Affaire Vecchi : condamné par l'Italie, réfugié en Bretagne, le militant altermondialiste revient devant la justice

La cour d'appel d'Angers examine ce vendredi un mandat d'arrêt de la justice italienne visant Vincenzo Vecchi. Le militant altermondialiste s'était réfugié en Bretagne après sa condamnation liée aux émeutes lors du G8 de Gênes en 2001. Après 3 mois de prison à Rennes, il avait été libéré en 2019

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La cour d'appel d'Angers examinera ce vendredi un mandat d'arrêt de la justice italienne visant le militant altermondialiste Vincenzo Vecchi, réfugié en Bretagne après sa condamnation liée aux émeutes en marge du sommet du G8 de Gênes en 2001.
           
Recherché par la police italienne, Vincenzo Vecchi avait été arrêté le 8 août 2019 à Rochefort-en-Terre dans le Morbihan, où il travaillait comme peintre en bâtiment depuis de nombreuses années.
  

Condamné à 12 ans et demi de prison par la justice italienne


En 2009, il avait été condamné à douze ans et demi de prison par la cour d'appel de Gênes "pour complicité de vol avec violence, incendie volontaire, complicité de dévastation et pillage, dommage volontaire et usage d'armes prohibées dans un lieu public" lors du sommet du G8 à Gênes en 2001.
           
Après trois mois de détention à la prison de Rennes-Vezin, il a été libéré le 15 novembre 2019 par la cour d'appel de Rennes, qui a jugé irrégulière "la procédure d'exécution" du mandat d'arrêt européen.

La Cour de cassation a finalement renvoyé l'affaire devant la cour d'appel d'Angers.
           


Le militant italien avait refait sa vie dans le Morbihan


Entretemps, ce fils d'ouvrier, originaire de Bergame (Lombardie) et âgé de 47 ans, a retrouvé un emploi en CDI dans la construction de bâtiments écologiques à Questembert. "Depuis 19 ans que les faits ont eu lieu, c'est quand même une sacrée réussite de réinsertion", sourit Laurence Petit, une des membres les plus actives de son comité de soutien.
           
Car plus d'un an après son arrestation surprise, ses amis de Rochefort-en-Terre, rencontrés pour beaucoup au Café de la Pente, ne désarment pas, multipliant pétitions, réunions de soutien et lettres ouvertes.
           
"On s'est lancé parce que c'est un copain. On a tout disséqué et ça n'a pas été facile. Aujourd'hui, on a la certitude d'avoir raison", explique GianBattista Ferraglio, céramiste italien installé à Rochefort-en-Terre.
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"Pas un enfant de choeur"

           
Les amis de Vincenzo ont ainsi réussi à obtenir copie des photos qui ont conduit à la condamnation de l'ancien bassiste du groupe de rock "Mon coiffeur est mort".
           
Sur certaines photos, il apparaît casqué, un bâton à la main ou essayant (en vain) de mettre le feu à un pneu, décrivent ses soutiens. "Ce n'est pas un enfant de choeur. Lui-même n'a jamais dit qu'il était innocent", reconnaît M. Ferraglio.

Mais, "à aucun moment, on ne le voit jeter quoi que ce soit sur la police ou casser la devanture d'une banque", comme il en a été accusé, assure-t-il.
           
"Ces photos, c'est un élément de contexte" qui sera peut-être présenté aux magistrats angevins, note Me Maxime Tessier, qui défend M. Vecchi avec Me Catherine Glon.
           
Mais l'essentiel du débat devrait porter sur des questions de procédure assez techniques, notamment sur la double incrimination: pour que le mandat d'arrêt européen visant M. Vecchi soit exécuté, les faits qu'il a commis doivent être une infraction à la fois en France et en Italie.
   
        
"Or, l'Italie a réactivé une loi du régime de Mussolini. Il n'y avait pas d'infraction équivalente en France à l'époque des faits", développe Me Tessier, en référence au délit de "dévastation et saccage" introduit en 1930 dans le code pénal italien.
           


"Une peine totalement délirante", selon l'écrivain Eric Vuillard, soutien de Vincenzo Vecchi 



La sévérité de la peine est aussi pointée du doigt par les défenseurs de M. Vecchi. "Il s'agit non seulement d'une peine disproportionnée, mais d'une peine totalement délirante", assène l'écrivain Éric Vuillard, prix Goncourt 2017, qui s'est beaucoup impliqué dans la défense du militant italien.
           
M. Vecchi faisait partie des "dix de Gênes", dix militants condamnés, souvent à des peines très lourdes, pour les affrontements du G8. Membre de la sphère "anarcho-autonome milanaise", il était le dernier des "Black blocs en cavale", selon la terminologie de la justice italienne.
 
Les manifestations contre le sommet avaient été marquées par de nombreuses violences. Celles-ci avaient culminé avec la mort d'un jeune homme, Carlo Giuliani, tué d'une balle dans la tête par un carabinier italien.
           
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné l'Italie à trois reprises pour les actions policières menées en marge du sommet de Gênes, assimilant la violence "incontrôlée" des policiers à des "actes de torture".

 
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