Un policier municipal à Rennes entame, ce jeudi, son 7e jour de grève de la faim. Après une plainte pour harcèlement qui n'a pas abouti, il rend public le malaise qui règnerait au sein de la police municipale où travaillent 80 agents. Des syndicats accusent un autre syndicat d'en être responsable.
Ils sont huit représentants syndicaux, déployant banderoles et drapeaux au fronton du Palais Saint-Georges, élégant bâtiment historique abritant le service des pompiers et la police municipale de la ville. Des délégués syndicaux CGT, Unsa, Solidaires et CFDT, qui travaillent dans d'autres services municipaux que la police, sont venus soutenir deux policiers municipaux qui dénoncent un harcèlement de la part de leurs collègues. L'un des deux policiers municipaux a entamé une grève de la faim le 14 janvier 2021.
Ambiance délétère et pernicieuse
Policier municipal à Rennes depuis 3 ans, Nicolas est en arrêt de travail depuis 3 mois et a commencé une grève de la faim le 14 janvier 2021. Il ne s'est pas déplacé ce jeudi matin et les représentants syndicaux qui le soutiennent se montrent réticents à préciser les raisons du malaise qu'ils dénoncent.
J'ai l'impression qu'il y a des pressions entre agents, et que la déontologie n'est pas au rendez-vous. [...] On ne voudrait pas que la police municipale soit un Etat dans l'Etat.
La responsabilité d'un syndicat pointée
Mis en cause: le syndicat Force Ouvrière, qui serait majoritaire au sein de la police municipale rennaise. Le gréviste de la faim a confié aux autres syndicats avoir subi des pressions dès son arrivée dans la police municipale, et notamment après avoir refusé de s'affilier à FO. Il affirme que la centrale syndicale fait la loi au sein de ce service de la ville de Rennes. Par la suite, il a décidé d'adhérer à la CGT.
Nous, on entend qu'ils [les policiers municipaux] font un peu ce qu'ils veulent, il faudrait qu'ils soient recadrés. Il faut qu'on sorte de cette crise.
Enquête interne
L'intersyndicale comme Nicolas en appellent au service des ressources humaines de la ville. Ce dernier est déjà en contact avec le policier municipal en grève et encourage son retour au sein du service, qui compte environ 80 agents. Mais le gréviste de la faim estime que, même après l'enquête interne de la collectivité, au cours de laquelle plusieurs agents de la Direction de la Police Municipale et du Domaine Public ont été auditionnés, rien n'a changé dans l'ambiance de travail, et qu'il ne peut reprendre ses fonctions.
Plainte classée sans suite par le parquet de Rennes
L'employeur municipal, que nous avons contacté, rappelle par voie de communiqué de presse que deux enquêtes, l'une administrative, l'autre judiciaire, n'ont pas permis jusqu'ici d'établir la "matérialité" du harcèlement. "Après un temps d'enquête et de nouvelles auditions d'agents de police municipale, le Parquet vient de faire savoir que cette plainte serait classée sans suite, en arrivant à des conclusions similaires à celles de l'enquête interne."
Si de nouvelles informations étaient transmises par l'agent ou par une organisation syndicale, elles feraient bien sûr l'objet d'un examen attentif. Dans le cas où des éléments probants seraient établis, l'employeur n'hésiterait pas à prendre ses responsabilités et à sanctionner les responsables.
La municipalité exprime son inquiétude quand au risque pour la santé du policier municipal en grève de la faim. Elle n'annonce, pour l'heure, pas de nouvelles mesures concernant son service.