Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné mercredi 9 octobre un jeune de Sixt-sur-Aff (Ille-et-Vilaine) pour les graves "blessures involontaires" qu'il avait causées à un ami d'enfance alors qu'il conduisait alcoolisé pour se rendre en discothèque le 11 novembre 2023.
Pour rappel, le samedi 11 novembre 2023, deux jeunes avaient dû être transportés "en urgence absolue" en pleine nuit au CHU de Rennes : le prévenu, âgé de 28 ans, avait en fait passé la soirée à boire avec son ami d'enfance. Alors qu'ils avaient prévu de ne pas sortir, ils s'étaient finalement rendus à la discothèque La Guinguette, à Glénac, mais l'agent de sécurité avait décidé de les faire souffler dans l'éthylotest après avoir vu arriver la voiture conduite "trop rapidement" par le mis en cause.
Le dépistage s'était avéré positif et l'entrée leur avait été refusée : le vigile leur avait indiqué qu'ils pouvaient toutefois "attendre dans le véhicule" pour rentrer. Mais les deux amis, qui ne s'étaient pas vus "depuis un an", avaient décidé de tenter leur chance dans un autre établissement, La Scala, à Guipry-Messac.
Sur la route, le prévenu avait perdu le contrôle de sa voiture et avait "fait plusieurs tonneaux", finissant "en partie sur le bas-côté et en partie sur la route". Un poids lourd était alors arrivé et il avait fait des "appels de phares" à la voiture qui venait en face.
Ils ne se parlent plus depuis l'accident
Reste que le conducteur de cette voiture, lui-même alcoolisé, avait été "ébloui" par le camion et avait percuté la voiture déjà accidentée, causant ainsi un "sur-accident". Le prévenu, qui ne portait pas sa ceinture de sécurité, avait été retrouvé à l'arrière de la voiture, le front "ensanglanté" mais conscient.
Son ami, en revanche, avait la tête qui "tombait sur les genoux" et était "inconscient". Les deux - qui n'ont gardé aucun souvenir de cet accident - avaient donc été transportés à l'hôpital : le passager avait souffert de "blessures conséquentes" et en conserve encore aujourd'hui des "séquelles".
Le passager avait en fait subi "trois pneumothorax", "deux lésions cérébrales" et avait eu "plusieurs côtes cassées" : les médecins lui ont prescrit un an d'interruption totale de travail (ITT) "sous réserve de complications".
Son ami a donc été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Rennes pour "blessures involontaires" : au moment de l'accident, il avait déjà fait l'objet de trois condamnations, dont deux pour des infractions au code de la route.
"Avertissements judiciaires"
Depuis cet accident, ce "boucher de formation" qui travaille en tant que "désosseur" a "totalement arrêté de boire". Lui et son ami "ne se parlent plus" depuis les faits. Ce dernier est d'ailleurs toujours suivi par un kinésithérapeute : sa prise en charge en "médecine physique et réadaptation" a pris fin juste avant l'été, en juin 2024, et le jeune homme sera "très certainement déclaré inapte" à son métier de bardeur.
Le conducteur n'a pour sa part "pas tenu compte des avertissements judiciaires" qui avaient précédé l'accident, a rappelé le procureur de la République : il souhaitait en conséquence que le mis en cause soit condamné à cinq mois de prison ferme et cinq autres avec sursis probatoire.
Mais dans ce dossier, il y avait "un véritable problème de lien de causalité" entre les blessures subies par le passager et le premier accident, a rappelé Me Arnaud Le Bourdais. Le second conducteur alcoolisé a pour sa part fait l'objet d'une composition pénale et "un doute" demeurait sur l'identité du conducteur, puisqu'aucun des deux jeunes n'avait de "souvenirs" et que le prévenu sous-entendait qu'ils avaient pu "échanger" de place entre les deux discothèques.
"Je regrette ce qui s'est passé ce soir-là", a pour sa part timidement déclaré son client, sous les yeux de son ami. "Aujourd'hui, l'alcool c'est fini, je continue mon travail et je fais attention à mes fréquentations", a-t-il aussi assuré. Ce jeune de 28 ans a finalement été condamné à huit mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans. Il devra suivre des soins, travailler, et indemniser son passager. Ce dernier sera pour sa part fixé sur le montant de son indemnisation en décembre 2025.
