Trois jours après la manifestation des Gilets jaunes à Paris, le jeune breton frappé au sol par un policier est rentré chez lui. "Il a des points de suture et se refait une santé", nous a confié son père. L'étudiant sera jugé en février pour violences sur les forces de l'ordre, ce qu'il conteste
Le jeune homme violemment interpellé par des policiers samedi lors d'une manifestation des Gilets Jaunes à Paris est rentré en Bretagne.
"Nous sommes un peu rassurés sur son état de santé, nous a confié son père, nous avons eu très peur, nous avons été choqués. Il a reçu des coups, il avait la tête en sang. Il a été examiné par des médecins à Paris. Il a aujourd'hui des points de suture, et se refait doucement une santé".
Clément, 20 ans, originaire de la périphérie rennaise, étudiant en IUT, avait été placé en garde à vue samedi, après avoir été violemment interpellé par des policiers devant l'armurerie de la gare de l'Est, en marge de la manifestation des "gilets jaunes".
Les images de son arrestation ont été largement relayées. Dans une première vidéo, on le voit allongé au sol, le visage ensanglanté, se faire frapper à deux reprises à la tête par un fonctionnaire de police. Dans une seconde, filmée par l'AFPTV, il crie de douleur, menotté, quand le policier lui appuie son genou sur le bras.
Sur la base de ces images, le parquet a ouvert dimanche une enquête pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique", confiée à l'IGPN, la police des polices.
De son côté, le préfet de police a lancé une enquête administrative afin "de faire toute la lumière sur cette action", quelques jours après un rappel à l'exemplarité formulé par Christophe Castaner.
Les versions diffèrent
Selon le récit d'une source policière, "le jeune homme aurait commis des violences. Il aurait été arrêté après avoir jeté une bouteille en verre sur un fonctionnaire, puis asséné des "coups de poings dans la tête" et des "coups de pieds dans le dos" d'un commandant en train d'interpeller un autre manifestant".
Des policiers seraient alors intervenus pour l'interpeller et le mettre à l'écart. L'un de ces fonctionnaires, ayant constaté que le jeune homme tait blessé au visage, aurait voulu lui porter les premiers soins.
Mais ce dernier aurait refusé son aide et lui aurait craché à plusieurs reprises "au visage et dans la bouche" tout en déclarant avoir le sida. C'est alors que le policier lui aurait, selon sa version, asséné une gifle puis un coup de poing pour le faire cesser.
"Une version des faits que conteste Clément", nous a expliqué son père. De leur coté, les avocats du jeune homme assurent que "leur client a été violemment frappé à la tête alors qu'il était maintenu au sol et qu'il ne représentait aucune menace". Ils avaient annoncé qu'ils allaient porté plainte.
Le jeune étudiant placé sous contrôle judicaire
Après 48 heures de garde à vue, l'étudiant breton a été déféré lundi devant un magistrat du parquet de Paris.
Ce dernier lui a notifié une convocation devant le tribunal correctionnel, où il sera jugé pour "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique", "rébellion et participation à un groupement formé en vue de commettre des violences et des dégradations".
Dans l'attente de son procès, qui se tiendra "dans le courant du mois de février", il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se rendre à Paris et interdiction de détenir une arme.