Porter une arme à feu, une revendication qui monte chez les policiers municipaux. En cause l'augmentation des situations où ces policiers se trouvent face à des délinquants armés. Ce mardi midi ils ont décidé de se mettre en grève pour être reçus par la maire de Rennes.
Au fur et à mesure des années à Rennes, les policiers municipaux observent une délinquance croissante et une augmentation des chiffres des incivilités.
« Surtout souligne Jérôme Jourdan, le secrétaire FO de Rennes métropole, les armes circulent de plus en plus à Rennes. L'été dernier c'est un homme à scooter qui a été arrêté parce qu'il ne portait pas de casque, mais on a trouvé dans sa banane un pistolet semi-automatique Glock 19 et un chargeur plein. Plus récemment un homme a été arrêté sur la dalle du Colombier très fréquentée à Rennes: il venait d'être repéré, grâce à la vidéo surveillance, en train de sortir un pistolet d'une chaussette sous la jambe de son pantalon. La personne n'a heureusement pas sorti l'arme à feu au moment de l'interpellation. C’est ce que craignent le plus les policiers municipaux: de se retrouver un jour sans défense, mis en joue et abattus comme ça s’est produit par le passé à Redon. Ce jour-là un policier est mort. Depuis, la municipalité les a armés, comme près de la moitié des policiers municipaux de France. »
98% des communes ont une police municipale, une moitié est armée.
La décision d’autoriser individuellement un policier municipal à porter une arme létale revient au préfet sur demande du maire. Depuis la circulaire de Bernard Cazeneuve du 23 juillet 2016, les maires peuvent demander une autorisation de port d’arme individuelle pour chaque policier municipal sans avoir à justifier d’une situation particulière en raison de la menace terroriste.
Il y a plus de communes à avoir pris cette décision dans le sud de la France que dans le nord. En Bretagne, elles sont plus rares qu’ailleurs mais dans la métropole rennaise, la police municipale de Cesson-Sévigné est armée depuis 1978.
À Rennes le besoin ne s’en était pas fait sentir jusqu’à ces dernières années, tant que le travail de la police municipale se déroulait de jour. Mais aujourd’hui, les policiers rencontrent plus de difficultés à sécuriser les soirées alcoolisées des fins de semaine, avec leurs cortèges d’agressions verbales et physiques. Parfois même les armes blanches s’invitent rue de la soif. Le pistolet à impulsions électriques peut devenir indispensable.
C’est le projet de la maire de Rennes qui a fait réagir les policiers municipaux
Aujourd'hui Nathalie Appéré parle d’élargir les horaires de nuit - de minuit à 3 heures du matin - et aussi de surveiller les quartiers . C'est ce qui a poussé les policiers municipaux à demander audience. En janvier déjà les policiers FO s'étaient agacés de ne pas être reçus par la maire de Rennes, aujourd’hui ils ne se contentent plus de gilets pare-balles, de « tonfa » et de « gazeuses », ils veulent un ensemble de dotations : pistolets à impulsions électriques pour immobiliser un agresseur, et armes létales pour pouvoir se défendre surtout de nuit. Cette revendication de FO a mené plus de la moitié des policiers municipaux à adhérer à ce syndicat aujourd’hui majoritaire.
Retrouver des armes sur des petits caïds revient trop souvent.
Pour le secrétaire de FO Rennes métropole ce ne sont pas les élections municipales qui déclenchent ces revendications, c’est l’augmentation des trafics de drogues et de voitures dans les quartiers. Ils se sentent de plus en plus exposés.
Voici les réponses des candidats à la mairie de Rennes
Nathalie Appéré
maire sortante - liste PS
Réponse par courriel transmis par Simon Letonturier (Permanent de campagne):"Ces dernières années, nous avons augmenté de 25 % les effectifs de notre Police municipale, afin d’étendre ses horaires d’intervention et de multiplier les patrouilles sur le terrain. Nous avons aussi créé une brigade canine, une brigade motorisée, et renforcé l’équipement des policiers municipaux.
Dans mon projet pour Rennes, j’entends répondre aux défis nouveaux qui se posent en matière de sécurité, dans un contexte national de progression et de transformation de la délinquance. Je propose de créer une Police municipale nocturne, et de continuer à augmenter les effectifs, en recrutant 40 nouveaux policiers municipaux. Je propose également de créer une brigade de lutte contre les incivilités. Enfin, pour faciliter les démarches des citoyens auprès de la Police municipale, nous ouvrirons, en 2023, une Maison de la tranquillité publique au Palais Saint-Georges.
Nous l'avons dit et répété : l’équipement des policiers municipaux est fonction des missions que nous leur confions. [...] La création d’une Police municipale nocturne fera nécessairement évoluer le contexte d’intervention des policiers municipaux. Dans ce nouveau cadre d’intervention, la dotation en Pistolets à impulsion électrique (PIE) paraît nécessaire. Si je suis réélue, nous aurons la discussion avec l’encadrement et les agents de la Police municipale."
Enora Le Pape
Liste La France insoumise
Réponse écrite SMS :1) Nous sommes favorables au recrutement de nouveaux agents pour 2 raisons principales :
- Pouvoir étendre leurs missions sur des problématiques environnementales (ex : lutter contre le dépôt sauvage d'ordures, contre les commerces qui n'éteignent pas leurs vitrines la nuit, contre l'encombrement des pistes cyclables par les voitures, etc.)
- Favoriser l'ancrage de la PM dans chaque quartier. L'objectif est d'installer des petites "Maisons de la tranquillité" dans chaque quartier dans lesquelles s'installeraient des équipes de la PM. Ces lieux seraient ouverts au public et permettraient d'approfondir le lien habitants-PM.
2) Nous sommes défavorables à l'armement de la PM pour la simple raison que cela reviendrait à confondre leurs missions avec celles de la Police Nationale. La PM n'a pas vocation à s'occuper des agressions, vols et autres violences, c'est le rôle de la PN. Chacun son métier, s'ils sont tous policiers, ils n'ont pas les mêmes tâches et ne doivent pas être confrontés aux mêmes situations.
Dès lors, il est pour nous hors de question de créer des brigades de policiers municipaux de nuit pour s'occuper de problèmes de sécurité, c'est le rôle de la PN. Une négociation devra avoir lieu avec le Ministère de l'intérieur pour assurer une meilleure présence humaine la nuit."
Matthieu Theurier
Liste écologiste EELV
Réponse écrite SMS :
"Nous refusons l'armement des policiers municipaux. Nous nous sommes exprimés depuis plusieurs années sur ce sujet. Le démantèlement des trafics de drogue et l'arrestation des trafiquants qui ont sévi à Villejean relèvent bien de la Police Nationale à Rennes, notamment pour lutter contre les trafics. Notre ville est trop peu dotée en policiers nationaux. Par contre, de notre point de vue, la Police Municipale a un autre rôle, un rôle de proximité, de dialogue et de médiation. Pour assurer ce rôle qui demande l'installation de liens de confiance avec la population, elle ne doit pas être armée.
La tranquilité publique passe ausi par une plus forte présence dans l'espace public, des associations, médiateurs et éducateurs."
Charles Compagnon
Libres d'agir pour Rennes
Au téléphone :"Au vu de ce qui s'est passé samedi rue du Bourbonnais à Villejean, des coups de feu il y a 15 jours à Cleunay et il y a trois mois à la Bellangerais, je dis que si on veut envoyer la nuit des policiers, ils doivent être armés.
On est bien à Rennes, oui mais pas à 3heures du matin.
Villejean, j'y suis allé la nuit incognito cinq jours avant la fusillade, sans arme je n'y vais pas. Je ne suis pas casque bleu avec un simple gilet pare-balles. Je n'enverrai pas mes hommes au casse-pipe. Rennes ce n'est pas Chicago mais il y a vingt ans on ne parlait pas de cela, alors si on veut de la sécurité la nuit dans tous les quartiers , ca serait irresponsable de les envoyer sans arme, avec juste un tonfa et une gazeuse."
Emeric Salmon
Liste Rassemblement national
Au téléphone:"Nous soutenons les revendications des policiers. D'abord avant la fin du mandat actuel, des pistolets à impulsions électriques auraient du être distribués à tous les policiers. Maintenant l'arme létale c'est devenu indispensable pour leur propre sécurité surtout la nuit c'est indispensable.
Quant aux effectifs j'envisage un doublement sous deux ans actuellement ils sont 75, ils seront 150.
Rennes est très en retard sur le reste de la France. Dans une grande ville on estime qu'il faut 1 policier pour 1000 habitants, à Rennes c'est 1 pour 3000.
Pour nous l'objectif à l'horizon 2026 c'est donc de multiplier les effectifs par 3 pour monter à 220 policiers municipaux."
Carole Gandon
Liste LREM
C'est Olivier Dulucq l'un des co-porte-paroles qui appelle au téléphone :
" Les policiers municipaux, on les avait rencontrés en janvier. Ils demandaient Taser et armes létales. Pour nous c'est l'articulation entre Police Municipale et Police Nationale qu'il faut régler pour mieux répartir les tâches.
La Police Nationale doit être en charge de la sécurité la nuit.
La Police Municipale doit soulager leur travail la journée et aussi le soir mais seulement pour les terrasses rue de la soif...
Mais c'est la mission de la Police Nationale de s'occuper de la sécurité la nuit.
La Police Nationale, ils ne sont pas non plus assez nombreux.
Pour les effectifs de la Police Municipale il faut revenir à la moyenne nationale.
Il faut aussi développer la vidéo protection.
Et il faut des antennes dans chacun des 12 quartiers de Rennes soit dans les mêmes commissariats que la Police Nationale, soit dans les mairies annexes. En centre ville il y a des solutions à République en location au palais du commerce.
Il y a une forme de déni de la municipalité actuelle: avec 40% d'incivilités en plus, c'est pire qu'ailleurs! "
Frank Darcel
Liste du Mouvement Breizh Europa
Message par téléphone :"Notre position c'est qu'on ne peut pas demander à la Police Municipale de palier au manque de moyens de la Police Nationale.
Quand nous on parle d'une Police Municipale de nuit, c'est uniquement pour agir contre le tapage nocturne à l'intérieur des immeubles et aux abords, pas du tout pour agir dans la rue en supplétif de la Police Nationale. Le problème c'est le manque d'effectifs de la Police Nationale la nuit."