Rennes : le 17 juin 1940, le bombardement de la gare ouvre les portes de la Bretagne aux troupes allemandes

17 juin 1940 au matin, il y a 80 ans, l’aviation allemande bombarde Rennes. A 12h30, le maréchal Pétain, nommé la veille président du conseil, annonce sa demande d’armistice. Le lendemain, le 18, de Gaulle lance son célèbre appel. Une page d’histoire de la Bretagne à découvrir.

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"Une violente explosion vers 10 h, une épaisse fumée couvrant Rennes, des rafales de mitrailleuse à la Courrouze et des explosions du côté de la gare", voilà ce que raconte un témoin du bombardement de Rennes en ce lundi 17 juin 1940.
Après un premier passage au-dessus de la ville en début de matinée, les bombardiers allemands, des Dornier DO 17Z, reviennent par l’est. Aucun risque pour eux puisque la défense anti-aérienne alliée s’est repliée dans la nuit.
 


Largage de bombes le long de la voie ferrée


Les crayons volants, comme les appellent les Allemands, en raison de leur profil, suivent les voies ferrées, passent au-dessus de la gare de triage et filent jusqu’à la gare au centre-ville. Lâchant des bombes le long du parcours, ils atteignent entre autres un train de munition et un train d’explosif.
 


Un train chargé d’explosifs en gare de Rennes


Mais ce n’est rien à côté du bombardement de la gare, qui va s’avérer une véritable boucherie. Une quinzaine de trains de marchandises, de réfugiés et de militaires, attendent pour fuir devant l’avancée des troupes allemandes.
Parmi ces militaires, des soldats français de retour d'Angleterre (après l’évacuation par la poche de Dunkerque) et des soldats anglais cherchant à atteindre un port pour rentrer chez eux, décidés à ne pas s’attarder dans ce bourbier français. Mais au milieu de ces wagons, un train chargé de douze tonnes d'explosifs, a été placé là par erreur, en pleine gare.
 


En explosant, ce train va créer un tel souffle que des débris de wagons sont projetés à 300 mètres et des vitres brisées à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Vue la puissance de la déflagration, beaucoup de corps sont déchiquetés et le nombre de morts impossible à dénombrer. Les estimations oscillent entre 1600 et 2000 victimes, dont à peu près 1000 morts.

 

 

 

La débâcle


Ce bombardement intervient en pleine débâcle militaire et civile puisque les armées allemandes avancent très rapidement vers l’ouest du pays. Quelques heures après le bombardement de Rennes, les troupes allemandes entrent en Bretagne.

En mai, les soldats de la Wehrmacht ont déferlé vers la Manche et occupé le Nord de la France. A partir du 4 juin, ils poursuivent la Blitzkrieg, la guerre éclair, en fondant vers l’Ouest. Paris est occupé le 14 juin. Six à huit millions de réfugiés français mais aussi hollandais ou belges se retrouvent sur les routes de France, tentant d’échapper aux troupes ennemies. Pour aller où ? Ils ne savent pas trop mais ils avancent tant bien que mal vers l'Ouest et le SudC’est dans cette situation de chaos que des milliers de personnes affluent dans notre région. On estime à 750 000 le nombre de réfugiés en Bretagne à la mi-juin 1940.

Les armées françaises et anglaises se replient elles aussi. Les troupes britanniques tentent de gagner des ports afin de renter en Grande-Bretagne.
 

Noeud stratégique


La gare de Rennes représentait un nœud stratégique, elle permettait de continuer vers le sud du pays, en passant par Nantes (Nantes sera occupée à partir du 19 juin 1940) ou d’avancer dans la péninsule bretonne. Le jour du bombardement, de nombreux trains étaient bloqués en gare de Rennes faute de  pouvoir poursuivre leur route. Cette attaque visait justement à anéantir toute solution de repli.  


De Gaulle à Rennes le 12 juin 1940


Devant l’avancée des troupes allemandes, le gouvernement de Paul Reynaud avait un temps envisagé de se réfugier à Quimper et de faire de la péninsule bretonne une terre de repli. L’idée était d’empêcher les Allemands de pénétrer en Bretagne et d’en faire une base arrière pour préparer une contre-attaque.

Le général de Gaulle, sous-secrétaire d'État à la Défense nationale et à la Guerre, est envoyé en Bretagne, le 12 juin 1940, pour examiner la pertinence de ce réduit breton. Rapidement le militaire se rend compte de l’utopie du projet. Impossible d’établir une ligne de défense alors que les routes sont encombrées de réfugiés.

Il plaide tout de même en faveur du déménagement du gouvernement à Quimper, y percevant la possibilité d’un exil des dirigeants par la mer soit en Afrique du Nord, soit en Angleterre en cas de besoin. Cette solution apparaît aux yeux de de Gaulle comme l’assurance de la pérennité d’un gouvernement français continuant la lutte. Mais le président du conseil, Paul Reynaud, à l’origine de cette idée, optera finalement pour une installation à Bordeaux. Le 16 juin 1940, il démissionne et laisse les rênes du pays au maréchal Pétain.

Le 17 juin à 12h30, alors que Rennes vient d’essuyer une attaque traumatisante, Pétain annonce à ses compatriotes depuis Bordeaux qu’il a demandé l’armisticeLe lendemain, le 18 juin 1940, le général de Gaulle lui répond depuis Londres par un appel mémorable (il ne reste aucun enregistrement de cet appel du 18 juin, très peu entendu par la population. De Gaulle relance un appel le 22, c'est celui-là qui fera mouche et dont nous possédons des enregistrements).
 

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