Procès à Rennes d'un vaste trafic de cocaïne : les "mules" étaient recrutées en Guyane

"C'est une procédure d'ampleur, les transports étaient très organisés, certaines personnes organisaient le recrutement des 'mules' en Guyane" a déclaré la présidente du tribunal de Rennes en ouverture du procès d'un trafic de cocaïne, pour lequel 29 personnes comparaissent.

Ils seront 29 au total à comparaître devant le tribunal de Rennes, pour ce vaste trafic de cocaïne, qui s'est déroulé pendant deux années, entre 2018 et 2020 entre la métropole et la Guyane. Des mules étaient recrutées en Guyane pour acheminer la drogue jusqu'à Orly. 

Le procès s'est ouvert ce lundi et doit se tenir jusqu'au 26 novembre. Les prévenus, âgés de 23 à 56 ans, dont cinq femmes, comparaissent devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Rennes pour acquisition, détention, transport, offre ou cession non autorisée de stupéfiants, importation en contrebande, participation à association de malfaiteurs ainsi que blanchiment, pour six d'entre eux. 

"C'est une procédure d'ampleur, les transports étaient très organisés, certaines personnes organisaient le recrutement des 'mules' en Guyane pour être sûres qu'elles avalaient correctement la cocaïne, puis d'autres les prenaient en charge en métropole", a déclaré en ouverture la présidente du tribunal. 


Le tribunal a étudié les cas de six d'entre eux ce lundi, dont celui d'une femme. Une jeune mère de 6 enfants. Ces prévenus, âgé d'une trentaine d'années sont originaires du sud de la Guyane ou du Suriname. Des lieux reculés, proche du fleuve Maroni, par lequel la drogue transite, en provenance du Suriname. Certains ne parlent que le taki taki, la langue locale. Ils ont été recrutés par des  Guyanais pour transporter la cocaïne en métropole. Les mules étaient récupérées "par un individu, à l'aéroport d'Orly, en gare de Rennes, ou dans les Hauts-de-France avant de venir remettre le produit en Ille-et-Vilaine", a indiqué jeudi dans un communiqué le procureur de la République de  Rennes. 

L'argent transitait par les Pays-Bas avant de revenir au Suriname. L'enquête avait débuté fin 2018 à Orgères (Ille-et-Vilaine) au domicile d'un des prévenus. Les quantités transportées sont estimées entre 3 et 5 kilos par semaine pendant un an. Achetée moins de 5 euros le gramme au Suriname, la marchandise était revendue dix fois ce prix en France.
 

60 000 euros de gains en neuf trajets

La drogue est ingérée dans des ovules ou des "olives", qui chacune pèse 10 à 11 grammes. L'un des prévenus, Jacenco, raconte avoir effectué neuf voyages entre janvier 2019 et janvier 2020, lorsqu'il a été interpellé. Il pouvait ingérer jusqu'à 86 ovules, soit près d'un kilo de drogue. Il était rémunéré entre 6500 et 7000 euros pour chaque voyage. Il explique que l'ingestion durait "entre trois et cinq heures". "Je prenais des boissons gazeuses, du coca, pour faciliter l'absorption, ainsi que deux pilules constipantes avant et après", a-t-il déclaré à la barre. "De temps en temps, j'ai des douleurs dans la gorge et dans le ventre, des vomissements de sang et des ovules qui ressortent", ajoute-t-il, précisant que l'expulsion était aussi un moment douloureux. Avec l'argent récolté, il s'achète des vêtements et chaussures.
 

Interpellations en janvier 2020 à Rennes, en Guyane et dans les Hauts-de-France    

Les suspects ont été interpellés après une enquête de deux ans, en janvier 2020 à Rennes, en Guyane et dans les Hauts-de-France. Une opération qui avait mobilisé quelque 300 gendarmes. 100 000 euros avait été saisie à cette occasion ainsi que près de 5 kilos de cocaïne. Les prévenus, dont plusieurs têtes de réseau, encourent 10 ans de prison et jusqu'à 20 ans en cas de récidive. La douane a demandé une amende d'1,84 million d'euros.

 

 

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