Une centaine de pompiers professionnels d’Ille-et-Vilaine se sont rassemblés ce midi à Rennes, place de la mairie. L'intersyndicale (CGT et Autonome SPP-Pats) dénonce un danger "d'iniquité de secours" entre les grands centres urbain et le milieu rural.
Ils sont en grève depuis le 23 septembre. Bien évidemment le 18 est toujours en service, les pompiers assurent l'opérationnel des secours, dans leurs véhicules redécorés "en grève" à la peinture blanche, mais ils n'effectuent plus les taches administratives, les manoeuvres d'entraînement, ou les exercices physiques. "Refus d'obéissance" disent-ils. Et dans ce corps constitué, ça passe plutôt mal auprès de la hiérarchie. Depuis le début du mouvement, les directeurs des centres de secours du département ont déposé déjà 250 demandes de sanctions à l'encontre des grévistes.
Pompiers des villes, pompiers des champs
En cause, l'équilibre qu'ils ne jugent plus tout à fait naturel entre les les pompiers professionnels et les pompiers volontaires. Si le recours aux pompiers volontaires est traditionnel en milieu rural, il l'est moins dans les grands centres urbains, où la majorité des effectifs est composées de professionnels au statut de fonctionnaire. Les grévistes ne visent pas à accabler leurs collègues volontaires, dont l'action bénévole n'est certainement pas à mettre en cause. Mais les pros déplorent qu'il n'y ai plus de recrutement, au profit d'un recours de plus en plus systématique à des pompiers volontaires, en ville, voire à des postes à responsabilité. Pour les professionnels c'est de l'emploi déguisé, au dépens de leurs propres carrières.
Point non négociable
Aujourd'hui se tenait un Comité Technique Paritaire entre les organisations syndicales représentatives, le vice-président du conseil général, et la direction départementale des secours d'Ille-et-Vilaine. Pierre d'achoppement à l'ordre du jour : la volonté de la direction de réduire la part de pompiers professionnels dans les centres de Rennes et de Saint-Malo, en les remplaçant par au moins trois pompiers volontaires, en poste 365 jours par an, 24/24. Le directeur des secours d'Ille-et-Vilaine, le Colonel Patet, en a fait en "point non négociable". Et dans ce comité à l'avis consultatif, c'est la direction qui a le dernier mot.
Pompiers étudiants
Se pose alors la question de la disponibilité de ces pompiers volontaires. Ils ont un emploi le jour, ils sont pompiers la nuit, par roulement, de garde le week-end ou les jours fériés. Il arrive souvent que des centres de secours du département n'aient pas l'effectif minimum requis. Pour réduire l'effectif de trois pompiers professionnels dans les quatre centres de Rennes et Saint-Malo, selon le souhait de la direction, il faut trouver trois équivalents temps-plein, volontaires, disponibles. Le recours à des étudiants a donc été évoqué cet après-midi.
Retour de flamme
Fermement opposés à cette option de "volontaires en poste" en milieu urbain, les pompiers professionnels envisagent ce soir de durcir leur mouvement. Barrages filtrants, rencontre avec les élus du conseil général, et probablement plus de peinture blanche sur les camions rouges.Jeudi prochain, une vingtaine de pompiers grévistes est convoquée par la direction départementale pour un "entretien préalable à sanction". D'autres convocations devraient suivre.