Arrêté le 8 août dans le Morbihan, Vincenzo Vecchi comparait ce mercredi devant la chambre d’instruction de Rennes. Les soutiens à ce ressortissant italien, condamné à de la prison pour avoir participé à des manifestations violentes lors du G8 à Gênes en 2001, étaient présents pour le soutenir
Ce mercredi, au plus fort du rassemblement, c'est près de 300 personnes, principalement des membres du comité de soutien à Vincenzo Vecchi, qui ont tenu à être présents devant la Cour d’Appel de Rennes.
C'est du côté de Rochefort-en-Terre, dans le Morbihan, alors qu'il vivait là depuis 8 ans, devenu peintre en bâtiment, que cet ex-militant anticapitaliste italien a été arrêté début août. Dès son interpellation, un comité de soutien s'est constitué pour éviter qu'il ne soit remis à la justice italienne. Incarcéré depuis son arrestation, cet Italien de 46 ans est sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, en vertu duquel il pourrait être remis par la justice française à l'autorité judiciaire italienne.
"On a zéro nouvelles de lui" depuis son interpellation il y a près d'une semaine, a expliqué Jean-Pierre, porte-parole du comité de soutien."On s'achemine vers un procès politique", a estimé le porte-parole. Il assure que le président de la République Emmanuel Macron "peut faire" ce qu'avait fait en son temps l'ancien président François Mitterrand, qui avait permis, dans les années 1980, à des militants italiens poursuivis dans leur pays de rester vivre en France. "Amener un antifasciste à un gouvernement fasciste, c'est du pain béni pour Salvini", l'actuel ministre de l'Intérieur italien, a fait valoir le porte-parole du comité de soutien.
Un supplément d'information indispensable
Avant l'audience, l'avocate rennaise, Me Catherine Glon, a rappelé que " la priorité est de faire entendre à la cour la complexité de sa situation (...) et de demander à la justice un supplément d'information afin que la cour puisse disposer de toutes les informations alors qu'actuellement, nous considérons que ce n'est pas le cas".
Catherine Glond, avocate de Vincenzo Vecchi et Gaëlle, soutien de Vincenzo Vecchi
/ Reportage : S. Ruaux - M. Thiébaut
Lors de l'audience, l'avocate a demandé la remise en liberté de Vincenzo Vecchi. Elle a souligné la légèreté de certaines procédures italiennes et le manque d'éléments essentiels concernant la condamnation de son client à Gênes. Elle a expliqué que la justice française se devait de vérifier qu'il n'y avait pas d'atteinte aux droits fondamentaux du prévenu dans le cadre de cette même affaire.
L'ex-activiste, recherché depuis 2001, a été condamné deux fois en Italie, en son absence en 2009 et 2007. Une première fois à Gênes (à 12 ans de prison) pour "dévastation et saccage" contre des biens pour sa participation au G8 de Gênes en juillet 2001 où un manifestant avait trouvé la mort, et une seconde fois (4 ans de prison) pour sa participation à une manifestation antifasciste, non autorisée, à Milan en 2006.
L’avocat général a requis que l’ex-activiste soit remis aux autorités italiennes, ceci pour sa deuxième condamnation concernant ses actions à Milan. Il a toutefois ajouté qu'il était conscient du manque d'éléments concernant la condamnation à Gênes. D'ailleurs, dans un communiqué, le parquet général de Rennes a précisé qu'il avait "demandé un complément d'information auprès des autorités italiennes en vue notamment de vérifier que la décision italienne a été rendue dans des conditions respectant le principe de contradictoire et de s'assurer que la peine n'est pas prescrite".
Si la chambre de l'instruction fait suite à la demande de complément d'information, "elle ne statuera sur la remise aux autorités italiennes qu'à l'issue d'une nouvelle audience", précise le communiqué.
La décision a été mise en délibéré au vendredi 23 août à 10h. D'ici-là, Vincenzo Vecchi reste en détention.