Que s'est-il passé dans le centre-ville de Rennes, dans la nuit du 27 au 28 janvier ? Ce soir-là, une série d'agressions très violentes, accompagnées d'insultes racistes, ont eu lieu rue Saint-Michel. Aucune plainte n'a été déposée, mais des commerçants viennent d'adresser un courrier à la mairie.
Rue Saint-Michel, la fameuse rue de la soif rennaise, un vendredi soir de fin janvier. Des personnes sont attablées en terrasse, d'autres se baladent. Une soirée de fin de semaine, classique. Et puis, peu avant minuit, ils ont débarqué, à vingt, trente, quarante peut-être, tous habillés de noir, le visage masqué le plus souvent.
Les témoins parlent de saluts nazis, d'insultes racistes, de cris pour se réclamer de la Bretagne. Ils agressent des passants, donnent des claques, font voler tables et chaises sur leur passage, frappent à la volée. Un déferlement de violence très impressionnant pour tous ceux qui assistent à la scène. Les gens d'ailleurs paniqués fuient la rue et se réfugient où ils peuvent. Des faits qui vont se réproduire dans d'autres lieux de la ville et se répéter rue Saint-Michel jusqu'à 2h du matin.
Dans cette rue habituée aux débordements à la sortie des bars en fin de soirée, on évoque cette fois quelque chose de tout à fait inédit.
Des questions se posent après ces faits, relatés par de nombreux témoins
Qui sont ces casseurs ultra-violents ?Difficile à dire, des hooligans, des supporters de foot "ultras", à la veille du derby Rennes-Nantes, des Nantais, ou des Rennais ? La question reste en suspens, aucun témoin n'a de certitude sur la question. Les supporters nantais étaient interdits sur décision préfectorale dans le centre-ville de Rennes ce soir-là.
Pourquoi la Police appelée, n'est-elle pas intervenue ?
Des témoins disent n'avoir vu aucune patrouille de police ce soir-là. Le directeur de la sécutité publique, interrogé par une consoeur de France Bleu Armorique, précise lui, que la police serait passée à deux reprises sur les lieux, mais que le groupe s'était volatilisé. Quant à la vidéo surveillance, présente dans la rue, sous la responsabilité de la ville dans la journée, elle est transférée la nuit aux forces de l'ordre. Une enquête administrative interne serait d'ailleurs en cours au commissariat rennais pour savoir ce qui s'est passé ce soir-là.
Pourquoi le silence du côté des autorités ?
A la mairie, personne ne parle. Du côté de la justice, le procureur contacté, nous a confirmé qu'il n'y avait eu aucun dépôt de plainte. La semaine dernière les commerçants de la rue, s'étonnant du silence des autorités, ont rédigé une lettre et l'ont envoyée à des élus rennais. Une lettre qu'ils ont souhaité anonyme, redoutant un peu les représailles des casseurs, mais pour certains d'entre-eux, celles de la ville également, qui chercherait par tous les moyens à fermer les établissements de la rue, et "assainir" un quartier, bien connu des amateurs des fêtes rennaises.