Il y a un an, il a été auréolé du prestigieux Goncourt de la poésie pour l’ensemble de son œuvre, riche d’une quarantaine de recueils, traduits dans une douzaine de langues. Yvon le Men accueille la Cabine de Pages dans son jardin de Lannion, dans les Côtes d’Armor.
« La vie est une source d’inspiration permanente. J’ai la chance d’avoir un jardin, je voyais les oiseaux qui arrivaient tous, ils arrivaient parce qu’ils pensaient qu’on n’était pas là et ils nous regardaient de façon très intense. »
Connu pour être un grand observateur, un poète de terrain, Yvon le Men, même pendant le confinement a posé un regard attentif sur les détails de ce quotidien singulier. C’est à travers la baie vitrée de son bureau qu’il admirait ces oiseaux et leur univers extérieur… « C’est la frontière transparente entre les deux mondes ». La baie vitrée, ce sera d’ailleurs le titre de son prochain recueil de poèmes qui devrait paraître aux Editions Bruno Doucey en janvier 2021.
Mais comment devient-on poète ? « Les enfants le sont, après on choisit de poursuivre ou pas ».
Yvon Le Men lui n’a jamais quitté cette part d’enfance, ce regard d’émerveillement sur le monde…
« Ça a démarré quand j’étais petit avec la voix de ma mère assez forte, elle faisait du théâtre et la voix de mon père très douce qui racontait des histoires ». La voix, essentielle dans le travail du poète... Dès ses premiers recueils à l’âge de 21 ans, il avait choisi de les partager sur scène, comme lors des manifestations à Saint-Brieuc en 1974.
Pour moi un poème ça a à voir autant avec la littérature qu’avec la musique, ça s’écoute.
Son dernier livre « Les mains de ma mère » aux Editions Doucey est sorti à l’automne, un recueil de poèmes déjà publiés faisant tous écho à l’enfance, publié avec les illustrations de Simone Massi, réalisateur italien renommé pour ses films d’animation.
L’enfance, c’est le secret de la vie d’une femme ou d’un homme. Trahir son enfance, c’est se trahir. L’enfant a les oreilles tendues, il sait, alors il faut l’écouter.
Salué par le Goncourt de la poésie en 2019, après la trilogie "Les continents sont des radeaux perdus" ("Une île en terre", "Le poids d’un nuage", "Un cri fendu en mille"), Yvon Le Men a aussi décroché le prestigieux prix Li Tu en Chine. De belles reconnaissances, et une visibilité qu’il apprécie évidemment, mais finalement ce qui le touche le plus c’est bien le baptême de l’école de son village natal à La Roche Jaudy dans les Côtes d’Armor. Une école qui porte désormais son nom.
"Le prix Goncourt, c’est une visibilité, une reconnaissance, mais l’école de mon enfance, c’est pas pareil, en général c’est quand on est mort, c’est arrivé de mon vivant donc j’ai été très ému. L’école primaire, c’est les premiers matins du monde et voilà qu’il y a une école Yvon Le Men, d’autant que je n’ai pas d’enfant, j’en aurai 90 chaque année renouvelable !"
La carte postale du libraire
Depuis 1983, Thierry de la Fournière tient la librairie Nouvelles impressions à Dinard. Parmi les 20 000 références, ce passionné de livres nous conseille deux coups de coeur.
John Le Carré, Retour de service, Seuil
Eva Dolan, Les oubliés de Londres, Liana Levi
Château de sable, la rubrique à destination des petits lecteurs
Nathalie Papin, Mange-moi, L’école des Loisirs
C’est un texte qui s’adresse aux jeunes ados et qui a été écrit il y a 20 ans, qui évoque avec beaucoup de sensibilité la boulimie. Un texte qui a été beaucoup joué. Comme toutes les pièces de Nathalie Papin considérée comme une auteur majeur du théâtre jeunesse. Sa dernière pièce a été jouée en Avignon.
Calouan et Jérémy Parigi, Toi ma maman à l’infini, Editions La Pimpante
Calouan et Jérémy Parigi, Toi mon papa à l’infini, Editions La Pimpante
Deux ouvrages hommages à ces parents, du papa mangeur de mots, aux papa corsaire, des mamans kangourou ou organisatrices de voyages nocturnes, Des albums qui se sont attachés à représenter tous les parents du monde.
Chloé Mallard et Juliette Vallery, Potiron et petite ourse, Les petites bulles éditions
L’histoire d’une petite ourse qui rêve de voler… c’est Potiron, le grand ours qui l’aide à l’exaucer en attrapant un nuage…