Jérôme, l'ancien sans-abri, retourne en maraude dans la rue pour aider les autres

Jérôme Renault a vécu quatre ans d’enfer dans la rue. Aujourd’hui, il travaille pour une association de lutte contre l’exclusion à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) pour mettre son expérience au service des sans abris, lui qui a connu les mêmes difficultés. Il assure l’accueil de jour et la maraude au côté des travailleurs sociaux.

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“Se remettre de la rue, c’est très dur”. Dix ans qu’il n’y est plus et Jérôme Renault reste toujours aussi ému quand il évoque cette période dans sa vie. Cet ancien sans-abri de 49 ans est devenu un héros du quotidien. Depuis un an et demi, il épaule les personnes qui vivent dans la rue.

Son vécu au service des autres

Embauché par l’association de solidarité Adalea, basée à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) qui lutte contre l'exclusion, il est “travailleur pair”. Son rôle : créer du lien entre les travailleurs sociaux et les personnes en situation de précarité. “Je connais la rue et je connais le métier des travailleurs sociaux”, explique-t-il. “C’est eux qui m’ont aidé à sortir de la rue.” 

Avant de se retrouver sans domicile, Jérôme Renault était chef cuisinier dans des grands restaurants. Un accident puis une plongée dans l'alcool l’emmènent dans la rue. S’en suivent quatre ans de vie de SDF. “C’est quelque chose de très dur”, raconte-t-il, très ému. “Je suis quelqu’un de fort et pourtant j’ai craqué. Pendant quatre ans, j'ai eu peur. J’ai eu des angoisses. J’ai mis quatre ans de plus à faire ma réinsertion sociale, à réapprendre à parler aux gens, à vivre dans un appartement. Et puis prendre soin de moi. J’avais même perdu mon estime.” Sa force de caractère lui a permis de se relever.

Si je suis vivant, c'est parce que j'ai vraiment eu peur de mourir. J’étais à quelques centimètres du caniveau. Mais je ne voulais pas crever dans la rue. Ce n’est pas digne. Maintenant, je me bats pour que les gens sortent de la rue.

Jérôme Renault, travailleur pair Adalea

"Les gens se sentent en confiance quand ils le voient"

Au sein de l'association Adalea, l'une de ses missions est d'assurer l’accueil de jour de Saint-Brieuc. Des personnes en situation de précarité viennent se servir un café, demander une coupe de cheveux gratuite ou bien des soins. Jérôme est là pour les guider. “Il fait intégralement partie de l’équipe, c’est vraiment une personne ressource !”, s'enthousiasme Nafi Dupuis, infirmière. “On voit que les gens se sentent en confiance quand ils le voient.”

Quand l'accueil de jour ferme, il part en maraude avec un travailleur social. Il lui arrive de croiser d'anciens compagnons de galère, quand lui-même était à la rue à Saint-Brieuc. Ce soir-là, les rues sont vides, il fait froid. Beaucoup sont accueillis dans des hébergements d’urgence.

“Il faut que tu rentres chez toi au chaud là !”, lance-t-il à un vieil homme qui fait la manche à proximité d’une galerie marchande. “Je sais, mais j’ai personne…”, lui répond-il. Avec le travailleur social, il passe une dizaine de minutes à lui parler. Un moment d'échange indispensable.

"Mon plus grand espoir c’est que plus personne ne dorme dans la rue en France"

Avant de travailler dans le social, Jérôme a suivi une formation et a proposé sa candidature à l'association qui l'a sorti de la rue. Histoire de rendre la pareille à une équipe qui le connaissait bien.

“On a vraiment préparé son arrivée au mieux pour voir comment le protéger et l’accueillir au mieux dans l’équipe”, raconte Ronan Garnier, moniteur éducateur à Adalea. “Cela peut être très dur pour un ancien sans-abri de se rendre compte qu’il est difficile de sauver tout le monde. Cela peut être violent et les renvoyer à leur propre histoire.”

Jérôme vient de signer un CDI au sein de l’association. “Mon plus grand espoir c’est que plus personne ne dorme dans la rue en France. C’est un putain d’espoir. Et ça marchera un jour, j’en suis convaincu.” 

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