Le Space, le salon international de l'élevage, se tiendra à Rennes du 13 au 15 septembre. "Climat et élevage", c'est le thème de cette 35e édition. L'agriculture, qui émet 19 % des gaz à effet de serre, dit se préoccuper de son impact sur l'environnement. D'ici 2050, le secteur devra avoir atteint la neutralité carbone.
En France, l'agriculture représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), dont 8 % proviennent de l'élevage. Comment la filière peut-elle rester performante en intégrant le bas carbone et la sobriété énergétique ? Vaste problématique dont le Space a décidé de s'emparer cette année.
Le salon international de l'élevage, qui se déroulera du 13 au 15 septembre à Rennes, pose la thématique sur la table des débats, d'autant que, d'ici 2030, l'agriculture va devoir abaisser d'au moins 55 % ses émission de GES pour atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050.
"ClimatCulteur"
Au cours de ces trois jours, "des solutions innovantes seront présentées pour aider les éleveurs à adapter leurs équipements et leurs pratiques pour restreindre l'impact carbone de leur activité, explique Didier Lucas, responsable d'Espace pour demain au Space. Par exemple, individualiser l'alimentation des animaux pour lutter contre le gaspillage, utiliser d'autres techniques d'épandage du lisier pour éviter son évaporation, etc".
Des agriculteurs viendront témoigner, en particulier ceux qui se sont inscrits dans le parcours "ClimatCulteur", projet né d'un partenariat entres les Chambres d'agriculture de Bretagne, Pays-de-Loire, PACA, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine et Hauts-de-France. Objectif : construire des parcours bas carbone dans les filières bovines, ovines, volailles et porcs notamment.
L'agriculture essaie de s'adapter pour avoir le moins d'impact possible sur le climat
Didier Lucas, responsable d'Espace pour demain au Space
En Bretagne, cinq exploitations se sont portées volontaires pour expérimenter le projet "ClimatCulteur". "Chacun aborde ce challenge à son rythme. Pour certains, le levier sera de limiter les consommations énergétiques ou de la production, pour d'autres, ce sera l'implantation de haies bocagères" souligne encore le responsable d'Espace pour demain.
Le salon de l'élevage de Rennes, qui fête ses 35 ans, veut contribuer à faire bouger les mentalités. "Quand on discute avec les jeunes dans les centres de formation, il y a une vraie prise de conscience de leur part" relate Didier Lucas. Et chez les anciens ? "Ça avance. L'agriculture a forcément un impact sur le climat, on le sait. Elle essaie de s'adapter pour en avoir le moins possible et les agriculteurs font des efforts" dit-il. Reste que certaines pistes, comme la méthanisation ou l'injection de lisier directement dans les sols, soulèvent des interrogations et font débat.
Près de Rennes, un élevage qui consomme moins
Au Rheu, près de Rennes, depuis qu'il a repris l'exploitation de ses parents en 2017, Romain Marqué a choisi de revoir le modèle économique, social et environnemental de l'élevage qui compte, aujourd'hui, 140 vaches laitières. Une ferme moins consommatrice en eau et en énergie qui, en quatre ans, est parvenue à réduire son empreinte carbone de 1.000 tonnes.
Le jeune homme s'est donné les moyens pour que son activité soit plus respectueuse de la terre, mais aussi du bien-être animal. La salle de traite a remplacé le robot. Les vaches viennent y donner leur lait accompagnées de l'éleveur qui les branche, une par une, à la machine à traire, à heures fixes. Elles ne mangent que ce dont elles ont besoin et portent des colliers d'identification pour individualiser leur alimentation.
Maîtrise de l'eau
L'eau chaude qui sert à nettoyer les trayeuses est produite grâce à l'énergie solaire, en circuit fermé puisque l'exploitation est équipée d'un système de recyclage. La maîtrise de la ressource est un paramètre important, d'autant plus que la sécheresse est venue malmener les élevages cet été. "On a installé des compteurs avec des alertes sur les surconsommations, en cas de fuites, explique Romain Marqué. On fait des économies d'eau immédiates car on est alertés tout de suite".
Les évolutions environnementales sur une ferme ne se font pas en six mois. Cela prend du temps
Romain Marqué, éleveur près de Rennes
L'éleveur a également réimplanté des haies de bocage dans ses prairies. "Pour donner de l'abri naturel aux vaches, note-t-il. On a mis aussi à disposition des parcelles en herbe pour un pâturage quotidien, 200 jours par an".
Romain Marqué, qui défend une agriculture "moderne et responsable", rappelle que "les évolutions environnementales sur une ferme ne se font pas en six mois. Cela prend du temps. Mais c'est payant".