C'est le plus breton des auteurs germaniques. Ses romans policiers qui se déroulent dans la région se vendent par millions outre Rhin et leur adaptation télévisée est un carton d’audience, même sur France 3… Rencontre sur la plage de Nevez dans le Finistère avec Jean-Luc Bannalec.
Vue la sonorité de son nom de plume, nombre de ses lecteurs doivent probablement s’imaginer un breton « pur beurre »… En réalité, le véritable patronyme de Jean-Luc Bannalec est bien loin de celui emprunté à un village proche du sien dans le Finistère : Jörg Bong. Celui qui a dirigé l’une des plus importantes maisons d’édition en Allemagne, docteur en littérature allemande, avait souhaité se consacrer discrètement à sa passion des polars…
«J’ai toujours aimé les polars classiques, Hercule Poirot d’Agatha Christie, le commissaire Maigret de Georges Simenon, Scherlock Holmes et il y a quinze ans, j’ai commencé à écrire, un peu comme un jeu ».
Et ce jeu a très vite tourné en sa faveur. Dès le premier roman, les lecteurs allemands ont été au rendez-vous. Neuf tomes plus tard, ils se comptent en millions, 500 000 par titres en moyenne et l'adaptation télévisée (diffusée aussi sur France 3) n'a fait que renforcer cet engouement. En France, le septième vient d’être traduit, « Les secrets de Brocéliande » paru aux Presses de la Cité. En France aussi, les lecteurs ont adopté le Commissaire Georges Dupin, un parisien muté en Bretagne qui vient y mener ses enquêtes.
Cette fois, les meurtres s’enchaînent en pleine forêt de Brocéliande. En deux jours, le commissaire et son équipe parviennent à résoudre les mystères qui tournent autour d’un groupe de scientifiques spécialisés dans le monde des légendes arthuriennes.
Pour qui connaît cet endroit mythique, chaque site important y tient une place : de la Fontaine Barenton au Val sans retour, en passant par l’Eglise du Graal…
"C’est important pour moi d’être très précis, je n’invente pas les endroits, je fais beaucoup de recherches, je commence par lire une dizaine de livres sur les endroits, après je fais des voyages et je parle beaucoup avec les gens dans les rues, dans les champs, dans les ports. Ils savent raconter des histoires incroyables qui nourrissent mon imagination."
Une véritable déclaration d’amour avec cette région que Jorg Bong a d’abord découvert par la littérature et la peinture dès l’adolescence.
"Ça a commencé avec Flaubert et Simenon, notamment avec "le Chien Jaune" de Georges Simenon qui se déroulait à Concarneau. La première fois que j’ai lu ce mot Concarneau, j’ai senti l’atmosphère bretonne, c’était déjà un endroit magique et après avec les tableaux, il y a eu les couleurs, la lumière."
Un coup de foudre qui mène donc le jeune allemand dans le Finistère, il y a même acheté une maison à Nevez il y a trente ans, non loin de Concarneau.
Une Bretagne tellement à l’honneur, que les lecteurs assidus du commissaire Dupin se déplacent en masse sur les lieux de ses aventures. Les offices du tourisme concernés ont même dû mettre en place des visites guidées dédiées au héros allemand.Je n’écris qu’ici, j’ai besoin de la Bretagne, de ses paysages, de la nature, de la mer et tous ses impressions très fortes. Puis j’essaie de trouver des chemins pour laisser briller la magie même, c’est pas moi, c’est la Bretagne qui écrit mes livres
Traduit en une quinzaine de langues, la nationalité des fans du commissaire ne sont pas qu’allemands.
« La semaine dernière, il y avait un bus de Floride qui faisait la visite » raconte l’auteur ébahi et touché que ses romans fassent partager sa passion de la Bretagne au delà de ses frontières.
« Comment expliquer le succès ? Aucune idée. La plus simple, c’est que c’est la Bretagne elle-même qui avec toutes ses forces et ses énergies agit dans les livres. Ce sont des déclarations d’amour très profondes, très intenses et peut être que cela se ressent. »
Cette année, un livre des photos qu’il a pris au cours de ses voyages vient même d’être publié, aux Presses de la Cité, La Bretagne magique du Commissaire Dupin.
Devenu un véritable ambassadeur de la région, Jorg Bong a même reçu en 2016 le prix de "Mécène de Bretagne."
« Ca m’a beaucoup touché, même plus que le succès du livre. Honnêtement, j’ai été très honoré".
Cet été, comme tous les ans, Jörg Bong va passer près de trois mois à Névez.
Références
- Un été à Pont-Aven : Une enquête du commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2014
- Étrange printemps aux Glénan : Une enquête du commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2015
- Les Marais sanglants de Guérande : Une enquête du commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2016
- L’Inconnu de Port Bélon : Une enquête du commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2017
- Jean-Luc Bannalec, Arnaud Lebossé et Catherine Lebossé, La cuisine bretonne du commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2017
- Péril en mer d'Iroise : Une enquête du commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2018
- Les disparus de Trégastel : Les vacances du commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2019
- La Bretagne magique du Commissaire Dupin, Paris, Presses de la Cité, 2020
La carte postale du libraire
Véronique Daniélou de La petite librairie de Brest a choisit deux titres coups de cœur
Jean Meckert, Nous avons les mains rouges, éditions Joëlle Losfeld
Anna Hope, Nos espérances, Gallimard
Château de sable, la rubrique des jeunes lecteurs
Les légendes bretonnes à l’honneur
« Ma première légende de Bretagne » aux éditions Beluga Coop Breizh.
Vingt titres de Christophe Boncens, dont quatre derniers titres "Les quatre dons", "Le nain et ses frères", "Le rouet enchanté" et "La jeune fille et le seigneur"
La Lande des Korrigans, de Tristan Pichard et Olivier Rublon, Locus Solus.
4 contes et légendes dans lesquelles on retrouve toujours la petite souris bleue Logodenn.
La sirène de l’île de Groix, de Céline Lamour Crochet, Beluga Coop Breizh
Une nouvelle aventure de 4 petits moussaillons qui en visitant l’île de Groix découvre une légende selon laquelle une sirène vit dans les eaux de cette ile du Morbihan.