Depuis la semaine dernière, 78 mineurs non accompagnés sont hébergés dans l'ancienne caserne Guillaudot à Rennes. Une mesure prise par le département d'Ille-et-Vilaine, en charge de la protection de l'enfance, afin de faire face à l'afflux sans précédent de ces derniers mois.
C'est une solution provisoire qui n'a pas vocation à être pérennisée. Depuis jeudi 24 août, 78 jeunes de 14 à 17 ans ont pris place dans les locaux de l’ancienne caserne de gendarmerie Guillaudot, à Rennes. Le bâtiment, laissé vide depuis 2013, a été sécurisé et aménagé par le conseil départemental d'Ille-et-Vilaine afin d'en faire un centre d'hébergement pour une centaine de mineurs étrangers.
L'accueil y sera possible tant que le projet immobilier prévu en lieu et place ne sera pas engagé, dans deux ans environ. Les jeunes y seront logés deux par chambre, y prendront leur petit-déjeuner et auront des tickets restaurant pour manger.
"Je suis venu ici avec un rêve"
Les 78 jeunes migrants de ce nouveau centre sont de 12 nationalités différentes (Mali, Congo, Côte d'Ivoire, Albanie, ...) et ont tous fui soit la misère, soit la famine, soit la guerre civile. Pour Souleyman, arrivé au bout d'un long et difficile voyage depuis la Guinée comme un tiers des jeunes recueillis ici, c'est "un rêve" qui l'a porté jusqu'à Rennes il y a six mois. "Le rêve de devenir joueur de foot pro". Même si l'adolescent de 15 ans est déçu de sa situation par rapport à ce qu'il s'attendait, il "remercie Dieu d'avoir un toit et de pouvoir manger à sa faim". Malgré des moments de découragements, il ne baisse pas les bras et assure qu' "il est en France pour se construire un avenir". Il va effectuer sa rentrée en 3ème et suit des entraînements de foot à Bréquigny. Quand il joint sa famille, il enjolive la réalité. Il désire tant qu' "au 'bled', tout le monde soit fier de lui".L'une des trois filles du groupe, Gémina, une Congolaise de 17 ans, est en France depuis six mois. Elle a fui son pays suite à l'arrestation de ses parents. Elle prépare à Fougères un CAP de services à la personne. Ils ne seront pour l'instant qu'une dizaine dans les 78 à être scolarisés dans les semaines à venir.
Un afflux sans précédent depuis ces derniers mois
Évalués à environ 8 000 sur le territoire national, le mouvement migratoire de jeunes mineurs s'accentue ces derniers mois. Depuis le début de l'année, ils seraient près de 400 à être arrivés en Bretagne : 136 en Ille-et-Vilaine, 106 dans le Finistère, 79 dans le Morbihan et 69 dans les Côtes d'Armor.
Actuellement, l'Ille-et-Vilaine évalue à 450 le nombre de mineurs non accompagnés sur le département, dont 65 arrivés en août. Des chiffres qui sont difficiles à établir, les services sociaux ne pouvant pas aller à l'encontre des jeunes isolés pour les recenser et les prendre en charge. Ce sont aux jeunes migrants de faire les démarches volontairement auprès des services départementaux.
Sur tous ceux qui se présentent, 1 sur 5 en moyenne est effectivement reconnu mineur après un examen pluridisciplinaire réalisé par des psychologues, des médecins et des acteurs sociaux.