Cette professeur de lettres, passionnée d’histoire, longtemps auteur jeunesse, a publié son premier roman il y a trois ans. Déjà distinguée par le prix Bretagne, Gwénaële Robert accueille la Cabine de Pages à Saint-Malo, sur la plage du Val, à l’occasion de la sortie de « Never Mind ».
C'est elle qui a choisit de nous conduire sur cette plage malouine préservée de la foule qui fréquente le sillon, la plage de Saint-Malo par excellence... Ces plages, Gwenaële Robert les connaît bien puisque Saint-Malo fut longtemps pour sa famille nombreuse une destination de vacances, jusqu'à ce que l'envie de prolonger ce temps privilégié se fasse ressentir. Depuis cinq ans, les voilà ainsi installés à Paramé.
Saint-Malo, c'est un cadre sublime qui varie en fonction des marées, en fonction du temps et puis c'est une ville historique, avec les fortifications Vauban, les remparts, et cette une mythologie autour des armateurs, des corsaires nourrit mon imaginaire.
Un cadre qui n'est d'ailleurs pas étranger à son troisième roman sorti le 20 aôut Never Mind (Robert Laffont), un texte avec lequel elle nous entraîne sur les traces de Joseph de Limoëlan, l'un des aristocrates bretons impliqués dans l'attentat de la rue Saint-Nicaise perpétré contre le consul Bonaparte.
"C'est un chevalier qui a vécu pas très loin de Saint-Malo, dans les Côtes d'Armor, dans le château de Limoëlan à Broons. Il est connu parce qu'il est un des auteurs de la rue Saint-Nicaise, le seul à voir échappé à la police de Fouché et qu'on a jamais retrouvé. Ce qui m'a intéressé c'est cette destinée hors du commun qui l'a mené jusqu'aux rivages de l'Amérique."
Pour ce nouveau roman, l'écrivaine a dû mener une véritable enquête historique pour retracer le parcours de cet homme qui aura passé la plus grande partie de sa vie dans la clandestinité. "J'ai rencontré ses descendants, j'ai pu visiter le château où il s'était caché. Et ainsi en suivant ses traces, j'ai pu reconstituer à partir d'indices ce qui avait été sa destinée car il y avait très peu de documentation, il avait écrit des mémoires qu'il a fait brûler à sa mort."
Une enquête minutieuse consignée dans des carnets très détaillés. "Cette période suppose une chronolgie très précise puisque le destin de Limoëlan croise aussi des personnages fictifs et il faut évidemment que les dates coïncident, mais aussi les lieux. C'est la typographie qui a changé, la rue Saint-Nicaise par exemple n'existe plus dans Paris, il fallu reconstituer un plan d'époque. "
Après le Dernier Bain, son précédent roman qui retraçait la mort de Marat à partir du célèbre tableau de David, il n'y a plus aucun doute sur ce goût très marqué de l'auteur pour la grande histoire. "C'est l'histoire et toute la place que les études historiques laissent à la fiction, ces marges dans lesquelles peuvent se mouvoir des individus anonymes qui croisent le flux de l'histoire mais qui restent dans l'ombre. Pour le romancier, c'est une place immense qui lui ai laissé pour imaginer des vies qui ne sont pas retracées dans les documents officiels."
Tout le XIXème est jalonné de renversements, de révolutions, tout cela perturbe les destinées individuelles des personnages et c'est ce qui m'intéresse
Gwenaële Robert a d'ailleurs une prédilection pour cette fin du XVIIIème et début du XIXème siècle. "C'est une période de très grande instabilité, d'abord car se succède un certain nombre de régimes. Par exemple, Never Mind se déroule au moment du Consulat mais on sent qu'on est en pleine transition entre la République, juste avant l'Empire. Tout le XIXème est jalonné de renversements, de révolutions, tout cela perturbe les destinées individuelles des personnages et c'est ce qui m'intéresse."
Never Mind sort en pleine rentrée littéraire. "C'est un moment assez euphorisant. Après le travail solitaire et silencieux, c'est tout à coup la possibilité de pouvoir rencontrer des lecteurs, de pouvoir échanger avec des libraires".
Références
- Never Mind, Robert Laffont, 2020
- Le dernier bain, Robert Laffont, 2018
- Tu seras ma beauté, Robert Laffont, 2017
La carte postale du libraire
Manon Godeau de la librairie Gargan’mots, 11 place du vieux marché à Betton (35) partage ses coups de coeur.
- Delia Owens, Là où chantent les écrevisses, Seuil
- Jean-Claude Grumberg, La plus précieuse des marchandises, Seuil
Château de sable, la rubrique des jeunes lecteurs
Gabriellea Corcione et Ingrid Chabbert, Imagier des fonds marins, des deux petits poissons, Petites bulles éditions
L’occasion de découvrir le vocabulaire des poissons et des fonds marins en suivant la course de sardine et coquette. L'éditrice est vannetaise.
Céline Lamour Crochet, Mon imagier bilingue de la mer en calligramme, Coop Breizh.
Cette costarmoricaine qui est à la fois auteur et illustratrice a fait sa réputation notamment sur le travail des calligrammes. Et voilà la méduse dans les deux langues en breton, morgaoulenn ou en français… Un beau travail qu’elle pratique aussi souvent en ateliers avec les enfants des écoles.
Anna Conzatti, L’île aux crabes, Videcocagne.
L’histoire d’Henri, un marin qui sur son île paradisiaque veille sur d’adorables petits crabes. Il rêve de découvrir le monde mais ne veut pas les abandonner… Ses amis vont l’y aider…Anna Conzatti est quimpéroise et vit à Nantes.