Des chercheurs du CNRS ont publié un atlas sonore des langues régionales. Il est possible d'écouter la même fable d'Ésope (écrivain grec) dans plusieurs langues. L'bjectif ? Donner une image sonore de l'ensemble du territoire. Le Breton et le Gallo sont évidemment représentés
"Un sujet qui déclenche les passions, aussi bien les accents que les langues régionales" c'est le constat de Philippe Boula de Mareüil, directeur de recherche au CNRS, spécialisé en linguistique. Avec deux autres collègues, Albert Rilliard et Frédéric Vernier, ils ont publié un atlas sonore des langues régionales, suite à un appel à projet lancé par la Délégation Générale à la langue française et aux langues de France (rattachée au Ministère de la Culture).La carte (ci-dessous) répertorie près de 125 communes. À chacune sa langue. L'internaute peut écouter une fable d'Ésope, en Occitan, Basque, Gascon, Breton, Gallo... Ésope, un choix pas si anodin, il dira que la langue pouvait apporter le meilleur, comme le pire.
Atlas sonore des langues régionales de France
Une même fable d'Ésope peut être écoutée et lue en français (en cliquant sur Paris) et dans une centaine de variétés de langues régionales (en cliquant sur les différents points de la carte)
Donner une image sonore du territoire
Depuis plusieurs années, Philippe Boula de Mareüil collecte des enregistrements à travers toute la France. Il rencontre des locuteurs natifs, pas "de linguistes" précise t-il, ici une dizaine pour le Gallo, une dizaine pour le Breton. Les Bretons sont d'ailleurs souvent les plus critiques : "on m'a reproché des erreurs de liaison, en me disant ça c'est typique des néo-locuteurs...ou alors ça ne reflète pas les particularismes de telle ou telle région."
Le chercheur explique : "il s'agit de montrer une réalité. Quand on me dit qu'il ne faut pas morceler la langue, il faut bien voir que celle-ci n'est pas homogène et sa richesse vient de sa diversité."
L'atlas linguistique sonore pour se rappeler un patrimoine
La tradition de l'atlas linguistique remonte à plus d'un siècle. Les progrès permettent désormais les enregistrements et donnent à écouter la variété des langues régionales. "Pas mal de langues minoritaires sont en danger" rappelle Philippe Boula de Mareüil et d'ajouter "Mais c'est une réalité encore présente."
Le projet fait en tout cas des émules. Des personnes se sont manifestées d'elles-mêmes en envoyant leurs enregistrements. Les chercheurs du CNRS prévoient d'étendre la carte aux territoires d'Outre-Mer et de la compléter.