Christophe a 39 ans. Il apprend sa séropositivité en 2004. Il commence son traitement des années plus tard. À l'époque, le protocole médical n'est pas encore imposé. Ce traitement lui permet aujourd'hui de vivre normalement, et protège aussi ses partenaires. Se soigner c'est ne pas être contaminant.
Christophe, âgé de 39 ans vit avec le VIH depuis treize ans. L'annonce tombe en avril 2004 alors qu'il est hospitalisé en urgence, pris de fortes fièvres. Son corps réagit en fait au virus. Lorsqu'il apprend la nouvelle, il se souvient de cette unique interrogation : "Je vais mourir quand ?". Son médecin lui répond alors que ce sera "de sa belle mort. On ne meurt pas du VIH".
C'est à son tour d'en informer les autres : son ami, son amant. Il doit aussi avertir celui qui l'a contaminé, lequel ignorait tout : "C'est moi qui lui ai appris qu'il était séropo." Sa famille a depuis longtemps coupé les ponts avec lui, lorsqu'il a révélé son homosexualité : "On ne veut pas de pédé chez nous", s'entendra t-il dire.
"Aujourd'hui, on dépiste, on traite"
En 2004, après l'annonce de la maladie, on lui impose cinq consultations psychiatriques obligatoires. "On considérait que je portais atteinte à ma vie en ayant eu ces rapports sexuels." Christophe n'ira pas. Son parcours de soin et la prise de médicaments ne commencent que cinq ans après. À l'époque, le protocole médical n'est pas imposé comme depuis peu. Aujourd'hui, c'est dépistage et traitement dans la foulée.
La prise de médicaments change. Au début, il prend trois à quatre cachets par jour. Les effets secondaires sont importants, notamment sur l'appareil digestif. Christophe comptabilise sept hernies à l'estomac. Cela influe aussi sur son moral. Désormais, la trithérapie se concentre en un seul comprimé, "très supportable".
"Une salope comme toi c'est normal que tu aies des infections"
Un affectiologue gère ses ordonnances. Les rapports avec les médecins ou le personnel soignant n'ont pas toujours été harmonieux. "Au départ, les médecins étaient très homophobes et sérophobes." En 2009, l'un d'eux lui lance sèchement : "Une salope comme toi, c'est normal que tu aies des infections." "J'ai changé de médecin. Il n'y avait pas de bienveillance, on sentait toujours le jugement venir de très loin."
Au sein du corps médical, les mentalités ont évolué dans le bon sens : "L'hôpital se déplace dans des centres d'action communautaire, avec une vision globale du patient, sans jugement."
"Il faut le dire"
Christophe vit bien sa séropositivité. Le traitement actuel le protège lui mais aussi ses partenaires, car il n'est pas contaminant. Ses autres problèmes de santé, car il en avait avant, ne lui permettent plus de travailler désormais. Cet ancien restaurateur s'investit auprès de l'association AIDES (association de lutte contre le VIH/sida) plusieurs heures par semaine. Pour lui, pas question de se cacher.
Il faut le dire, si on veut que les gens apprennent ce qu'est la maladie. Je me sers de ma séropositivité pour informer
La méconnaissance et la peur restent des obstacles, encore en 2017. La représentation de la maladie dans certains films continuent de donner une image qui n'est pas d'actualité regrette t-il. Les mots aussi sont importants : il faut dire VIH, car le sida, c'est ce qui en découle.
Tu partages ta clope avec lui ? Il a le sida
Christophe continue d'entendre ce genre de remarques. Pour lui, la discrimination demeure, socialement.
Le 1er décembre, continuer à sensibiliser
Le 1er décembre marque la journée internationale de lutte contre le sida. Christophe espère que les messages de prévention soient entendus en rappelant que le travail de sensibilisation ne s'arrête pas à cette date là.