Mythos, le festival rennais des “arts de la parole” fête ses 20 printemps en installant son emblématique Magic Mirros dans le parc du Thabor. Du 15 au 24 avril, la foisonnante programmation fait la part belle à la musique, et l’assume.
20 ans de festival, qu'est-ce que cela vous fait, à vous ?
Je ne suis pas tellement adepte des anniversaires, on n'a jamais vraiment fêté ni les 10, ni les 15 ans, mais c'est vrai que tout à coup 20 ans on se dit que ça fait un quart de vie. Quand on regarde un peu en arrière, à 20 ans on étais sur les bancs de la fac, on avait quelques utopies, on ne savait pas ce qu'on allait faire de notre vie, et en même temps on pensait que c'était bien de faire entendre les paroles des conteurs de l'époque. Et puis quand on regarde 20 ans plus tard ce qu'est devenu Mythos... Pour certains, et même pour nous quelque fois on se dit qu'on s'est institutionnalisé, on s'est un peu reposé sur nos lauriers, et en même temps on sent qu'on a envie. C'est pour ça qu'on veut marquer ces 20 ans.
Marquer le coup comment ?
On a envie de requestionner le projet, de remettre de l'énergie là-dedans, de décaler encore les choses, de s'amuser, de faire vivre la ville de Rennes, de la faire bouger... d'être encore vivants. Donc on a plutôt envie de regarder vers demain que de faire une rétrospective de 20 ans passés. L'idée c'est de dire "on a encore 20 ans", au sens où quand on a 20 ans, on a envie de faire des choses, on a envie de tout brûler, de croquer la vie...
Comment retrouve-t-on cela dans la programmation ?
A la fois on a fait appel aux vieux briscards de Myhtos qui ont l'habitude de fréquenter le festival depuis 20 ans, et en même temps on a proposé à des artistes emblématiques qu'on avait jamais fait venir, autour desquels on tournait depuis des années, de venir marquer cette nouvelle ère. Il y a donc un peu plus de musique, c'est une façon de se décomplexer peut-être aussi. Mythos c'est un trait d'union entre le théâtre et la musique, et c'est ça qu'on a envie d'affirmer aujourd'hui, en essayant toujours de pousser un peu les murs, de rassembler les gens.
L'affiche musicale est particulièrement imposante cette année. N'avez-vous pas peur que la musique vienne "étouffer" le théâtre ?
Si, c'est toujours un risque. Mais c'est aussi une porte d'entrée. Depuis 20 ans on a toujours construit le projet autour de ça. "L'appât", c'est la tête d'affiche, et on vous propose d'aller à la rencontre d'artistes méconnus, de propositions insolites que vous n'avez pas l'habitude de "consommer"... C'est vrai que quand on fait une soirée avec Izia, ou Feu Chatterton et La Femme, on est dans le "gros appât", mais en même temps on va trouver un public qui va découvrir Mythos. Et puis il y a une partie du public, que l'on a construit d'année en année, qui va faire son parcours. Il participera par exemple à un spectacle qui s'appelle "La convivialité" et dans lequel il y a un débat sur l'orthographe... On sent que cela fonctionne, et si ce n'était pas le cas, on se poserait des questions sur notre capacité à faire ce trait d'union entre musique et théâtre.