Hortense, Christopher et Maolan, souffrent de dyslexie. Ils se livrent dans "Non conforme", un documentaire de Vincent Dumesnil. Le réalisateur, lui-même "dys", pose un regard positif sur ces troubles qui handicapent la scolarité mais qui peuvent être transformés en atout dans la vie.
Les troubles "dys" pourraient bien être des atouts dans la vie. Les difficultés d'apprentissage, rencontrées durant l'enfance amèneraient à développer d’autres capacités d'intégration, dans un monde qui considère encore "non conforme" les personnes atteintes de ces troubles.
Vincent Dumesnil, réalisateur, a choisi de porter un regard sur la dyslexie, non pas d'un point de vue médical, mais en partant du quotidien et du parcours de trois personnes dyslexiques.
Hortense, une personne à part entière
Hortense a onze ans. Elle est à l'écoute, travailleuse et volontaire en classe. Mais elle a des difficultés en dictée, en lecture, et en compréhension. À la maison, ses parents doivent lui accorder beaucoup de temps et d'énergie pour l'aide aux devoirs.
Pour Karine, la maman d'Hortense, ce sont " des miettes pour presque rien", confit-elle, fatiguée, mais patiente.
Les devoirs à la maison, c'est une montagne qui accouche d'une souris
Karine, maman d'Hortense
Le papa d'Hortense a aussi souffert de dyslexie. Passionné par les chevaux, il se sentait davantage l'âme "Tom Sawyer" et ne supportait pas l'école.
Pour décrire le trait de caractère de sa fille aujourd'hui, il dit que c'est "un peu de dyslexie et beaucoup d'Hortense dans tout ça".
Hortense, c'est une personne à part entière, ce n'est pas la dyslexie qui fait Hortense.
Le père de la fillette
Christopher croque la vie
Christopher, 25 ans, a résumé dès le CP la vie de l'école comme un lieu où il fallait "compter, écrire, lire et… c'est tout ". Et, surtout, il n'en comprenait pas l'intérêt. À 18 ans, ambidextre, il utilise la dextérité de sa main gauche et sa main droite, pour croquer la vie et des portraits. Un "job" qui lui a donné confiance en lui. En étant "un artiste totalement perché, je suscitais la curiosité".
Aujourd'hui, professeur de dessin, il s'est prouvé que sa "gaucherie" est un atout.
Je suis très heureux aujourd'hui. J'aurais peut-être été quelqu'un de très ennuyeux, si je n'étais pas dys.
Christopher
J'ai dû apprendre comment apprendre. Parcours laborieux, mais qui m'a fait réaliser que la joie d'apprendre vient par le plaisir.
Christopher
La maturité de Maolan
À l'école, Maolan, 15 ans, lui a ri de sa difficulté à lire pendant longtemps. Par son autodérision, il luttait contre la stigmatisation de "débile" dit-il. Mais cela a forgé son caractère. Aujourd'hui, ses capacités à connecter les idées, visualiser les situations et raisonner sont intensifiés. Il a gagné très vite en maturité.
Je faisais le rigolo à l'école pour cacher ma dyslexie
Maolan
Mais ce qui était un refus de la "différence" a laissé place chez le jeune adolescent une difficulté à se confier à sa famille. "Ce que je n'assumais pas, c'était d'avoir l'impression de les décevoir. J'ai commencé à me renfermer et à me bloquer sur mes sentiments. Parallèlement, j'ai développé une faculté à mieux me connaître".
Maolan aime être seul pour expérimenter par lui-même, puis partager ensuite. C'est une personne en or !
Les copains de Maolan
Pour Vincent Dumesnil, le réalisateur : "la dyslexie est une réalité ambivalente, où les « dys » luttent contre un monde figé dans ses règles, mais elle est aussi un potentiel, lorsqu'ils trouvent le bon chemin pour se réaliser et s'épanouir, conformément à leurs talents".
Vigilance
Entre 8 % et 10 % de la population souffre de troubles du neurodéveloppement : dysorthographie, dyscalculie, dysphasie, dyspraxie sont des dysfonctionnements du cerveau qui perturbent l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, par la difficulté de reconnaître la forme visuel d'un mot.
Selon l'Insee "les difficultés scolaires liées à ces troubles, s’ils ne sont pas pris en charge peuvent conduire à la marginalisation, voire à la stigmatisation des enfants et les échecs cumulés aboutir à
des difficultés d’insertion sociale à l’âge adulte".
Les premiers signes se révèlent dès l'école. Pour que le nom de la maladie soit reconnu, il faut attendre les 18 premiers mois de scolarité pour qu'une prise en charge, soit mise en place. Il existe notamment un accompagnement adapté par des orthophonistes.
Non conforme, un documentaire de Vincent Dumesnil à découvrir dès à présent en avant-première ici ou sur la plateforme Francetv.fr, et le jeudi 12 octobre à 22 h 45 sur France 3 Bretagne.