Art de plage Saint-Malo, ce sont des formes géantes, des dessins tracés sur le sable et sur lesquels les visiteurs peuvent tomber, au gré des marées, et de l'inspiration de son auteur, en Bretagne ou ailleurs. Ce dernier cultive l'anonymat et le plaisir d'un art éphémère.
"J'aime le côté éphémère de la chose, c'est ce qui donne tout son intérêt. Ce qu'on fait dans la vie en général, c'est pour durer, laisser une trace, alors que là c'est tout le contraire" .Art de plage Saint-Malo joue du râteau, sur le sable, depuis 10 ans. "J'en fais partout où je passe, quand je me balade, quand j'en ai envie." Sa dernière oeuvre s'offrait aux passants le 14 juillet dernier dans la cité corsaire. Un Dark Vador immense.
Dark Vador n'était pas vraiment prévu. "Une heure avant je me suis demandé ce que je pourrais faire qui changerait un peu. J'aurais bien aimé l'agrémenter, avec des vaisseaux et des planètes mais la marée montait, je n'avais plus le temps" raconte Art de plage. On n'en saura pas plus sur l'identité de l'homme, qui choisit de garder le masque, un peu comme Vador. Même s'il ne se cache pas du public lorsqu'il travaille, il préfère rester anonyme."Ce qui est important c'est ce que l'on voit, pas celui qui le fait."Dark Vador à #saintmalo, une nouvelle et superbe création éphémère signée Art de Plage lundi soir pic.twitter.com/c4kprFM3pv
— Sam Sauneuf (@Sam_so9) July 14, 2020
Voir ce que l'on créé disparaître une heure plus tard donne de l'intensité au moment
Quand on lui demande quels ont été ses premiers traits sur le sable, il répond : "La première chose que j'ai faite, c'était des cercles. Ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air, pour rester harmonieux." Il a ses petits trucs pour les proportions, "on peut compter les pas."
C'est du plaisir avant tout. Je parlerais de légérèté.
"Le râteau, c'est le crayon du géant"
"On a tous dessiné sur le sable, avec les pieds, à la main" note Art de plage Saint-Malo. "Je pars avec mon râteau dans le sac. On oublie souvent qu'on peut se servir de cet outil. Tout le monde en a un. C'est hyper facile. Le râteau c'est le crayon du géant."
Sur des choses très figuratives, Art de plage se fait parfois un petit crayonné, avant d'attaquer le sable. "Quand c'est abstrait, là pas besoin".
"Ce que j'aime c'est partir de la nature, m'adapter au paysage. Et même moi si je suis d'humeur, la nature ne me le permet pas toujours. Pour pouvoir réaliser mes dessins, il faut que le coefficient des marées soit adapté, il faut un sable de qualité, légèrement mouillé, juste quand la mer se retire, qu'il commence à peine à sécher. C'est cela qui permet de créer la couleur, de créer des contrastes." Il se souvient que lors d'un voyage en Islande, ce n'était pas facile de dénicher un terrain de jeu. "Là-bas, le sable est noir. J'ai finalement trouvé une plage de sable blanc."
Il veille, au choix du point de vue, questionne la hauteur. "L'idéal c'est d'avoir des plages, avec des falaises, que les gens puissent le voir." Il aime ces moments d'échange avec les badauds alors que son travail le plonge dans une bulle. "Je passe entre une et trois heures sur chaque dessin. C'est comme une drogue, le temps n'existe plus, on oublie tout, ça apaise."
Art de plage Saint-Malo a envie de continuer à se perfectionner, à progresser. Il rêve d'une performance "corporelle, visuelle et musicale", où il ferait venir danseurs et musiciens, sur ses dessins. Pourquoi pas la nuit, avec une lumière rasante.Ça calme d'avoir les pieds sur le sable, d'être ancré dans la nature, de l'avoir autour de soi. Le moment magique c'est quand le dessin s'efface, comme sur une ardoise magique. C'est beaucoup d'émotions, on était dans le présent et on bascule dans le passé.