Les grandes marées à Saint-Malo sont un phénomène naturel à la fois spectaculaire et toujours fascinant. C’est devenu un rendez-vous incontournable, pour les promeneurs, les amateurs de nature et de photographies. Pour Littoral, Sophie Ladame va à la rencontre de passionnés de grandes marées, qu’elle soit basse ou haute.
Il y a toujours eu un intérêt pour les grandes marées à Saint-Malo. L'endroit s'y prête : dans la Manche, une mer étroite et peu profonde. Le marnage, la hauteur d'eau entre marée haute et narée basse, peut atteindre 14 mètres.
Dans un passé récent, on faisait même de la publicité pour les grandes marées de Saint-Malo dans le métro parisien. Ces grandes marées attirent aujourd'hui chaque année de plus en plus de visiteurs à Saint-Malo. Un engouement amplifié par les médias et les réseaux sociaux. Les images spectaculaires de vagues et de l’estran dévoilé circulent largement et alimentent la curiosité.
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Emmanuel Duclos habite à Saint-Malo, il a fondé sa société de production d'images et de vidéos spécialisée dans le nautisme. Il filme grâce à des drones et capture de superbes images mettant en valeur toute la splendeur des grandes marées. Ces prises de vues offrent une perspective inédite sur ce phénomène, avec des angles différents depuis la mer. Il remarque que "ce qui impressionne le public, c'est d’avoir des habitations le plus proche possible."
Il observe qu'il y a une nette augmentation de visiteurs venus découvrir les grandes marées depuis 2003, donnant naissance à une nouvelle forme de tourisme dans la région, ce qui n'est pas sans poser de problème.
Des imprudences et des prises de risque sont dues à une méconnaissance du phénomène, et l’envie d’aller au plus près pour avoir le meilleur cliché.
Emmanuel Duclos
Les dangers des grandes marées
Depuis son enfance, Hugo Besnier est passionné par les marées. Fasciné par ces mouvements réguliers et puissants de la mer, il a passé des années à les observer et à les comprendre. Aujourd'hui, il partage ses connaissances lors de balades commentées à marée basse, notamment sur la plage du Sillon à Saint-Malo, ainsi que sur son profil Facebook.
Lors de ses sorties, Hugo aborde des différents sujets : les marées, le risque de submersion, et les dispositifs mis en place pour protéger la ville, comme les digues et les célèbres brise-lames contre les vagues.
Au moment des grandes marées, le risque d'accident augmente. Hugo insiste sur l'importance de la prévention et aussi le respect les règles de prudence, comme éviter de partir seul à la pêche à pied ou encore de surestimer ses capacités physiques, avec un estran très étendu. Il rappelle également que la préfecture maritime diffuse régulièrement des consignes à ce sujet.
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Hugo alerte sur les dangers spécifiques, comme se faire piéger par la marée montante ou être emporté par une vague à marée haute sur la route du Sillon.
Beaucoup de visiteurs, moins connectés à la nature qu'autrefois, se laissent distraire par leurs téléphones ou écoutent de la musique au casque, ils oublient les dangers : la montée rapide de l'eau, les vagues puissantes ou encore les risques liés au brouillard.
Hugo Besnier
Pendant des années, Hugo a bénévolement fait de la prévention sur la plage, près des îlots du Grand Bé et du Petit Bé, ce qui avait permis de réduire considérablement le nombre d'interventions des pompiers. Depuis qu'il a arrêté en février dernier, les secours ont dû intervenir beaucoup plus fréquemment. Conscients de l'importance de son rôle, la mairie, la SNSM et les pompiers travaillent avec lui afin de trouver des solutions, comme l'installation de panneaux lumineux ou d'avertisseurs sonores comme il existe à Noirmoutier.
Les grandes marées : un spectacle naturel fascinant
Si Hugo et Emmanuel sont passionnés par la marée basse et ses trésors cachés, ils sont tous les deux fascinés par les vagues impressionnantes à marée haute. « Le grand coefficient est indispensable », disent-ils, pour que la mer dévoile toute sa puissance. Mais attention, grande marée ne veut pas forcément dire déchaînement des éléments. Pour qu’il y ait ce spectacle de vagues qui s’éclatent sur le Sillon, c’est la houle qui vient de l’Atlantique qui peut rendre les conditions périlleuses.
La houle, qui prend naissance dans l’atlantique, très au large lors des tempêtes, se propage jusqu’à rencontrer un obstacle, qui est ici Saint-Malo.
Hugo Besnier
Le vent est un facteur aggravant, mais on peut avoir de belles vagues sans vent. Hugo se souvient notamment de la tempête de février 2014, un événement marqué par des vagues destructrices en dépit d'un temps calme et ensoleillé. Et pour faire de belles vidéos, Emmanuel Duclos précise qu’un vent de terre facilite la prise de vue.
Le changement climatique
La mer est montée de 4 cm en 10 ans à Saint-Malo, le changement climatique se fait ressentir surtout par l’augmentation de la fréquence de ces évènements. Les images d’Emmanuel Duclos servent dans les conférences sur le climat afin de montrer l’affrontement entre ces deux éléments, la ville et la mer qui essaye de rentrer. Pour Hugo, la hausse de l’intensité ne se voit que sur les événements extrêmes qui se produisent trop rarement pour que cela soit quantifiable.
Ce qui est certain aujourd'hui, c’est que leur couverture médiatique amplifie leur impact sur le public.
Pour Littoral, Sophie Ladame va vivre les grandes marées à Saint-Malo. Jour de grande marée, réalisation Sébastien Thiébot c'est à découvrir sur la plateforme France.tv. Pour voir et revoir toutes les émissions Littoral, c'est sur la plateforme France.tv
