Deux policiers de la brigade de nuit ont été condamnés mardi à Rennes (Ille-et-Vilaine) à trois et quatre mois de prison avec sursis pour violation de domicile et l'un d'entre eux pour violence aggravée. Le tribunal a fustigé "le comportement inquiétant" des deux fonctionnaires.
Dans la nuit du 8 au 9 novembre 2018, à Rennes, deux fonctionnaires de police, appartenant à la brigade de nuit de Rennes, âgés de 35 et 43 ans trouvent suspect le comportement dans la rue d'un jeune homme de 18 ans. Après l'avoir suivi, ils effectuent un contrôle d'identité dans un jardin qui s'est avéré être celui de la maison familiale.
Bombe lacrymogène
Le jeune homme appelle "au secours" car l'un des policiers "l'étranglait", a-t-il expliqué dans sa déposition. Le père est alors sorti et tous deux se sont ensuite réfugiés dans la maison où les policiers les ont poursuivis. L'un d'eux fait usage de sa bombe lacrymogène dans le salon sur les habitants des lieux qui ont filmé la scène avec un téléphone portable et dont les images ont été projetées à l'audience début août. Ceux-ci avaient porté plainte tandis que le parquet avait saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Les fonctionnaires ont "voulu avoir le dernier mot", selon le tribunal
Dans son jugement, le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine) a qualifié "d'illégale" l'action des policiers, qui n'avaient "aucun droit" de pénétrer dans la maison, soulignant "qu'aucune injonction n'avait été donnée" avant l'utilisation des gaz lacrymogènes. Les fonctionnaires ont "voulu avoir le dernier mot" lors de l'intervention, a estimé le tribunal.
Le parquet, pour lequel les policiers ont "perdu leur sang froid", avait requis trois mois et six mois de sursis à leur encontre ainsi que le retrait d'autorisation de port d'arme pour l'un, ce que n'a pas retenu le tribunal. Ce dernier a d'ailleurs reconnu la "difficulté du métier de policier de nuit face à la violence et aux insultes".
"C'est catastrophique"
Me Frédéric Birrien, avocat des fonctionnaires, a jugé que ses clients étaient "blessés moralement" et qu'ils pourraient faire appel, l'un d'entre eux devant encore passer en conseil de discipline. "Un fonctionnaire de police qui se fait condamner pour une violation de domicile ou violence, c'est catastrophique..."."Comment réagirait-on sur place avec deux individus en pleine nuit avec potentiellement une menace ?", a-t-il ajouté, précisant que les victimes avaient un casier judiciaire fourni.
Nombreux soutiens
De nombreux policiers étaient présents à l'audience pour soutenir leurs collègues, a constaté un journaliste de l'AFP.