Auréolé du prix de la meilleure série BD au festival d'Angoulême en 2011 pour "Il était une fois en France", série vendue à 1,2 millions d'exemplaires, Sylvain Vallée a depuis posé ses valises à Saint-Malo. Pour la Cabine de Pages, il nous parle de son premier roman graphique "Tananarive" publié avec le scénariste Mark Eacersall chez Glénat. Encore un succès!
Il nous a rejoint à pied car c'est tout près du Sillon qu'il a posé ses valises il y a 6 ans, après 17 années en région parisienne...
Qu'est ce qui a attiré le dessinateur que vous êtes à Saint-Malo?
C'est une envie de revenir dans la région, je la connais depuis toujours. J'ai fait mon lycée dans la région, j'ai passé mon bac, j'ai passé mes vacances ici. J'ai des attaches, j'ai rencontré énormément d'auteurs bretons, ce sont mes plus belles rencontres professionnelles la Bretagne.
Votre tout premier roman graphique «Tananarive » paru cet automne aux éditions Glénat, réalisé avec le scénariste franco-britannique Mark Eacersaule ne se déroule pas à St Malo…mais plutôt à l’est et au nord de la France…
C’est une sorte de road trip qui passe par Charleville Mézières, Maubeuge, Bruges en Belgique, Calais, Lille… A bord d’une vieille décapotable, un notaire en retraite part à la recherche de l’héritier de son ami qui vient de mourir.. Vous dîtes que c’est une tragi-comédie d’aventures?
C'est une comédie douce-amère sur le temps qui passe, sur l'envie d'aventures qui nous tenaille toute notre vie jusqu'à un certain âge. Ce monsieur a 80 ans et il n'a pas vécu grand chose. Cette amitié avec son vieux camarade aventurier génère cette envie de partir, surtout le décès de cet ami malheureusement.
Cela va être pour lui une odyssée rocambolesque, ça va être très douloureux pour lui mais ça va l'obliger à se dépasser, à se découvrir lui-même et à découvrir beaucoup de choses sur le passé de son camarade aventurier, sur les autres et tous ceux qu'il va croiser. Mais surtout sur lui-même, sur sa capacité à se dépasser.
Les personnages principaux sont des vieillards, c’est cela qui vous a convaincu de mettre en images ce scénario. Pourquoi cette tendresse pour ce type de personnage?
Je leur trouve une dimension exceptionnelle et que ces personnages ont un charisme particulier. Les personnages d'un certain âge comme ça portent avec eux une histoire, une vie, ils ont souvent des histoires à raconter. Et en bande dessinée, on a très peu de place donc les personnages caractérisés très rapidement comme ça; ça a du sens.
Comment concevez-vous votre rôle de dessinateur? Il y a du metteur en scène en vous?
J'ai le sentiment que la bande dessinée, hormis la question de la production et de la diffusion qui n'est pas la même, se conçoit un peu comme un film, on a un scénariste d'un côté et on a une équipe de tournage de l'autre quasiment, parce que je fais aussi les décors, les repérages pour les décors, je suis costumier, éclairagiste. Les choix de cadrage, le rythme, la mise en scène, tout est travaillé comme au cinéma.
Vous insistez sur le fait que vous tenez à ce que vos personnages jouent juste. Comment réalise-t-on cette prouesse?
Et bien, on travaille beaucoup, on fait beaucoup de croquis. Dans la préparation d'un album, il faut beaucoup dessiner et moi je dessine beaucoup les personnages parce que je veux trouver la juste note en terme de jeu des personnages car c'est comme cela qu'on transmet l'émotion au lecteur, c'est comme cela qu'elle est transmise au mieux au lecteur.
Châteaux de sable, la rubrique des jeunes lecteurs
Deux bandes-dessinées dans cette sélection:
Et une première série parue chez Sarbacane dont le 3ème et dernier tome vient de paraitre. «Allons Z’enfants» sur un scénario de l’historien Brestois Yann Le Gat, des dessins de Pierre Fouillet.
Une vaste fresque familiale qui débute en 1870 et s’achève en 1963.
Les lecteurs suivent les aventures de la famille finistérienne Le Quelennec et de leurs descendants, l’histoire avec un petit h croise l’histoire avec un grand H, avec à la fin de chaque tome un cahier pédagogique illustré qui revient sur les événements clés et le vocabulaire important. C’est à partir de 10 ans.
Autre sortie, celle de l’adaptation BD de la série à succès de la rennaise Evelyne Brisou-Pellen «Le Manoir» du duo Stéphane Melchior-Raphaël Beuchot. Après un cancer, Liam, 15 ans est envoyé en convalescence dans un manoir isolé où l’ambiance est plus qu’inquiétante et les pensionnaires étranges comme tirés du passé… Du mystère, du fantastique destiné aux 12 ans et plus… Collection Bandes d’ado de chez Bayard.
La carte postale du libraire
Isabelle Philippe du café librairie Le Tagarin à Binic-Etables-sur-mer dans les Côtes d’Armor conseille pour les lectures d'été "Ecoute la pluie tomber" second roman d'Olivia Ruiz (JC Lattès).
"On est en Occitanie dans un village avec un bar qui est tenu par la grand mère de Carmen. Carmen va nous raconter sa vie, on va avoir des chapitres par personnages. Tous ces personnages constituent une galerie de portraits très colorés et la langue d'Olivia Ruiz est très musicale et on passe un très bon moment à découvrir toutes ces histoires qui s'entremêlent et en même temps on a tout un fond historique avec la relation entre l'Espagne et la France et la période franquiste. Très très belle découverte!"
Le livre fétiche de Sylvain Vallée
"C'est un album fondateur pour moi, une série que tout le monde connaît, que tout le monde a lu. C'est mon premier Astérix, une antiquité. C'est l'album le plus noir d'Astérix et en même temps, ça reste une comédie et ce mélange de ton m'a toujours fasciné. En plus, j'ai dessiné dedans mon premier Astérix, je devais avoir 3 ou 4 ans."
Le rendez-vous de "Livre et Lecture en Bretagne"
Le festival bulles à croquer: La 13ème édition se déroule les 9 et 10 juillet 2022 autour du Port du Légué à Saint-Brieuc et Plérin, avec de nombreux auteurs, des expos et toujours un peu de gastronomie.