Pêche post-Brexit. Les pêcheurs bretons espèrent que les mesures de rétorsion annoncées feront fléchir le Royaume-Uni

Entre angoisse et colère dans un contexte de forte tension entre France et Grande-Bretagne. 16 pêcheurs de Saint-Malo n’ont toujours pas obtenu la prolongation de leur autorisation de pêcher dans les eaux britanniques. "Dans 3 jours, c'est la fin de notre activité !", s'angoisse l'un d'entre eux.

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Dix mois qu'il attend le renouvellement de sa licence de pêche ! Pierre Vogel pêche la coquille Saint-Jacques en plongée sur le plateau des Minquiers au large de Jersey. "Dans trois jours, c'est la fin de notre activité !", s'angoisse le patron pêcheur. Pour lui aucune solution de repli puisqu'il n'obtiendra pas d'autre autorisation de pêche à la coquille, même en France. Elles sont déjà toutes attribuées.

Son petit bateau, comme de nombreux autres, n'est pas équipé de système de géolocalisation. Impossible dans ces conditions de répondre aux exigences de Jersey qui demandent de prouver une habitude de pêche dans ses eaux avant le Brexit pour octroyer le précieux sésame. Ils sont 16 dans ce cas à Saint-Malo d'après Pascal Lecler, le président du Comité des pêches d'Ille-et-Vilaine.

Alors, en ce jeudi 28 octobre, la température était fraîche à Saint-Malo. A l’image des relations entre Français et Britanniques, qui s’étripent depuis dix mois sur les autorisations pour pêcher dans les eaux britanniques. Londres a accordé 210 licences. Paris, par la voix de sa ministre de la Mer, Annick Girardin en réclame 184 de plus.
 

Paris met la pression

Alors ce jeudi matin, le ton est encore monté d’un cran. "Ce n'est pas la guerre, c'est un combat. Les pêcheurs français ont des droits. Il y a eu un accord de signé, nous devons faire appliquer cet accord. Nous avons des droits de pêche, nous devons les défendre et nous les défendons", a déclaré Annick Girardin, la ministre de la Mer sur RTL ce jeudi matin.

Lors d'un déplacement à Lorient (Morbihan) ce jeudi, le Premier ministre Jean Castex a déclaré que Paris est "ouvert aux discussions" si Londres "respecte ses engagements".  "Nous sommes ouverts en permanence aux discussions, matin, midi et soir", a-t-il dit, rappelant une nouvelle fois que "les Britanniques doivent respecter leurs engagements".
 

Des mesures de rétorsion dès le 2 novembre

Déjà ce mercredi 27 octobre, son ministère avait annoncé des mesures de rétorsion à l’encontre des pêcheurs britanniques. Concrètement, six ports français dont Brest en Bretagne, devraient leur interdire l’accès. Et ce, alors même que certains pêcheurs britanniques ont l’habitude de débarquer leur pêche en France. Une mesure qui les obligerait alors à débarquer en Grande-Bretagne avant de revenir en Europe pour y être commercialisé.

S'ajoute un renforcement des contrôles sanitaires et douaniers, des contrôles systématiques de sécurité des navires britanniques et enfin un renforcement des contrôles des camions à destination et en provenance du Royaume-Uni. Ils sont brandis comme une menace par les équipes d’Annick Girardin. Si aucune avancée n’est constatée, ces mesures entreront en vigueur dès le mardi 2 novembre.

Le gouvernement britannique a jugé mercredi soir ces mesures "disproportionnées" et prévenu qu'elles feraient l'objet "d'une réponse appropriée et calibrée".

A l'issue du Conseil des ministres mercredi, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a aussi évoqué une riposte graduelle, avec une possible "deuxième série de mesures", "avec notamment des mesures énergétiques qui ont trait à la fourniture d'électricité pour les îles anglo-normandes".

"C'est très décevant que la France ait jugé nécessaire de proférer des menaces tard dans la soirée à l'encontre du secteur de la pêche britannique et, semble-t-il, des commerçants en général", a estimé sur Twitter le secrétaire d'Etat britannique chargé du Brexit, David Frost.

"Comme nous n'avons reçu aucune communication officielle du gouvernement français à ce sujet, nous chercherons à obtenir d'urgence des éclaircissements sur leurs plans", a-t-il déclaré, disant "examiner les mesures à prendre à la lumière de ces informations".

De son côté, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune a déclaré ce jeudi 27 octobre sur la chaîne CNEWS : "Maintenant il faut parler le langage de la force parce que je crains que malheureusement, ce gouvernement britannique-là ne comprenne que cela (…)J'ai l'impression qu'ils ont compris qu'il fallait revenir à la table de discussions. Mais s'ils ne le font pas, on continuer." 

A Saint-Malo, le président du comité des pêches d'Ille-et-Vilaine, Pascal Leclerc, espère que ces menaces contribueront à faire fléchir la Grande-Bretagne. 

Pierre Vogel, près de son bateau à quai, refuse, lui, de se prononcer sur ces mesures de rétorsion. "Mon travail, ce n'est pas de dire si c'est bien ou pas. Mon travail, c'est d'aller à la pêche, c'est tout !"

 

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