Les maires élus au 1er tour installés d'ici le 28 mai : un délai trop court ?

Les conseils municipaux élus au premier tour pourront donc désigner leur maire au plus tard le 28 mai. Pour Pierre Breteau, le président de l'association des maires d'Ille-et-Vilaine c'est techniquement faisable, mais il regrette que la date du deuxième tour ne soit pas encore connue. Entretien.

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Le Premier ministre a annoncé mardi devant les députés que les conseils municipaux élus dès le premier tour devront désigner leur maire et leurs adjoints au plus tard le 28 mai. Ce délai de deux semaines est-il raisonnable ? 

Il fallait bien que cela arrive. Habituellement, après le résulat d'une élection, nous avons cinq jours pour le faire. Donc techniquement, cela est tout à fait faisable. Mais une semaine supplémentaire n'aurait pas été de trop. Vu la situation, nous n'étions pas à quelques jours près.
Je rappelle que nous sommes aussi actuellement dans une phase de transition avec ce déconfinement. Les communes doivent gérer la réouverture des écoles, des services municipaux. 
Si dans certaines communes, il y a une continuité pour les équipes municipales, cela devrait bien se passer. Dans les communes où il y a une alternance politique, ce sera peut être plus compliquée. Notamment si le nouveau maire n'a pas été associé à la gestion quotidienne de la crise. 
 

Habituellement l'installation d'un maire est un moment fort pour la vie politique locale. Crise sanitaire oblige, cette cérémonie doit-elle rester publique ? 

L'ordonnance présentée mercredi 13 mai par le gouvernement laisse le choix au président de séance. En ce qui me concerne à Saint-Grégoire, je ne prendrai aucun risque et je limiterai le nombre de personnes présentes. Je vais privilégier une retransmission en direct via les réseaux sociaux. 
Mais cette ordonnance prévoit aussi de delocaliser les conseils municipaux d'installation notamment dans des écoles ou des salles polyvalentes. La règle c'est de garantir la distanciation sociale soit 4m² entre chaque élu. 

Pour de nombreuses communes il reste un deuxième tour à jouer. La date n'est pas encore connue. Fin juin ou après l'été, avez vous une préférence ? 

Il ya deux lectures possibles.
Soit on décide de se "débarasser" de ce scrutin et on le programme fin juin. Avec le risque de tronquer un débat car le contexte a beaucoup changé depuis mars dernier. 
Soit on reporte au mois de septembre ou à l'automne. En générant un problème pour les intercommunalités et les métropoles. Il y aura pendant plusieurs semaines une sorte d'assemblée provisoire où vont se mélanger des conseillers communautaires élus en 2014 et en 2020. Dommage lorsque que l'on connaît les mesures importantes qui devront être votées notamment sur le plan économique.
 

Comme le demande l'association d'élus "50 millions d'électeurs", faut-il rejouer les deux tours ? Pour elle, la faible participation du 15 mars dernier ne légitime pas le scrutin.

Alors, d'autres élections auraient dû être annulées dans ce cas, par exemple, les élections européennes. C'est de toute façon le Conseil d'État qui devra trancher in fine. 
Hormis dans les communes où les résultats ont été serrés, je ne pense pas que la crise sanitaire a une impact important sur les choix et les équilibres politiques du 15 mars dernier. 
 

Cette crise change-t-elle la manière d'envisager le mandat de maire ? 

Clairement oui. Pour les six années à venir, il va falloir gérer un budget très impacté par cette crise sanitaire. Au moins durant deux ans, il y aura un effet ciseau. Avec d'un côté des recettes à la baisse notamment en ce qui concerne par exemple les loyers, les taxes sur les publicités, les droits de voirie. Et de l'autre, des dépenses à la hausse avec tout récemment l'achat des masques et à l'avenir le soutien à l'économie locale.
De mon côté, j'ai déja un problème concret à gérer. Pour la rentrée prochaine, une nouvelle école devait ouvrir sur ma commune. Le chantier se termine mais nous allons devoir rééquiper chaque classe d'un lavado. Ce qui n'avait pas été envisagé il ya quelques mois. Tout cela aura un surcoût. 
Concernant les candidats au fauteuil de maire, pour le second tour, les programmes vont sans doute évoluer. La concentration urbaine et les transports en commun deviennent des thèmes majeurs après cette crise.


Comment les maires ont-ils vécu cette crise ? 

Ils sont mobilisés et en première ligne depuis le début. Ils ont assuré la cohésion sociale sur leur territoire et ont souvent dû jongler entre des injonctions contradictoires venant de l'Etat. Les préfectures disaient souvent blanc alors que le rectorat ou l'Agence régionale de santé disaient noir. Les maires ont été de formidables courroies de transmission de la réalité du terrain. 

Peut-on en tirer des leçons pour l'avenir ? 

La haute administration centrale a sans doute montré ses limites. Il faudra faire davantage confiance aux collectivités et accentuer la notion de différenciation selon les territoires.
En Bretagne, la Région a été pertinente sur le volet économique. Les départements ont été mobilisés sur la crise dans les Ehpad.
Le couple maire-préfet a montré, quant à lui, une réelle efficacité durant cette crise. Il doit être le socle d'une nouvelle organisation. Un préfet fort et des maires avec davantage de marges de manoeuvres sur le plan local. Voilà mon crédo.

 
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