Le navire Modern Express, en détresse dans le Golfe de Gascogne, dérive vers le sud-est et se rapproche du littoral. Les conditions météorologiques très difficiles ne permettent d'envisager une opération de remorquage, qu'à partir de ce lundi matin. Le cargo s'échouera sinon sur la côte des Landes.
Le navire se situe actuellement à 50 milles nautiques à l’ouest du bassin d’Arcachon (environ 92 km). Il dérive au sud-est à une vitesse d’environ 2 noeuds. Les conditions météorologiques sont encore très mauvaises, avec des rafales à 50km/h et des creux de près de 6 mètres.A l’heure actuelle, les conditions de vent et de mer ne permettent pas de projeter l’équipe de Smit Salvage sur le « Modern Express » La reconnaissance technique effectuée hier après-midi par l’équipe spécialisée dans le renflouement à bord du cargo en détresse a permis d’affiner le mode d’action. L’équipe a continué ses préparatifs, elle attend maintenant une fenêtre météorologique plus favorable, ce qui sera le cas lundi matin.
Un remorquage lundi matin ou un échouage
Le vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira, préfet maritime de l’Atlantique a donné une conférence de presse à la préfecture maritime à Brest pour faire le point sur les options envisagées dans les prochaines heures. Le cargo Modern express, à la dérive depuis six jours sans équipage dans le Golfe de Gascogne, fera donc l'objet lundi matin d'une ultime tentative de remorquage, lors d'une accalmie météo, mais en cas d'échec, il s'échouera "entre lundi soir et mardi soir" sur la côte des Landes.
"Aujourd'hui, la mer est la plus forte. Il nous reste un créneau favorable, demain lundi, pour tenter de passer une remorque (câble, NDLR). Les équipes sur place feront encore une fois tout leur possible pour réussir cette opération." "Mais si la remorque n'est pas passée demain dans la journée, le Modern express s'échouera sur la côte sableuse du département des Landes entre lundi soir et mardi soir, et sera accompagné par des bâtiments jusqu'au point d'échouage".
Pas de crainte d'une marée noire
Le point d'échouage et l'heure seront précisés "au fil des heures". Des plans anti-pollution Polmar-Mer et Polmar-Terre seront alors déclenchés, en lien avec la préfecture des Landes. Des brèches pourraient se produire dans les soutes à gazole de propulsion du Modern express lors de l'échouage, mais le préfet a assuré qu'il "ne craint pas du tout de marée noire", le cargo ne transportant que 300 tonnes de gazole.
Manque de moyens dans le golfe de Gascogne
Jean-Paul Hellequin, président de l'association Mor Glaz, qui défend l'environnement et la sécurité en mer, réagit lui sur le manque de moyens dans le golfe de Gascogne pour ce type d'intervention. Le remorqueur de haute mer, l'Abeille Bourbon, basé à Brest est en effet le seul bâtiment à pouvoir intervenir.
Le reportage à Brest (29) de Carole Collinet et Chloé Tempéreau

Le reportage à Brest (29) de Carole Collinet et Chloé Tempéreau - Interviews : Le vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira, préfet maritime de l’Atlantique - Jean-Paul Hellequin, président de l'association Mor Glaz
- Le vice-amiral d’escadre Emmanuel de Oliveira, préfet maritime de l’Atlantique
- Jean-Paul Hellequin, président de l'association Mor Glaz
Les échouages de cargos, en France, au cours des dernières années
Le cas du cargo Modern express qui pourrait s'échouer en début de semaine sur les côtes du Golfe de Gascogne sans occasionner de pollution majeure, a connu plusieurs précédents en France au cours des dernières années :- le 5 février 2014: suite à une avarie, le Luno, cargo espagnol de 100 mètres de long, s'échoue à l'embouchure du port de Bayonne (Pyrénées atlantiques), se scindant en trois parties après avoir violemment heurté une digue. 12 marins étaient à bord mais il n'y eut pas de victime. Au cours de l'échouage, quelque 20 tonnes de carburant s'étaient "vraisemblablement" dispersées mais sans causer de pollution majeure. Le démantèlement du Luno, effectué par deux sociétés hollandaises à la demande de l'assureur, avaient eu lieu le mois suivant sur la plage des Cavaliers à Anglet.
- 16 décembre 2011: le cargo TK Bremen (109 mètres), battant pavillon maltais, s'échoue sur la plage d'Erdeven (Morbihan), suscitant une importante couverture médiatique. Ce vraquier avait quitté le port de Lorient alors que la tempête Joachim était déjà annoncée. Le capitaine avait alors décidé en vain de mouiller à l'abri de l'île de Groix avant de s'échouer sur la plage d'Erdeven sans faire de victime et en créant une pollution relativement restreinte. Trop endommagé pour être réparé, il avait été démantelé en janvier sur le lieu du naufrage.
- Le 10 mars 2008: l'Artemis, un cargo néerlandais de 88 mètres, pris dans la tempête, s'échoue sur la grande plage des Sables d'Olonne (Vendée), attirant des foules de curieux. Il avait fallu deux tentatives pour le remettre à flot, ce qui avait été réalisé le 20 mars. Le Bureau d'enquête sur les événements de la mer (BEAmer) avait conclu à "une absence de suivi attentif de la navigation dans des conditions météo difficiles".
- le 31 janvier 2016: le cargo Modern express, roulier de 164 mètres transportant 3.600 tonnes de bois et battant pavillon panaméen, se trouvait à quelque 100 km du Bassin d'Arcachon, après une dérive de 6 jours dans le Golfe de Gascogne. Si un remorquage s'avérait impossible en raison des conditions météo, le cargo, dont l'équipage a été évacué, pourrait s'échouer sur la côte des Landes.