A Rennes, une nouvelle association propose des cours adaptés de pole dance aux femmes atteintes de cancer du sein. L'occasion de "se reconnecter à son corps" et de se retrouver entre elles pour valoriser leurs corps meurtris. Une journée de démonstration est organisée ce samedi pour Octobre rose.
"Lors de ce cours, on se retrouve entre femmes, avec chacune un corps mutilé. Et on se met à nu, d'une certaine manière. C'est un vrai combat avec soi-même. On peut dire que l'on se retrouve avec sa féminité."
Ces propos sont ceux de Kateline, 33 ans. La jeune Rennaise, atteinte d'un cancer du sein depuis trois ans, s'est essayé aux cours adaptés de pole dance. Elle y est arrivée après avoir testé l'escrime et la gym aquatique réservée aux femmes atteintes de cancer du sein.
Pour elle, pas de doute, ces cours de sports adaptés sont tous utiles, surtout après les traitements et les chimiothérapies. "Lorsque l'on suit des soins à l'hôpital ou ailleurs, on est très suivie et on se sent protégée, entourée. Or, à la fin de la chimio par exemple, on se retrouve un peu plus seule, peut-être moins protégée et on a la peur de la récidive. On suit alors scrupuleusement les conseils des médecins dont du repos, une nourriture saine et la pratique de sport".
Un sport adapté "plus valorisant" pour la féminité que d'autres
Et de poursuivre en souriant : "On a tous dans l'imaginaire de la pole, l'image de femmes sexy autour de la barre, mais ce n'est pas toujours le cas et j'ai trouvé que c'était plus cool de faire de la pole plutôt que de faire de la gym adaptée, comme on fait faire aux personnes âgées dans les maisons de retraite, avec des ballons en mousse. Moi, j'ai fait ça aussi à la Ligue et je me suis dit 'oh lala, au secours', c'était hyper déprimant".
Pratiquer la pole dance, c'est plus valorisant pour nous que d'autres activités.
La jeune femme qui est porteuse du gène BRCA1 [Être porteur d'une mutation sur l'un des gènes BRCA1 ou BRCA2 ne se traduit pas systématiquement par l'apparition d'un cancer, mais augmente les risques d'en développer un, NDLR], a eu une double ablation de sein à titre " prophylactique ", soit préventif. Elle a ensuite fait appel à de la chirurgie reconstructrice.
Une chirurgie qui bien sûr a laissé des traces dans le corps de Kateline qui ne peut donc pas trop solliciter certains muscles du haut du corps.
"Mais ce n'est pas un problème avec la pole dance adaptée" explique Laure-Anne Billot. Spécialisée dans la prise en charge post cancer du sein, cette kinésithérapeute rennaise explique qu'avec les cours adaptés qu'elle a développés avec une professeur de pole, certains mouvements sont proscrits et d'autres limités afin d'éviter de solliciter des muscles du haut comme "tracter au niveau des grands pectoraux".
"De plus, argumente Kateline, c'est plutôt le bas du corps qui travaille au contraire de ce que l'on pourrait penser en regardant des images de pole". "Après avoir essayé, moi qui avait tout le temps mal au dos et tout le temps mal au bras, et qui me disait 'je ne vais jamais y arriver avec les kilos en trop que j'ai pris à cause de la maladie', j'ai été surprise de constater que c'est le bas du corps qui te porte sur la barre avec les cuisses, les jambes et les abdos et qu'avoir un peu de graisse, ça te permet de mieux tenir accrochée à la barre donc loin de l'image de la femme svelte enroulée autour de la barre que l'on peut voir dans les illustrations de pole". Et de finir : "J'ai même eu le lendemain du cours, des courbatures 'agréables' en bas et dans le dos mais pas où j'avais eu des opérations".
Une association et une journée pour financer des cours
Et c'est bien pour toutes ces raisons que Laure-Anne Billot a crée il y a un mois l'association Rose'n Pole à Rennes. Elle a pour ambition d'offrir des cours à toutes ces femmes pour s'essayer à ce sport, qu'elles aient les moyens financiers ou non, "surtout qu'à cause de la maladie, ces femmes ont de nombreux frais dus aux soins, aux compléments alimentaires, ..." appuie-t-elle.
"Une séance revient à 20 € environ", détaille la kiné. Elle a donc eu l'idée de récolter des fonds. Une cagnotte en ligne a été créée sur la plateforme helloasso. Dans le cadre de l'opération Octobre rose, une journée de démonstration, de cours d'essai et d'information sur le dépistage du cancer du sein, a lieu ce samedi 2 octobre à Pole Air dream (1 place du Maréchal Juin à Rennes. contact : 07 86 88 50 63).
La journée se terminera par un repas au restaurant Le Goût des Autres à Rennes (réservation au 02 99 79 48 10) où une partie des bénéfices sera reversés à l'association.