"Des conditions d'installation indignes" sur un terrain pollué aux "hydrocarbures et aux métaux lourds". Le centre d'accueil temporaire de sans-abris que l'État souhaite installer à Bruz, dans le sud de Rennes, interroge en particulier les élus locaux. Les sans-abris resteraient 3 semaines dans ces "sas" avant d'être envoyés dans les autres départements bretons.
L'inquiétude monte à Bruz, commune de 18 000 habitants dans le sud de Rennes. En cause ? L'annonce par la préfecture d'Ille-et-Vilaine de l'installation en septembre prochain d'un centre d'accueil temporaire pour les sans-abris de la capitale. Un "sas" dans lequel ils passeraient trois semaines avant d'être répartis dans les autres départements bretons alors même que les demandes d'hébergements d'urgence ont explosé ces derniers mois.
"Nous ne sommes pas favorables à l'installation d'un tel sas sur notre commune, dans ces conditions que nous jugeons indignes," avance Philippe Salmon, le maire de Bruz (DVG). La mairie qui a été mis devant le fait accompli, critique, entre autres choses, le choix de l'emplacement.
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"De potentiels empoisonnements des résidents"
Un terrain sous un pont automobile, au bord de la voie ferrée. Ce dernier est "pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds, avance le maire. Ce qui risque d'entraîner des problèmes de salubrité et de potentiels empoisonnements des résidents, en particulier des enfants, puisque des familles pourraient y être accueillies."
La préfecture a annoncé qu'elle respecterait les recommandations de l'ARS sur ce sujet. Elle prévoit également de surélever les logements pour éviter le contact avec le sol.
Le maire de Bruz se dit favorable à l'accueil de population en difficulté, mais dans "des conditions dignes."
Ces "sas" auraient une capacité d'accueil de 50 personnes. Les sans-abris accueillis ne doivent rester que 3 semaines avant d'être déplacé dans l'un des trois autres départements bretons. "Il nous est dit que ces personnes rejoindraient alors des centres d’hébergement d’urgence, continue le maire, des centres qui sont tous saturés actuellement."
"Solidarité entre régions"
Du côté de la préfecture, on tente de rassurer. Les sans-abris doivent être acheminés en bus depuis la région parisienne. Il s'agirait ici "de solidarité entre régions", assure Matthieu Blet, secrétaire général adjoint de la préfecture d'Ille-et-Vilaine. "Le préfet de la région Ile-de-France organise des mises à l'abri de manière très régulière. Ce dispositif est complémentaire de ce qui existait déjà."
La préfecture l'assure : seuls les sans-abris volontaires rejoindront ces logements temporaires. Sur place, ils seront nourris et orientés vers des hébergements d'urgence ou des centres d'accueil pour demandeurs d'asile. Selon la préfecture, sept dispositifs identiques sont déjà en place dans d'autres régions.
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Déracinement des personnes
Du côté de l'association d'accueil des réfugiés de Bruz, on pointe du doigt le manque de places dans les structures d'hébergement d'urgence. "Je pense beaucoup aux familles que l’on trimballe d’un lieu à l'autre, développe Jean-François Durand, son président. Je me pose la question sur le choix de ces personnes en termes de projet et aussi d’intégration." Le déracinement de ces personnes ne favoriserait pas leur intégration, sans parler des enfants qui étaient jusqu'alors scolarisés à Paris :
Et le maire de Bruz de continuer : "Il est fort possible, d'après la préfecture, que certaines d'entre elles aient un travail sur Paris et souhaiteraient y retourner, même si elles y vivent dans des conditions difficiles."
Place nette à Paris avant les JO 2024 ?
La préfecture nie vouloir mettre en place ces dispositifs en vue de libérer les rues de Paris de ses sans-abris avant les Jeux Olympiques qui auront lieu en 2024. Le projet d'accueil temporaire de sans-abris doit, pour le moment, être mis en place "au moins" jusqu'à décembre 2023. La préfecture ne s'interdisant pas de faire perdurer le dispositif plus longtemps. Jusqu'à fin 2024 ?