Etre juré aux Assises. La reconstitution d'un procès à la cour d'Assises est le prétexte au documentaire "A vous de juger" pour s'immiscer dans l'intimité des jurés. Et si c'était votre tour d'être tiré au sort ?
Ceux qui ont fait l'expérience d'être juré d'Assises dévoilent devant la caméra de Brigitte Chevet leur intime expérience. La réalisatrice met en scène le déroulé d'un procès d'Assises. Des citoyens tirés au sort qui garderont une marque indélébile de cette épreuve dans laquelle on leur demande de juger des crimes.
Le rôle de juré commence pour tous de la même manière : la réception d'un courrier de la préfecture de police vous annonçant votre convocation obligatoire.
En arrivant dans la majestueuse salle de la cour d'Appel de Rennes qui sert de décor à la reconstitution, le jury mesure immédiatement la charge qui l'incombe.
On arrive dans cette salle, très solennelle, on se sent très petits, comme des enfants, avec la peur d'être jugés nous-même.
Une jurée
Puis, les jurés lèvent la main droite et prêtent serment devant le président de la cour : "Vous jurez et promettez d'examiner avec attention la plus scrupuleuse, les charges qui sont portées contre l'accusé. Vous décidez suivant votre conscience et votre intime conviction, avec la fermeté et l'impartialité qui conviennent ".
Une expérience forte et perturbante
La fonction de juré s'exerce de façon continue et à temps plein durant tout le temps nécessaire à l'examen de l'affaire. Les journées sont longues. Mais les jurés s'engagent à être entièrement investi : écouter les récits, ne montrer aucune émotion, soutenir le regard des accusés, regarder des vidéos de pièces à conviction parfois d'une extrême violence, écouter les rapports d'experts, prendre des notes mais toujours rester impartial.
Enfin, dans le secret de l'antichambre, relâcher ses émotions et pleurer souvent.
J'ai été très secoué par ce procès, j'ai mis trois à quatre mois à m'en remettre physiquement et psychologiquement.
Un juré
Certains ne pourront pas suivre le procès dans sa globalité. Certificat médical à l'appui, ils abandonneront faute de pouvoir surmonter la réalité de l'affaire pour laquelle on les sollicite.
La délibération
Et enfin, vient la sentence, annoncée dans la solennité. Les jurés sont pressés alors de quitter immédiatement les lieux dans la discrétion et la réserve de rigueur, tout comme les juges et le président de la cour. Les voix s'éteignent et le tribunal se vide.
Maintenant les jurés devront apprendre à vivre avec cette expérience de justice, qu'ils soient d'accord ou pas d'accord avec la sentence.
L'avocat général parle, l'avocat de la partie civile parle, l'avocat de la défense parle, et là ça vous retourne le cerveau. Quand chacun de ces hommes et de ces femmes a parlé, vous vous dites, je suis d'accord.
Un juré
Une expérience indélébile
Cette vision de la justice des hommes, vécue de l'intérieur, ne laisse pas le juré de marbre. Le besoin de partager l'expérience est fréquent. Parfois un sentiment de frustration perdure.
"Le cas de l'acquittement du violeur, ça, je ne l'ai toujours pas digéré " témoigne l'une d'entre eux.
La réalisatrice Brigitte Chevet reconstitue la trame d'un procès d'Assises et nous guide dans le récit intime de l'expérience de quelques jurés, dans ce documentaire à voir sur France 3 Bretagne, jeudi 27 octobre à 23:00, et en replay sur francetv.fr