Paris et Londres se sont quittés sans trouver d'accord sur les licences de pêche ce jeudi 4 novembre. Une nouvelle réunion est prévue en début de semaine prochaine. Où en est la situation des pêcheurs bretons ? On fait le point.
Il est urgent d’attendre. L’histoire des licences de pêche dans les eaux britanniques semble sans fin.
Ce jeudi 4 novembre, David Frost, négociateur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, et Clément Beaune, secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes se sont rencontrés à Paris. Sur la table des négociations, les licences de pêche accordées (ou pas) par Londres aux professionnels français pour travailler dans ses eaux territoriales. A l’issue de cette entrevue, les deux parties ont décidé de se revoir en début de semaine prochaine.
Où en est-on ?
Quand le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne le 1er janvier 2021, il a fallu définir de nouvelles règles pour l’accès des bateaux de pêche européens aux eaux britanniques. Trois grandes zones ont été définies.
Dans la zone des 12 à 200 milles (entre 22 km et 370 km) des côtes britanniques, tout va bien.
Cette zone économique exclusive (ZEE) britannique ne pose pas de problème. Les autorisations demandées pour ce domaine de la pêche hauturière, qui se pratique au grand large sur des thoniers de 13 à 33 mètres, ont toutes été obtenues en janvier. Londres a accordé 1 674 autorisations à des navires européens, dont 736 français.
Dans la zone des 6 à 12 milles (entre 11 et 22 km), le verre à moitié plein
Dans cette zone poissonneuse, qui s'étend du sud de la Mer du Nord au Pays de Galles, l'accord européen prévoit un accès garanti aux navires qui s'y rendaient déjà pendant la période de référence 2012-2016. Il leur faut toutefois demander de nouvelles licences à Londres.
43 bateaux bretons ont obtenu l’autorisation, 12 un refus et un navire serait en attente.
Pour l'ensemble de la flotte française, 103 autorisations définitives ont été obtenues. Mais quelque 70 navires attendent toujours une réponse. Ces derniers n'ont aucune autorisation, même provisoire, de pêcher dans cette zone.
De son côté, Londres évoque un nombre inférieur de demandes en attente, distinguant le cas des bateaux récemment mis à l'eau qui ont succédé à des navires qui pêchaient dans la zone antérieurement.
La zone des îles anglo-normandes, terrain miné
Du fait du statut particulier des îles anglo-normandes, leurs habitants n’ont pas participé au référendum sur le Brexit. Pourtant, le sort de leurs eaux territoriales a bien été discuté lors des accords post-Brexit.
Le secteur des îles semi-autonomes de Jersey et Guernesey, toutes proches des côtes françaises, est l'objet des plus âpres discussions. Chaque bateau doit justifier d'au moins onze jours de pêche entre le 1er février 2017 et le 30 janvier 2020.
A Jersey
La France a obtenu du gouvernement de Saint-Hélier 113 autorisations définitives et 49 licences provisoires valables jusqu'au 31 janvier 2022, le temps de fournir les données nécessaires à l'obtention d'une licence permanente.
55 bateaux sont recalés et interdits de pêche dans les eaux de Jersey depuis le 1er novembre.
A l’échelle de la Bretagne,102 navires ont demandé des licences. 43 ont obtenu satisfaction, 27 ont une autorisation provisoire jusqu'au 31 janvier et 32 ont essuyé un refus.
A Guernesey
Seules des licences provisoires ont été accordées à 168 navires et 64 demandes sont en attente. Malgré tout, la situation avec Guernesey est rassurante puisque l’île n’a pas fixé de date butoir et renouvelle chaque mois les licences provisoires. Le gouvernement autonome s'est engagé la semaine dernière à continuer de le faire.
Interdiction de certains ports français aux pêcheurs britanniques
La France brandit également la menace d’interdire aux bateaux britanniques de débarquer leur pêche dans les ports français.
Une situation qui compliquerait leurs exportations vers l’Europe. A titre d’exemple, Jersey exporte à 80% ses tourteaux, bulots ou araignée depuis les ports français.
En Bretagne, seul le port de Brest serait concerné par cette interdiction éventuelle, d’après les déclarations de la ministre de la Mer, Annick Girardin sur RTL le 28 octobre dernier.
Pour les pêcheurs, cette incertitude qui n'en finit pas est insupportable, comme le montre ce reportage à Saint-Brieuc.