Peut-on encore " faire mieux " que ses parents ? C’est la question que pose le webdocumentaire " Tout est affaire de famille ", réalisé par les étudiants du master " Journalisme : reportage et enquête " de Sciences Po Rennes, à travers les trajectoires de trois familles bretonnes.
" Et vous, vous faites quoi dans la vie ? " Quand on rencontre quelqu’un, c’est la première chose qu’on demande. Une question anodine qui en dit tellement long sur notre société. Le succès se mesure au nombre d’années d’études, au prestige du statut professionnel, aux zéros sur la fiche de paie, à la taille du salon ou de la cuisine, etc. On est incité à faire plus, à faire mieux. Pourtant, dans cette course à la réussite, tout le monde n’est pas sur la même ligne de départ et tout le monde n’a pas les mêmes objectifs.
Après " Mon Empire, ma bataille " et " Sexclus ", les étudiants du master " Journalisme : reportage et enquête " de Sciences Po Rennes questionnent cette réussite à laquelle la société nous enjoints. Le webdocumentaire " Tout est affaire de famille " plonge dans les parcours de trois familles bretonnes et interroge, à chaque fois, trois générations différentes. Au-delà de la réussite matérielle, les aspirations ont considérablement évolué depuis les Trente Glorieuses. Si le travail reste au cœur des préoccupations de tous, il n’est pas - plus ? - une fin en soi.
Une plongée dans trois histoires de famille
Les Allouard-Marchand sont agriculteurs de père en fils, de mère en fille. Ils se transmettent l'exploitation laitière, l’améliorent, agrandissent les terres. Mais la dernière génération veut disposer de plus de temps pour elle et n’est pas prête à trimer autant, dans un milieu agricole fragilisé par les crises. Alors la ferme devra peut-être trouver un repreneur extérieur à la famille.Chez les Rolland-Lemétayer, cheminots et petits commerçants, les parents ont grandi avec un seul objectif : éviter l’usine, le travail à la chaîne. Ils ne comptent pas leurs heures mais cet engagement XXL pèse sur leur vie familiale. " Faire mieux ", pour leurs enfants, c’est chercher un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Chez les Berroche, il n’est plus question d’user son corps à l’usine comme avant. Alors qu’en France, un fils d’ouvrier sur deux exerce le même métier que son père, ils se sont, pour la plupart, éloignés de leurs racines ouvrières. Et soulèvent une question : lorsqu’on " réussit " socialement, peut-on rompre complètement avec sa classe d’origine ?
Ce webdocumentaire, fruit de trois mois d'enquête, rappelle le rôle central des origines sociales et l’influence de l’héritage familial dans les trajectoires professionnelles. Entre transmission, reproduction ou volonté de faire différemment, tout est, d’une manière ou d’une autre, affaire de famille.
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