Les sans-abri déplacés de Paris vers la Bretagne sont attendus cette semaine annonce l’association Aurore, en charge du projet. Un hôtel de Montgermont près de Rennes va être le premier lieu d’accueil avant de les accompagner vers différents lieux dans la région.
L’hôtel social de Montgermont a été choisi pour servir de “sas d’accueil” aux personnes à la rue d’Ile-de-France, confirme l’association Aurore, spécialisée dans l’accompagnement social.
Dans un premier temps, des personnes sans domicile fixe de la région parisienne déplacées en Bretagne devaient être accueillies à Bruz, en Ille-et-Vilaine. Le terrain désigné par la préfecture “pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds”, selon le maire de la commune, ne permettait pas un accueil “dans des conditions dignes” avait exprimé l’élu.
Accueillis à Montgermont près de Rennes
Les sans-abri déplacés de Paris, sur la base du volontariat, seront donc accueillis dans un bâtiment de trois étages qui a longtemps été tenu par la chaîne Formule 1. L’hôtel est actuellement en rénovation. Les premiers sans domicile fixe sont attendus “cette semaine” précise la porte-parole de l’association. “Ils ne doivent pas tous arriver en même temps pour ne pas surcharger les équipes présentes sur le site.”
L’association Aurore va utiliser 50 places de logements dans l’hôtel. Si la plupart des personnes qui vont être accueillies sont seules et disposeront de leur propre chambre, des familles sont également attendues. “Elles pourront disposer de plusieurs chambres, le but est de les accueillir dans de bonnes conditions, assure Aurore. Sur les 50 chambres dont nous disposons, nous mettons à disposition des chambres et des espaces collectifs ou professionnels”.
L'organisation d'accueil doit fonctionner sur une sorte de roulement. 50 sans-abri au maximum seront accueillis toutes les trois semaines pour laisser la place à d'autres sans-abri, "toujours sur la base du volontariat" insiste l'association en charge du projet.
Avant d'être redirigé ailleurs dans la région
“Des bureaux pour les travailleurs sociaux seront installés dans l’hôtel” ajoute la chargée de communication de Aurore. L’objectif est que les travailleurs sociaux, présents sur le site, puissent rapidement rouvrir des droits souvent non activés à la santé et aux soins”. Le dispositif prévu par l'association Aurore doit permettre de "comprendre le besoin qui est le leur et de trouver des solutions avec leurs situations".
L’hôtel va servir de SAS temporaire, prévu pour une durée de trois semaines maximum “afin d’aider les personnes à être dirigés vers les structures locales spécialisées en lien avec leurs besoins” confie l’association basée à Paris. Ces personnes seront alors orientées vers d’autres associations à Rennes ou ailleurs, en Bretagne.
Des migrants délogés pour laisser la place
Pour permettre cet accueil, de nombreuses familles de migrants ont été délogées le 16 mai 2023. “Toutes les familles ont reçu des propositions de relogement à Rennes ou en Bretagne” assure la structure spécialisée dans l’accueil d’urgence qui travaillait alors avec l’hôtel, le SIAO 35. Selon cet organisme, “la moitié des familles a pu être relogée, mais l’autre partie a décliné les propositions de relogement et se retrouve à la rue”.
Environ 170 personnes y étaient logées dans les 60 chambres que compte l’hôtel. Des associations spécialisées dans l'hébergement d'urgence ont déploré "la précipitation et l'inhumanité" avec lesquelles ce relogement a dû être mené. Certains migrants ont par exemple été relogés du jour au lendemain dans le Finistère, où ils n'avaient qu'une seule nuitée réservée, témoigne à l’AFP une bénévole qui souhaite rester anonyme.
Lire : Pour faire place aux sans-abris de paris, des migrants délogés près de Rennes
"Après, ils étaient renvoyés à la rue. Donc ces gens sont revenus à Rennes et nous n'avons pas le droit de les reprendre, affirme cette bénévole. Une dame âgée, gravement malade, et sa fille majeure dorment actuellement sous une tente à Rennes alors qu'elles étaient encore à l'hôtel la semaine dernière" s'indigne-t-elle.
L'inquiétude en vue des JO 2024
La durée de la convention entre l’État et le directeur d’activité de l’hôtel de Montgermont n’est pas connue. Des bénévoles engagés dans l’aide aux migrants redoutent que ces hôtels, à l’activité sociale nécessaire pour les personnes en situation d’urgence, retombent dans l’activité touristique à l’approche des JO 2024. “Paris n’est qu’à une heure de TGV et les hôtels à Rennes feront le plein” résume une bénévole.
Pour ces bénévoles, "ce projet est une manière de nettoyer les rues de Paris avant les JO, et d'amener les sans-abri en région".
Le gouvernement a demandé aux préfets, à l’exception des Hauts-de-France et de la Corse, de créer des lieux d'accueil temporaires. Sept SAS sont déjà lancés sur le territoire. Celui de Rennes sera le 8e mis en activité. Dix lieux doivent être ouverts d'ici l'été.