La mère d'un adolescent de 14 ans, qui a été maintenu reclus depuis sa naissance au domicile familial, comparaîtra, le 5 octobre 2023, devant le tribunal judiciaire de Rennes pour "privation de soins". Le garçon avait été jugé "anormalement maigre" lors d'un passage aux urgences où sa mère l'avait emmené.
L'affaire de cet adolescent de 14 ans maintenu reclus au domicile familial depuis sa naissance avait fait grand bruit au printemps 2023. Sa mère sera présentée ce 5 octobre devant le tribunal de Rennes pour "privation de soins" et "soustraction par un parent à ses obligations légales".
C'est en juillet 2022, suite à un passage aux urgences pédiatriques de l'hôpital sud de Rennes, que la justice se saisit du dossier. Ce jour-là, le garçon est emmené au centre hospitalier par sa mère alors qu'il vient de faire un malaise.
Il y reçoit rapidement des soins puis le CHU effectue un signalement estimant son poids nettement inférieur à la normale. Le parquet émet une ordonnance de placement provisoire de l'enfant auprès de l'aide sociale à l'enfance.
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La mère, originaire d'un milieu aisé, est placée en garde à vue tandis qu'une enquête préliminaire est ouverte. Son placement sous contrôle judiciaire est ordonné dans l'attente de son procès.
"Dossier atypique"
Interviewée par France 3, en mai 2023, cette femme déclare que son fils est "heureux, épanoui et doté d'une très bonne élocution avec un environnement culturel très riche". Il n'allait pas à l'école, car au départ, dit-elle, "il y a eu des couacs administratifs". Puis elle a découvert les "apprentissages autonomes. À Paris (où il a vécu jusqu'à l'âge de 8 ans, NDLR) nous sortions tous les jours, au musée, en bibliothèque, ludothèque, au théâtre, faire du sport, etc... " relate-t-elle.
Me Emmanuel Ludot, son avocat, déplore "un tel traitement judiciaire pour un dossier atypique". Selon lui, l'enfant est "sur-aimé, sa maman l'étouffe et lui fait ce qu'il veut, il mange ce qu'il veut, il étudie ce qu'il veut. Il y a un trop-plein d'affection, contrairement à beaucoup de dossiers d'enfants maltraités où c'est l'inverse" affirme-t-il à l'AFP.
"Ni maltraité ni dénutri"
Pour Me Ludot, elle a eu le tort de refuser de "collaborer avec les services sociaux, c'est ça qui a déclenché" les poursuites. "Il est certain qu'elle n'est pas dans la norme mais on a l'impression que la justice se jette sur une famille et ne la lâche plus" ajoute l'avocat, qui assure que l'adolescent n'était "ni maltraité ni dénutri mais a une corpulence frêle, 33 kg pour 1m47" au moment de son placement.
Il réfute également tout retard mental chez l'enfant. "L'aide sociale à l'enfance a constaté qu'il excellait dans certaines matières, comme en littérature, mais a trouvé des lacunes dans d'autres, comme les maths" précise encore l'avocat qui ajoute que depuis son placement en foyer, l'adolescent n'a toujours pas été scolarisé.
La mère de famille encourt une peine maximale de 7 ans de prison et 100.000 euros d'amende.
(Avec AFP)