Le photographe Richard Bellia garde un œil sur la Route du Rock

La 28e édition de Route du Rock débute ce jeudi à Saint-Malo. Le festival, qui met à l'honneur les labels indépendants, a cette année encore programmé de grandes têtes d'affiche, comme Étienne Daho, Phoenix ou Patti Smith. Le photographe de rock Richard Bellia, manque rarement le rendez-vous.

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Rencontre avec Richard Bellia, photographe rock, habitué du festival malouin et qui n'a pas l'intention de manquer cette 28e édition. Il a publié en 2016 "Un œil sur la musique 1980-2016" un énorme ouvrage de ses clichés, de Robert Smith à Kurt Cobain, en passant par Bowie, Bashung, Daho ou Iggy Pop, saisis au cours de près de 35 ans de carrière, entre Londres et Paris. En 2015, le festival breton lui avait d'ailleurs consacré une exposition. Ses photographies étaient exposées dans les arbres sur le chemin qui mène au fort. Interview.
 

 

Le festival La Route du Rock à Saint-Malo 

"J'y suis venu la première fois en 1996, c'était pour un groupe qui s'appelait Garbage et depuis j'y viens quasiment chaque année. C'est une très belle photo de la musique au moment, où ça se passe. Mais on ne s'en rend compte qu'après, c'est ça le truc !"
 
 

Des souvenirs de Route du Rock 

"The Cure par exemple, que j'ai beaucoup photographié dans les années 80 et 90... et là, pour les années 2000, les chopper ici, ça avait été un moment vraiment particulier. Je me souviens très précisément de Robert Smith, qui était venu avec ses parents. Ils étaient rentrés dans les loges et derrière la scène et ça avait quelque chose de royal. Robert Smith avec ses parents, surtout qu'ils marchaient lentement et puis franchement, qui aurait pu se permettre de marcher devant ! Comme c'était près de l'Angleterre, ils s'étaient retrouvés là. Musicalement paradoxalement, je n'arriverais pas à retenir un moment en particulier. Mais par contre, ce sont des moments ou des mecs, tu te dis, wahou putain, c'est vraiment bien ton truc !"
 

L'empreinte de Cure

"On a presque commencé en même temps, eux la musique et moi la photo. Ils ont tous, trois, quatre ans de plus que moi et du coup, ils fêtent leur quarante ans d'existence, alors que moi je dis "eh ça fait 39 ans que je vous photographie les gars". On s'est vu au mois de juillet à Londres, pour leur concert des quarante ans de The Cure. Et on s'est vu après le concert, on a passé un petit moment ensemble, c'était vraiment mortel."
 
 

Etienne Daho à La Route du Rock à Saint-Malo cette année

"Daho, de tête, mais je ne crois pas me tromper, la première fois que j'ai entendu parler de lui, je travaillais dans un fanzine. Le mec du fanzine est allé faire l'interview en province de ce jeune mec, qui s'appelait Etienne Daho, et je crois que la première question c'était : "Écoute mec je suis désolé, c'est la première fois que je fais une interview et je ne sais pas comment on fait". Ce à quoi Etienne Daho répondait : "Écoute j'en n'ai jamais fait non plus !" (Rires). Ça devait être en 1983 je crois.

Mes premières photos avec Etienne Daho, c'était en 1985 et ensuite à Londres en 1989 quand il avait fait un concert au Marquee. Puis pour les Inrockuptibles, un peu. J'ai une photo de lui qui est incroyable, dans les loges il a un beau sourire, mais elle est assez incroyable pour d'autres raisons. D'abord il y a sa fraîcheur, qu'on retrouve dans cette photo, il fume, il est très gracieux, avec des fringues magnifiques. J'utilise un appareil photo qui donne un rendu sur le piqué de la fringue, t'as l'impression d'être contre sa veste. Je l'ai faite tirer en très grand format et c'est magnifique, absolument magnifique !"
 
 

Est-ce que ses propres goûts musicaux influencent la photo ?

"A mon sens, pour que ton travail tienne debout il faut que ce soit des photos un peu soignées, où on fait attention un peu à tout, à son modèle, à la lumière, à ce qui se passe autour, mais dans la liste, il y a aussi, c'est quoi comme musique, c'est qui ce mec là ? C'est crucial, d'aimer la musique. Pour mieux me faire comprendre, là je viens de faire un bouquin qui est vachement gros, et donc d'un point de vue professionnel, à un moment je me suis dit, je vais arrêter de faire ce que j'ai voulu faire depuis gamin, c'est à dire bosser pour des journaux.
Maintenant je vais proposer mon travail sous mon propre nom et non plus faire des photos pour aller avec des articles. C'était mettre la photo au centre de tout. Et avoir en tête que j'allais sortir ce bouquin très très gros, ça a été encore plus radical, c'est à dire que je photographie que dans ce but là, ça veut dire faire très peu de photos, mais vraiment n'y aller plus qu'avec les oreilles. Dans les photos que j'ai pu faire avant, dans les années 80-90 quand je travaillais pour des journaux, c'était pas n'importe quel canard non plus, c'était un peu sérieux, donc bien entendu je choisissais la musique avec soin. Et je revendique tout à fait mes choix musicaux avec mes photos."
 
 

Le choix du noir et blanc 

"Y a plein de manières de parler de l'avantage du noir et blanc. D'un point de vue technique, c'est plus souple, pour qu'une photo en noir et blanc soit belle, il suffit que la lumière soit belle. Pour qu'une photo en couleur soit belle, il faut que les couleurs soient belles aussi. La deuxième chose c'est que la pellicule est plus souple aussi, tu peux utiliser le même appareil pour prendre une photo le matin, à midi, ou le soir, avec un rayon de soleil, avec un bout de bougie, c'est la même pellicule, alors qu'en couleur il va te falloir des films différents. La troisième raison c'est que quand tu fais ton tirage photo, le négatif noir et blanc est également plus souple et te permet d'aller chercher de plus beaux noirs par exemple. Et puis c'est plus beau, c'est vachement plus beau !"
 


Reportage sur Richard Bellia à Brest en 2016


 
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