Initiation à la langue bretonne dans les écoles du Finistère : des associations et le conseil départemental s'inquiètent

Depuis près de vingt ans, une initiation au breton est proposée dans les écoles publiques du Finistère qui le souhaitent. Les quatre associations, qui proposent cet enseignement à 8 000 élèves de  la maternelle au CM2, s'inquiètent aujourd'hui pour l'avenir de ce programme, dès la rentrée prochaine.


Leurs enseignants ne font plus chanter la langue bretonne dans les oreilles des élèves finistériens depuis la fermeture des écoles, le 16 mars dernier. Mais c'est un autre problème qui préoccupe les associations KLT, Sked, Mervent et An Oaled : l'avenir des initiations au breton dans les écoles maternelles et primaires. Depuis de nombreuses années, ces cours d'une heure sont proposés dans les écoles publiques qui en font la demande, dans le cadre d'un dispositif financé pour moitié par le Conseil départemental et pour l'autre par la Région Bretagne et les communes concernées. Cette année, plus de 8 000 enfants d'une centaine d'écoles en bénéficiaient, à raison d'une heure par semaine.
 

Le breton en concurrence avec l'anglais



Mais la nouvelle convention proposée par l'Inspection Académique du Finistère pour la rentrée prochaine remet en question l'organisation existante. "En vertu d'une circulaire de 2017, l'enseignement d'initiation en langue régionale se retrouve au même niveau que les langues étrangères en classes de primaire, déplore Yannick Menguy, directeur de Mervent. Les écoles et les parents d'élèves vont donc devoir choisir entre breton et anglais. C'est une mise en concurrence des deux langues et c'est le breton qui va en pâtir, c'est évident".


Initiation pour tous, le modèle Corse


La vice-présidente du Conseil Départemental chargée de la langue bretonne déplore aussi ce changement. "Une nouvelle convention devait être discutée. Nous avions rendez-vous pour une réunion fin mars mais elle a été annulée en raison du confinement. Ce qui est annoncé aux communes pour la rentrée va totalement à l'encontre de notre schéma linguistique, voté par le conseil départemental en 2016. Notre objectif est de généraliser cet enseignement de découverte du breton à tous les élèves finistériens, comme c'est le cas en Corse."

Les associations craignent de perdre des heures de cours, et donc de devoir licencier une partie de leurs 40 enseignants. "Près de 2500 enfants de primaire suivent ces initiations cette année. C'est un tiers de nos heures", détaille Yannick Menguy. Mais ils craignent aussi "un nouveau signe négatif pour la place de la langue bretonne dans les écoles".


Courriers à l'inspectrice d'académie et au recteur



Dans un courrier adressé à l'inspectrice d'académie, Caroline Lombardi-Pasquier, les quatre associations "tirent la sonnette d'alarme" et demandent que les changements soient reportés d'une année, pour "laisser du temps à la réflexion car l'enjeu n'est pas neutre."

Les services de l'inspection académique disent ne pas avoir été destinataires du courrier en question, et refusent donc d'en commenter le contenu pour l'instant.

De son côté, Nathalie Sarrabezolles, présidente du Conseil départemental du Finistère, a écrit au recteur de l'académie de Rennes, Emmanuel Ethis, pour réclamer une concertation dans ce dossier. "Nous demandons de pouvoir déroger à la circulaire et continuer à proposer le breton et l'anglais, précise Solange Creignou. Il faut que ces initiations perdurent. La politique linguistique est un tout. Il n'y a pas que les classes bilingues ou les écoles Diwan."

 
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