La cour d'assises d'Ille-et-Vilaine a requis ce vendredi entre 25 ans et 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre d'un homme de 65 ans accusé d'agressions sexuelles et viols d'une fillette au domicile des ses parents, eux-mêmes accusés de subornation de témoins.
A partir de 2002, les parents de Karine ont hébergé Roland Blaudy, connaissant pourtant ses antécédents d'attentats à la pudeur sur mineurs. Il a déjà été condamné en 2007 à 18 ans de réclusion criminelle pour viols de mineurs, dont sa propre fille, dans une autre affaire.
Roland Blaudy, qui jusqu'alors avait toujours nié les faits, a reconnu lors du procès à Rennes, qui a duré une semaine, avoir agressé sexuellement et violé entre 2002 et 2005 Karine, alors âgée de quatre à sept ans, au domicile de ses parents.
Du sursis requis pour les parents
Placée chez son oncle et sa tante en 2010 après une dizaine de signalements, Karine aurait également subi des pressions et des menaces de la part de ses parents, Anne-Marie et René Jambu, entre 2009 et 2011. Ils auraient demandé à leur fille de ne pas raconter ce que Roland Blaudy lui avait fait subir.Le couple a nié les faits durant le procès. Le père et la mère ont tout de même exprimé leurs regrets et s'excusent de ne pas avoir assez protégé leur fille. "Je l'aime même si on ne se parle plus", a expliqué le père.
L'avocat général a requis un an avec sursis à l'encontre de la mère et deux ans avec sursis à l'encontre du père pour subornation de témoin. Il a aussi requis une obligation de soins pour la mère, tenant compte d'une distorsion du discernement. Elle avait déjà été condamnée dans les années 80 pour avoir tué de plus d'une centaine de coups de couteau son premier enfant, issu d'un viol, à la naissance.
Une action en justice contre l'État
Karine, aujourd'hui âgée de 20 ans, a attaqué l'État pour faute lourde, après une dizaine de signalements à la justice sur sa situation, restés sans réponse. Une audience s'est tenue le 2 juillet à ce sujet, devant le tribunal de grande instance de Paris. Le jugement a été mis en délibéré au 17 septembre.Lors du procès, l'avocat général s'est refusé à commenter cette autre procédure mais a reconnu d'une voix émue que "la justice a manqué de clairvoyance au moment du signalement en 2003". Il a ajouté: "Nous avons des questions à nous poser au niveau de notre responsabilité professionnelle".