Depuis la généralisation de l’utilisation de l’intelligence artificielle, les fameuses IA, des professeurs remarquent que des copies d’élèves ne semblent pas écrites par eux-mêmes mais générée par un robot. Deux professeurs ont décidé de sensibiliser leurs élèves à un usage éclairé des IA.
Via les réseaux sociaux sur leurs téléphones ou discrètement sur l’ordinateur dans leur chambre, tous ces collégiens ont déjà essayé de créer automatiquement un texte ou des images via l’intelligence artificielle, l’IA.
J’ai eu des doutes sur les copies de certains élèves.
Cathy Angoujart, professeure de français au collège
La France est le 3e pays qui utilise le plus l’outil le fameux ChatGPT, ce robot qui semble répondre à toutes les questions immédiatement. Vous désirez connaître une recette de cuisine, résoudre un problème mathématique, rédiger une dissertation, ChatGPT peut le faire à votre place.
La tentation est grande pour les adolescents de l’utiliser lors d’un devoir à rendre à la maison. “Il y a quelques mois, j’ai eu un doute sur les copies de deux élèves de 4e” sourit Cathy Angoujart, professeure de français au collège Françoise Dolto près de Rennes. “Ces copies étaient trop parfaites, lisses. J’ai demandé aux élèves de refaire leurs devoirs en classe avec un papier et un crayon. Le résultat était bien différent.”
Comme dans le monde de la presse, du marketing, de l’illustration, les outils d’intelligence artificielle font bouger le cadre du milieu éducatif mondial. En France, un jeune sur deux de 13 à 25 utilise déjà ces outils pour générer des textes ou des images. Ce 4 octobre 2023, l’Unesco, l’organisation internationale pour l’éducation, appelle les gouvernements à former et à développer l’esprit critique des élèves à partir de 13 ans sur les intelligences artificielles.
Devenir des utilisateurs éclairés
En Bretagne, deux professeurs se lancent. “On ne peut pas faire comme si l’intelligence artificielle n’existait pas, cela fait maintenant partie de leur quotidien. Nous devons en tenir compte” souffle Erwan Lenevette, professeur de technologie. Ensemble, Cathy et Erwan proposent une coanimation sur l’IA. “Cela sera un fil rouge dans l’année scolaire” souligne le professeur de technologie.
“Le but est d’en faire des utilisateurs éclairés, qu’ils comprennent ce qu’ils ont entre les mains” insiste Cathy Angoujart.
Les élèves se prêtent plutôt bien au jeu des ateliers proposés. L’objectif de ce premier rendez-vous est de leur faire comprendre comment l’intelligence artificielle fonctionne et qu’ils verbalisent eux-mêmes les avantages et inconvénients à cette technologie.
Si l’IA fait toutes nos rédactions, on ne saura plus écrire nous-même.
Manon élève de 3e
“Si l’intelligence artificielle fait toutes nos rédactions, on ne saura plus écrire nous-même quand on sera seul face à notre feuille” réagit Manon, élève de 3e dans ce collège. “C’est quand même incroyable les réponses fournies. C’est fascinant et même flippant” abondent Yismairi et Marius.
Pour Milig, la question n’est pas de savoir s’il doit utiliser ou pas l’IA à l’école, mais plutôt quand. “C’est le début d’année, c’est encore assez facile. Après j’en aurai peut-être plus besoin”.
Ayez du recul sur ces outils, mettez en doute les réponses fournies, vérifiez.
Erwan Lenevette, professeur au collège Françoise Dolto, Pacé (35)
Si tous ou presque ont déjà essayé ces nouveaux outils pour des traductions lors de devoirs en langue étrangère, ou pour s’amuser. Aucun n’en a déjà parlé dans le cadre familial. “Je n’en ai pas senti le besoin d’en parler” glisse timidement une élève.
“Ayez du recul sur ces outils, mettez en doute les réponses fournies, vérifiez.” Erwan Lenevette et Cathy Angoujart n’essayent pas de leur interdire d’utiliser ce qu’ils ont déjà dans la main. Accompagnés par le rectorat de Bretagne mobilisé sur les apprentissages numériques, ces deux enseignants les font réfléchir sur les fausses images, fake news, l’usage excessif des écrans ou isolement par le numérique mais également sur les avantages que l’on commence à entrevoir.