont garés devant le domicile du propriétaire ou dans les cours des entreprises.
Les mesures de préventions à prendre
Quand on demande à Hervé si ses fourgons ont déjà été la cible de malfaiteurs, il nous répond : "pas depuis une dizaine d'années, depuis que tous nos véhicules sont équipés d'une alarme volumétrique et de contacteurs sur chaque porte arrière et latérale ainsi que de verrous supplémentaires. Avant ses mesures, on avait eu un ou des véhicules ouverts". Mais l'artisan sait très bien que toutes ces protections ne font que retarder les bandes de malfrats à l'origine de ces vols. Il tient à positiver quand même : "si nos alarmes les retardent d'une minute ou deux, peut-être qu'ils iront voir d'autres fourgons pas protégés".
Pour autant, pour ne pas conjurer le sort et donner une idée de cible aux voleurs, l'artisan n'a pas souhaité que l'on donne le nom de sa société et a préféré que l'on change son prénom dans l'article. Hervé est donc un prénom d'emprunt.
Au-delà des moyens de protection sur le véhicule, la gendarmerie tient à rappeler quelques conseils aux professionnels :
- stationner le véhicule de manière que la porte arrière se trouve contre un mur et qu’on ne puisse pas y accéder ;
- éviter de garer le véhicule dans un endroit non éclairé la nuit ;
- opter pour un garage fermé dans une propriété privée ;
- renforcer la sécurité des portes d’accès ;
- installer des détecteurs de mouvement activant un éclairage, voire des caméras nomades à
proximité du véhicule - vérifier la bonne fermeture de tous les ouvrants ;
- limiter la quantité de matériel stocké à l’intérieur du véhicule.
La gendarmerie conseille également de conserver les numéros de série des matériels achetés par l’entreprise.
De l'importance de porter plainte
Elle enjoint par ailleurs les professionnels à prévenir immédiatement la gendarmerie ou la police pour que les constatations nécessaires soient faites. Elle préconise aussi "de veiller à préserver les traces et les indices afin qu’ils restent exploitables par les enquêteurs en évitant toute manipulation à l’intérieur et à l’extérieur du véhicule."
Et surtout, comme le précise le service communication de la gendarmerie de Bretagne, il est très important de déposer plainte. "Trop nombreuses sont les victimes de ces vols qui ne veulent pas ou ne prennent pas le temps de déposer plainte. C'est important pour les enquêtes, pour recenser les méfaits et pour les éventuels procès".