Le rassemblement avait commencé vendredi soir (27 mai) à la carrière de La Roche à Laillé et s'est terminé dimanche à la mi-journée. Les riverains déplorent de ne pas avoir été avertis et dénoncent les nuisances sonores, alors que la free-party est la troisième organisée en un mois près de leur résidences.
Le long d’une petite route entourée par les champs, des centaines de voitures attendent les unes après les autres pour quitter la carrière de La Roche, tout près de la commune de Laillé, où se termine, dimanche 29 mai, une rave party.
Quelques centaines de personnes continuent de danser aux rythmes de sons technos alors que la free-party commencée vendredi soir s’apprête à lever le camp.
"On avait besoin de faire la fête, de se vider là tête. Je n'ai pas les moyens d'aller en boîte alors on se rassemble ici", lance Damien (le prénom a été changé), un ouvrier agricole. Le jeune homme de 26 ans, arrivé samedi, confie que c'est pour lui l'une des rares occasions de rencontrer des jeunes issus d'autres milieux : "en teuf, il se passe quelque chose, on se parle et on ne se juge pas".
Deux scènes installées sur le site
Sur le terrain terreux entouré par la roche, deux scènes différentes sont proposées aux fêtards. La plus grande diffuse sur des dizaines de bases les mixes artistes qui se succèdent. Sur la seconde installation, qui a demandé trois mois de réalisation à un artiste, des artistes de Hip-Hop se sont produit. "J'ai rarement vu ça dans une free-party et ça fait plaisir", confie le sourire aux lèvres, un jeune homme de 25 ans qui se fait appeler Roquette, tout en regagnant la route principale. Peu après lui, Luis quitte la free-party "je suis venu de loin, c'était l'occasion de fêter mon anniversaire", affirme Luis, venu tout seul de Carrey pour l'occasion.
Julie, une étudiante rennaise, confie s'être sentie en sécurité pendant la soirée qu'elle a passée sur place "grâce aux tentes qui ont proposé un accompagnement aux teufeurs qui ne se sentent pas bien".
Au pic de l'événement, la gendarmerie comptait près de 800 personnes rassemblées dans la petite carrière du lieu-dit et les plaques d'immatriculation des véhicules de stationnement le long d'un chemin de terre menant à la carrière montrent qu'elle venait de toute la région et parfois plus loin.
"On les a entendus toute la nuit"
Le bruit des enceintes, qui se propageait jusqu'aux habitations sur les hauteurs du lieu-dit, a progressivement disparu jusqu'à la fin de l'événement autour de 14 heures dimanche. De quoi soulager les riverains, qui restent agacés par l'afflux massif de personnes et de véhicules devant leurs résidences. "On les a entendus toute la nuit, la musique était trop forte, ça nous a empêchés de dormir et ça nous a donné des maux de crâne", affirme Mélanie, qui habite à quelques centaines de mètres de l'événement. Son compagnon, Grégory, explique avoir déjà dû quitter son domicile "pour ne pas avoir à entendre la musique à fond toute la journée".
La rave party est la troisième de ce type en un mois dans la carrière de La Roche. Le couple, avec quelques-uns de leurs voisins, a décidé de créer un collectif afin de porter plainte. "On appelle les gendarmes à chaque fois, mais ils disent qu’ils ne peuvent rien faire. On va porter plainte, on pense que c'est la seule solution", estime Grégory.
"On appelle les gendarmes à chaque fois, mais ils disent qu’ils ne peuvent rien faire. On va porter plainte, on pense que c'est la seule solution"
Grégory, un riverain de la commune de LailléFrance 3
Un arrêté municipal pour interdire ces rassemblements
L'esprit des habitants s'est échauffé dimanche matin après l'incendie, rapidement maîtrisé, d'une grange adossée à une habitation, déclenché par un mégot. "J'ai eu peur pour mes enfants. Des fêtards sont venus nous avertir du feu, mais ça aurait pu être plus grave", estime une riveraine. "Ce sont des jeunes, c'est normal qu'ils puissent faire la fête, mais il faut leur trouver un terrain pour le faire sans que ça nous nuise", estime-t-elle.
Si l'événement se tient une fois par an, on peut anticiper, là ça peut recommencer chaque week-end"
Une riveraine de la commune de Laillé
La mairie de Laillé a mis en place un arrêté municipal, pour interdire ce genre de "rassemblements festifs sans autorisation" et permettre de verbaliser les contrevenants. Un courrier a aussi été envoyé à la Préfecture mi-mai, pour lui demander d’empêcher la tenue de nouvelles raves.
Quelques gendarmes sont restés pendant trois jours autour du rassemblement, sans intervenir. Dimanche, à la mi-journée, les fêtards pliaient bagage en marchant, en auto-stop ou en voiture. Sur la route, le contrôle de la gendarmerie est systématique pour chacun d'entre eux. À l'intérieur de la carrière, quelques-uns restent pour nettoyer les lieux marqués par trois jours de fête. "On va se reposer enfin, mais jusqu'à quand ?", s'interroge Mathilde, avec un air désemparé.