Stéphane Mulliez, directeur de l'ARS Bretagne : “L'idée c'est de ne pas faire comme avant"

Primes covid, Ségur de la santé, dépistage... En cette semaine de mobilisation des soignants et alors que la pandémie marque le pas, le directeur de l'Agence régionale de santé estime que l'organisation du système de santé doit évoluer en tenant compte de la gestion de la crise sanitaire. 

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Comment les personnels des établissements de santé, qui se sont mobilisés pendant la pandémie de coronavirus, seront-ils récompensés en Bretagne ?

 

En Bretagne, une enveloppe de 30 millions d'euros est débloquée pour ces primes. Chaque soignant de chaque établissement de santé, qu'il soit public ou privé, recevra donc 500 euros. Ceux qui ont été davantage mobilisés dans des services, qui ont pris en charge des malades du Covid-19, percevront 1 500 euros. Quant aux salariés des Ehpad, il leur sera versé une prime de 1 000 euros chacun.

 

Stéphane Mulliez, directeur de l'A.R.S. Bretagne ©France 3 Bretagne

 

Les soignants, qui sont descendus en nombre dans la rue mardi 16 juin, jugent ces primes insuffisantes. Entendez-vous leur cri d'alarme ?

 

J'entends tout à fait. Au niveau national, nous réfléchissons dans le cadre du Ségur de la santé, à des éléments de rémunération, de parcours professionnels mais aussi de réorganisation globale de notre système de santé. C'est un état d'esprit qu'il faut arriver à faire émerger suite à cette crise. L'idée, c'est de ne pas faire comme avant. (...) Il y a eu une formidable énergie, une mobilisation des soignants, une agilité et une réactivité dans les prises en charge. Nous devons capitaliser cela et le pérenniser dans le temps. C'est le cas notamment des hospitalisations à domicile, qui ont fortement augmenté ces trois derniers mois. A mon sens, cela fait partie des pistes de réflexion.

 

Stéphane Mulliez, direction de l'A.R.S. Bretagne ©France 3 Bretagne

 

Il y a aussi des enjeux d'organisation au sein de l'hôpital. Pendant la crise, certaines actions y ont été simplifiées, ce qui a permis aux soignants d'être davantage réactifs. Nous devons essayer de gommer toutes les complexités dans le fonctionnement des hôpitaux. Je pense que c'est aussi une attente forte des personnels qui se sont exprimés dans la rue.

 

 

Où en est-on en Bretagne des tests de dépistage, à commencer dans les abattoirs bretons qui se sont révélés être des foyers épidémiologiques ?

 

Dans les entreprises agro-alimentaires, où des cas de covid confirmés ou même suspects ont été signalés, nous avons organisé des grandes campagnes de tests virologiques c'est à dire par prélèvement naso-pharyngés. A l'abattoir de Kermené (Côtes-d'Armor), 1 200 personnes ont ainsi été testées. L'objectif est à la fois d'isoler la personne malade en la mettant en arrêt de travail, faire de même avec toutes les personnes-contacts et ainsi de casser la propagation du virus dans ces collectivités. A Kermené, l'entreprise a, en plus, choisi de faire passer aux salariés des tests sérologiques pour voir si les salariés avaient contracté le Covid sur une période plus ancienne. Dans ces clusters, l'épidémie est actuellement maîtrisée mais ils restent sous surveillance.

 

 

Plus généralement, depuis le début du déconfinement, nous poursuivons une campagne de dépistage massive que ce soit auprès des collectivités ou des particuliers. C'est très important même si tous les indicateurs de l'épidémie sont en baisse continue en Bretagne depuis la mi-avril: hospitalisations, notamment en réanimation, nouveaux cas, nombre de passages aux urgences ou en consultation de ville.

Au plus fort, dans la semaine du 11 au 18 mai, nous avons testé jusqu'à 8 500 personnes en Bretagne. Cette semaine encore, 6 000 tests ont été effectués. Laboratoires publics, privés et même les laboratoires départementaux vétérinaires sont mobilisés pour les réaliser. 

 

Stéphane Mulliez- directeur de l'A.R.S. Bretagne ©France 3 Bretagne

 

Combien de personnels soignants ont contracté le virus et sont tombés malades ?

 

En Bretagne, 365 agents des hôpitaux ont contracté le covid-19. Dans les Ehpad, on dénombre 237 personnels tombés malades à cause du virus.

 

 

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