50 phrases essentielles, traduites dans 190 langues, voilà ce que permet TraLELHo, un site conçu par Marion, infirmière aux urgences du CHU de Rennes. Son outil facilite désormais la communication entre le personnel de l'hôpital et ses patients.
TraLELHo (traduction pour les étrangers à l'hôpital) est le site internet inventé par Marion Verdaguer, infirmière d'accueil la nuit aux urgences du CHU de Rennes. Il permet de traduire 50 phrases essentielles lors d'une consultation, réparties sur huit thèmes (les circonstances, la douleur, la neurologie, le respiratoire, le circulatoire, le malaise, le digestif, les antécédents).Un travail de collecte
Marion travaille seule sur ce projet depuis 2015, bénévolement. "Très rapidement je me suis retrouvée face à un vide quand je cherchais à traduire des phrases lors d'échanges avec les patients" explique t-elle. "Il y a des sites de traduction mais finalement en peu de langues, 12 à 15 langues." En tant qu'infirmière, elle se rend compte que ces problèmes de communication lui prennent "un temps fou pour établir un diagnostic."
Marion décide alors de développer son propre site, qu'elle code elle-même informatiquement car elle voulait "un site léger, avec un chargement rapide". Elle s'appuie sur la liste des langues de l'Organisation mondiale de la santé, qui en regroupe 195. En parlant avec ses collègues, des médecins, elle regroupe les besoins principaux, que faut-il avant tout demander aux patients ? Il s'agit de déterminer les phrases les plus utiles, adaptées à leur pratique comme "montrez moi où vous avez mal" ou expliquer "je vais vous examiner". Elle réalise le travail de traduction avec des volontaires dont c'est la langue maternelle.
À Rennes, Marion croise des Anglais, des personnes venant des pays de l'Est comme des routiers auxquels ils arrivent des pépins sur la route, "dernièrement des Polonais."
Les gens nous remercient de faire l'effort de nous comprendre. C'est important d'avoir un tel outil aux urgences, alors que les gens sont en panique et remplis d'incompréhensions.
En pratique, "les personnes arrivent à bien faire comprendre d'où ils viennent, ou reconnaissent leur drapeau si on leur présente" rajoute Marion.
Le site fonctionne bien et fait son chemin au-delà de la Bretagne, dans d'autres régions de France et à l'étranger. Marion travaille en ce moment avec le Canada pour une version anglaise, et la Thaïlande. Quelques langues lui manquent comme le Timor oriental, le Turkmène ou encore des dialectes. Elle en ajoute d'autres à la suite de contact comme le Luxembourgeois.
Elle aimerait pouvoir développer une application, qui serait plus pratique mais "ça coûte plus cher." Pour ceux qui le souhaitent il est possible de soutenir financièrement cette initiative via le site.