Catcheuse professionnelle, Kira Chimera, 25 ans, écume les rings de France et d'Europe et rêve d'en faire son métier. Elle a récemment déménagé à Londres, une nouvelle étape pour parvenir à ses fins.
"Mon premier combat, j'avais 18 ans, c'était à Pedernec (22). J'ai perdu évidemment. C'était très stressant. Mon adversaire était brutale, j'étais très impressionnée." Kira Chimera, 25 ans, a, depuis, engrangé de l'assurance. Championne d'Europe NWA depuis novembre dernier, elle compte bien garder son titre et surtout réussir dans le catch, combattre le plus possible.
Un nom et un personnage
"'Kira', je l'ai trouvé par hasard, même si j'ai su après qu'il s'agissait d'un célèbre manga. 'Chimera' cela vient d'un groupe dont je faisais partie. À l'époque, j'étais bassiste dans une formation punk rock qui s'appelait "My Chimera" et j'ai voulu leur rendre hommage."
La jeune femme découvre la discipline à l'âge de 14 ans, à la télévision. Avant ce premier contact en images, elle se rappelle : "J'avais, comme pas mal de monde, beaucoup de préjugés, que c'était du chiqué, que c'était très violent. Mais à la fin, j'ai eu envie d'essayer." Son idole devient Jeff Hardy.
Quatre ans plus tard, la voilà qui frappe à la porte de Ouest Catch, à Lamballe. "Ils m'ont dit que je serais la seule fille, que je devrais en faire autant que les hommes. J'étais motivée, j'ai tenté le coup et j'ai adoré. Aux entraînements, je me sentais comme une super héros, à prendre les coups, à faire les chutes."
Sa famille, elle, n'adhère pas tout de suite. "Ils avaient peur que je me blesse mais au bout de plusieurs séances, ils ont bien vu qu'ils ne pourraient pas lutter. J'étais déterminée."Il y avait un truc indescriptible qui m'a fait me dire que c'était différent de tout ce que j'avais pu faire avant (danse, rugby, musique, équitation...). Cela mélangeait plein de trucs que j'aime, le côté sportif et bourrin, plus le côté artistique. Je me sentais exister à travers mon personnage
Kira se fait alors sa place. Ce personnage, c'est son atout. Kira, c'est "une anti-conformiste, une anarchiste, avec ses propres lois, ses propres règles, rentre-dedans, des valeurs qu'elle défend de manière brutale. J'ai une batte de base-ball où il est écrit 'tout casser', pour montrer, dès mon entrée, que je ne suis pas là pour rigoler." Kira a évolué au fil du temps. La "douce et mignonne des débuts" s'est affirmée.Être un bon catcheur, c'est être un bon athlète, avoir un bon niveau physique et un personnage qui se démarque
Ce que j'aime c'est l'énergie de la foule. Cela me donne de l'adrénaline. Ça me donne envie de tout casser
Réaliser son rêve de gosse
Kira ne vit pour l'instant pas du catch. Elle travaille aux cachets mais son objectif est clair. Elle veut en faire son métier. "Au départ, je me disais qu'un métier artistique ou sportif ce n'était qu'un rêve de gosse inaccessible. Mais en fait il l'est." Elle vient d'emménager à Londres "l'un des meilleurs endroits pour s'entraîner avec le Japon et les États-Unis."
En plus d'un petit boulot, Kira enchaîne. 15 à 20 heures d'activité physique chaque semaine, dont 12 heures de catch pur où elle affine sa technique. Dans le jargon, on parle de "prises" de "chutes". Le corps encaisse. "Quand on combat, il faut savoir anticiper la prise, l'éviter, la contourner ou l'accepter. Cette reconnaissance appelée le 'body control' va permettre d'agir, d'assurer la sécurité des catcheurs et d'éviter les blessures."
Ce n'est pas un jeu, le but c'est de gagner. La règle c'est de river les épaules de son adversaire au sol, pendant trois secondes
Kira soigne ses prises, comme le spinebuster, le German suplex. Elle possède son propre geste signature : le tornado suplex.
Quand on l'interroge sur la scénarisation des combats, Kira répond : "Le catch, c'est l'instant présent, tout peut arriver, l'issue n'est jamais définitive."
Kira trace son chemin. Elle a récemment réalisé l'un de ses rêves, catcher dans l'un des plus gros groupes féminins du monde, la fédération "Eve". La France ne compte qu'une dizaine de catcheuses.
Elle remet bientôt son titre de championne d'Europe en jeu, le 15 février, à Rennes, face à Anastasia, une adversaire à ne pas négliger. L'image "ringarde" de la discipline commence à s'estomper : "Plus ça va, moins j'ai de questions. Maintenant, c'est l'admiration qui l'emporte."